La croissance devra être sacrifiée sur le court terme, estime le HCP
La réforme de la Caisse de compensation ainsi qu'une dévaluation progressive semblent inévitables. Ce sont les principales conclusions de la conférence débat organisée mercredi 17 avril par le HCP.
La croissance devra être sacrifiée sur le court terme, estime le HCP
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Mélanie Xuereb
Le 18 avril 2013 à 15h47
Modifié 18 avril 2013 à 15h47La réforme de la Caisse de compensation ainsi qu'une dévaluation progressive semblent inévitables. Ce sont les principales conclusions de la conférence débat organisée mercredi 17 avril par le HCP.
Ahmed Lahlimi Alami et son équipe ont présenté une situation économique alarmante et avancé des pistes de réflexion pour sortir le pays de l’impasse dans laquelle il se trouve actuellement. Ils s’exprimaient dans le cadre d’une conférence-débat s’est tenue ce mercredi 17 avril au siège du Haut Commissariat au Plan sur le thème « les dimensions d’une nouvelle politique économique dans le contexte actuel des déséquilibres macroéconomiques au Maroc ». Selon eux, le pays devra faire des sacrifices à court terme pour retrouver à moyen terme le chemin d’une croissance saine qui ne porte pas en son sein les germes de sa propre destruction.
Quatre problèmes
La situation macroéconomique actuelle se caractérise par :
- L’existence de déficits jumeaux – c’est-à-dire à la fois un déficit budgétaire et un déficit de la balance commerciale – qui sont le résultat de la politique expansionniste menée par le pays. L’offre nationale n’ayant pas suivi, ce sont les importations qui sont venues satisfaire la demande intérieure ;
- Une inflation maîtrisée au prix d’une subvention des importations des produits alimentaires et pétroliers par le système de compensation. Mais la croissance étant soutenue par la demande intérieure, elle-même nourrie par les importations, la facture de compensation devient de plus en plus lourde à supporter, aggravant ainsi le déficit budgétaire ;
- Un amoindrissement des réserves en devises pour financer le déficit commercial. Avant la crise, les réserves étaient constituées par des facteurs exogènes à l’économie, tels que les transferts des marocains travaillant à l’étranger, les recettes issues du tourisme ou encore le produit des privatisations. Mais avec la crise internationale, ces sources d’entrées de devises se sont taries ;
- Une dépendance vis-à-vis des financements extérieurs, le taux de couverture de l’investissement par l’épargne nationale ayant chuté de 107% en 2001 à 90% aujourd’hui.
Le système de compensation a introduit une distorsion sur les prix qui a déstructuré le tissu productif marocain du fait de sa faible compétitivité. Des réformes structurelles s’imposent pour sauver le pays.
Les pistes de réflexion pour l’avenir
L’amélioration passe tout d’abord par une réforme du système de compensation, le besoin de financement qu’il génère n’étant plus soutenable. Mais cette décompensation, si elle est porteuse de croissance à moyen terme, est un mal nécessaire à court terme pour permettre d’infléchir la demande intérieure et ainsi résorber à la fois le déficit budgétaire et le déficit commercial. Une dépréciation du taux de change serait également envisageable pour décourager les importations et encourager l’exportation.
La croissance économique de court terme devra donc être sacrifiée. Il faudra alors mettre en place des mécanismes d’accompagnement pour que le choc soit supportable pour les familles les plus pauvres ainsi que pour les entreprises utilisant massivement les intrants subventionnés, notamment les produits énergétiques.
Parallèlement, des réformes structurelles sont nécessaires à moyen terme pour renforcer la productivité et la compétitivité des entreprises et transformer le tissu productif pour l’adapter aux mutations des structures de l’emploi et aux politiques sectorielles adoptées. La politique de décompensation devrait également permettre d’accroître le rendement de l’investissement et ainsi renforcer son efficacité, qui s’est dégradée ces dernières années.
Une décompensation progressive associée à une amélioration de l’efficacité de l’investissement et une dépréciation progressive du taux de change devrait, selon le HCP, conduire à moyen terme à une croissance plus forte reposant sur des équilibres macroéconomiques plus sains.
Le mot de la fin pour le Haut Commissaire
En guise de conclusion, Ahmed Lahlimi Alami a martelé que des efforts étaient nécessaires, même s’ils seraient difficiles à supporter à court terme, pour restructurer l’économie et relever le niveau de croissance potentielle. Cela permettrait ainsi d’accroitre les volontés d’investissement.
Il a invité les finances publiques à plus de transparence et appelé à la constitution d’un groupe de réflexion pour continuer le débat en précisant que le HCP était prêt à mettre à disposition les données dont il dispose. Avant d’ouvrir le débat, il a également appelé les partenaires au développement à soutenir le Maroc dans ses efforts de réformes.