J’ai connu Abdou Filali-Ansary au milieu des années 90, à travers son essai célèbre, « L’Islam est-il hostile à la laïcité ? ». Dans cet essai qui avait eu un grand retentissement, l’auteur fait (re) découvrir au monde francophone, un penseur égyptien méconnu, Ali Abderrazik, qui avait publié en 1925, «Islam et fondements du pouvoir ». La thèse de Ali Abderrazik, c’est que l’Etat islamique est une construction humaine et que la politique doit être autonome vis-à-vis du religieux. Abdou Filali-Ansary ouvrait ainsi une voie à (ré)explorer, celle des relations entre le politique et le religieux en terre d’islam.

En 2003, il publiera un nouvel essai qui là aussi ouvre des voies: « Réformer l’islam ? Une introduction aux débats contemporains » où il propose une synthèse des courants majeurs qui réfléchissent sur l’islam et sa place dans le monde d’aujourd’hui.

Dans ces deux essais, comme dans ses nombreuses interventions et articles scientifiques, il gardera la posture du savant et celle de l’humaniste, ne versant jamais dans les clichés ou la caricature, ne stigmatisant jamais l’islam ou les musulmans, contrairement à une pratique qui s’est un peu généralisée, ces dernières années.

Je l’ai personnellement connu à la fin des années 90, dans le cadre de l’association qu’il a créée et qui publiait Prologues, la revue maghrébine du livre. Depuis, dans ce cadre, et dans bien d’autres, journalisme ou rencontres scientifiques, j’ai pu apprécier l’homme humble, humaniste, érudit, que je tiens pour l’un des plus brillants penseurs arabes contemporains.

C’est un honneur pour notre portail que de l’accueillir parmi nos contributeurs.

Son premier texte dans Médias 24, est une étude sur la quête de légitimité dans les contextes musulmans, qui sera publiée en quatre parties.