L'UE et le Japon lancent de vastes négociations de libre-échange
L'Union européenne et le Japon ont donné lundi le coup d'envoi par téléphone de délicates négociations de libre-échange destinées à doper la croissance atone de ces deux régions économiquement puissantes.
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AFP
Le 25 mars 2013 à 12h29
Modifié 25 mars 2013 à 12h29L'Union européenne et le Japon ont donné lundi le coup d'envoi par téléphone de délicates négociations de libre-échange destinées à doper la croissance atone de ces deux régions économiquement puissantes.
« Une décision formelle de lancer les négociations de libre-échange vient d'être prise lors d'une conversation téléphonique » entre les dirigeants européens et le Premier ministre Shinzo Abe, a déclaré le ministre de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, Toshimitsu Motegi, après une réunion avec le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht.
« Aujourd'hui est un jour historique dans les relations entre le Japon et l'UE », a déclaré M. De Gucht, parlant d'un accord qui devra selon lui être « global » et concerner notamment les barrières douanières et non tarifaires, les marchés publics, ou encore la propriété intellectuelle.
De son côté, M. Motegi a insisté sur le fait qu'ensemble le Japon et l'UE représentaient « environ 30% de l'économie mondiale et 40% du commerce mondial ».
Le lancement de ces négociations, qui démarreront concrètement en avril à Bruxelles, devait se faire en grande pompe à Tokyo, mais, pour cause de crise chypriote, Bruxelles a dû annuler au dernier moment la venue des présidents du Conseil européen et de la Commission européenne, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, qui devaient présider le 21e sommet UE-Japon avec Shinzo Abe.
L'UE estime qu'un accord de libre-échange avec le Japon augmenterait de 0,8% son PIB
Du coup une conversation téléphonique a été organisée à la hâte entre les trois dirigeants pour donner le coup d'envoi du processus. Biens, services, investissements, propriété intellectuelle, commandes publiques, le champ est vaste pour des discussions qui s'annoncent comme longues et difficiles, mais que les deux parties jugent nécessaires pour ne pas prendre du retard sur d'autres régions en croissance dynamique. Car si l'UE et le Japon constituent encore à eux deux pas moins d'un tiers du PIB mondial, leurs économies ont besoin d'un sérieux coup de pouce.
Aux prises avec une grave crise d'endettement qui entraîné austérité budgétaire et récession, l'UE estime qu'un accord de libre-échange avec le Japon augmenterait de 0,8% son produit intérieur brut (PIB). Karel De Gucht a souligné lundi que les exportations du Vieux continent vers l'archipel avaient régulièrement reculé ces dernières années, passant de la troisième place il y a dix ans à la septième aujourd'hui. Mais, a-t-il déploré, « il y a encore trop d'obstacles. Nous sommes confrontés à des règlements discriminatoires, à des normes différentes ou à des restrictions dans les commandes publiques ». Pour lui, la levée de ces barrières dites non tarifaires constituera « la clé des négociations ».
L'UE en a recensé 31, qui peuvent prendre la forme de normes de sécurité et d'homologation dans des secteurs aussi variés que l'automobile, le transport ferroviaire, les médicaments ou l'alimentation.
« Nous devons inclure une clause de révision dans le mandat des négociations. Un an après leur lancement, soit autour d'avril 2014, je ferai le point sur les progrès du Japon dans l'application des feuilles de route sur les barrières non tarifaires (...). Si j'en conclus que les progrès n'ont pas été satisfaisants, les négociations seront suspendues », a-t-il prévenu.
Côté nippon, l'une des priorités sera un accès plus facile au marché européen pour ses produits, notamment dans les secteurs stratégiques de l'automobile et de l'électronique. Le Japon veut également combler son handicap vis-à-vis de la Corée du Sud, qui a déjà conclu un accord de libre-échange avec l'UE (entré en vigueur à l'été 2011) et dont les voitures et smartphones font un malheur sur les marchés européens.
Les constructeurs d'automobile européens risquent toutefois d'être réticents à voir Bruxelles accéder à la demande tokyoïte, car ils estiment avoir été floués par l'accord avec Séoul accusé d'avoir causé une chute de leur part de marché sur le Vieux continent au profit des groupes sud-coréens.
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