Airbus vole la vedette à Boeing dans la bataille d'Indonésie
En décrochant le plus gros contrat de l'aéronautique en Indonésie, Airbus a percé ce qui constituait jusqu'alors une forteresse Boeing, déclenchant les hostilités dans l'immense archipel en plein boom où jusqu'à 900 avions devront être achetés d'ici à dix ans.
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AFP
Le 25 mars 2013 à 12h51
Modifié 25 mars 2013 à 12h51En décrochant le plus gros contrat de l'aéronautique en Indonésie, Airbus a percé ce qui constituait jusqu'alors une forteresse Boeing, déclenchant les hostilités dans l'immense archipel en plein boom où jusqu'à 900 avions devront être achetés d'ici à dix ans.
Le quatrième pays le plus peuplé de la planète, avec 240 millions d'habitants, était jusqu'à présent la chasse gardée de Boeing. En novembre 2011, le constructeur aéronautique américain avait triomphalement signé à Bali, en présence même du président américain Barack Obama, ce qui était alors le plus gros contrat de l'histoire de l'aéronautique : 230 Boeing 737 achetés pour 22,4 milliards de dollars (17 milliards d'euros) par la compagnie indonésienne Lion Air.
L'Indonésie, une forteresse Boeing
Mais il y a une semaine à Paris, sous les ors de l'Elysée, Airbus volait la vedette, en signant avec la même compagnie à bas prix un contrat encore plus faramineux : 234 A320 au prix catalogue de 18,4 milliards d'euros. « C'est un contrat majeur pour Airbus car l'Indonésie est largement une forteresse Boeing », explique Ravi Madavaram, analyste pour Frost & Sullivan à Kuala Lumpur.
« Je pense que, à partir du moment où Airbus pointe son nez, de plus en plus de compagnies à bas prix vont vouloir un Airbus A320. Ce sera alors difficile pour Boeing de rattraper son retard », estime-t-il. « Lion Air était l'une des dernières compagnies dans la région qui n'avait jamais commandé d'Airbus. Mais nous ne baissons jamais les bras », explique à l'AFP Jean-Francois Laval, vice-président senior pour l'Asie.
« La commande de Lion Air va accroître de manière significative notre présence sur l'important marché indonésien ».
Indonésie : un marché en pleine croissance économique
Avec plus de 17.500 îles saupoudrées sur 5.120 km de distance, l'avion est le moyen de transport évident en Indonésie, et un luxe que de plus en plus d'habitants peuvent dorénavant s'offrir, à mesure qu'une croissance économique galopante (plus de 6% l'an en moyenne) vient grossir les rangs de la classe moyenne.
La première économie d'Asie du Sud-Est est déjà le cinquième marché aérien au monde, derrière les Etats-Unis, la Chine, le Brésil et le Japon, selon l'institut de recherches international « CAPA Centre for aviation ». Le nombre de passagers progresse de près de 20% l'an et devrait atteindre 180 millions d'ici 2021, contre 60 actuellement, selon CAPA.
La marge de croissance est énorme: seuls 6% des Indonésiens ont déjà pris l'avion, rappelle Tengku Burhanuddin, secrétaire général de l'Association nationale des transporteurs. Ainsi, entre 800 et 900 avions devront être commandés dans les dix prochaines années, selon le gouvernement.
L'Indonésie est un marché « important », rappelle Jean-Francois Laval, d'Airbus. L'avionneur européen ne donne pas de prévisions de commandes pour le pays mais il souligne qu'il représente une pièce maîtresse en Asie-Pacifique. La région commandera 9.870 avions dans les vingt ans à venir, pour 1.200 milliards d'euros, soit 35% des livraisons mondiales et 40% du marché en valeur, selon Airbus.
« Trois milliards de personnes vivent en Asie et 300 millions en Amérique. Or l'Amérique a trois fois plus d'avions », soulignait récemment Tony Fernandes, le PDG de la malaisienne AirAsia, première compagnie à bas prix de la région, dans une interview à Bloomberg TV.
« La demande est énorme et la concurrence sera sévère », avertit Brendan Sobie, analyste chez CAPA. Dans ce marché en ébullition, il y a de la place à la fois pour Airbus et pour Boeing, se rassure-t-on chez l'américain, qui prend en exemple Lion Air. « Lion Air a beaucoup d'ambitions et il est impossible qu'un seul avionneur les satisfasse », estime le porte-parole de Boeing, Ken Morton.