Renault : un salarié se suicide sur le site de Cléon en dénonçant des « pressions »
Un salarié de Renault s'est suicidé dans la nuit de dimanche à lundi sur son lieu de travail à l'usine de Cléon (Seine-Maritime), laissant une lettre dans laquelle il dénonce "pression" et "chantage" de la part du groupe, a-t-on appris auprès de la CGT.
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AFP
Le 24 avril 2013 à 12h17
Modifié 24 avril 2013 à 12h17Un salarié de Renault s'est suicidé dans la nuit de dimanche à lundi sur son lieu de travail à l'usine de Cléon (Seine-Maritime), laissant une lettre dans laquelle il dénonce "pression" et "chantage" de la part du groupe, a-t-on appris auprès de la CGT.
La direction du site a exprimé mercredi à l'AFP « son incompréhension et sa tristesse » à la suite de ce suicide, soulignant « qu'il n'y a aucun mot pour qualifier ce drame », selon une porte-parole, Sophie Chantegay.
Agé de 35 ans et père de deux enfants, le mécanicien, qui travaillait de nuit comme technicien de maintenance, a été retrouvé pendu lundi au petit matin sur le site, a précisé à l'AFP Pascal Le Manach, délégué syndical CGT. Il travaillait à Cléon depuis 2001, selon la direction. « Il a laissé sur place deux lettres, l'une pour sa famille et l'autre à l'attention de la direction, dans laquelle il dénonce les pressions », a dit le syndicaliste. Dans ce second courrier, dont la teneur a d'abord été dévoilée par lemonde.fr, l'ouvrier a écrit : « Merci Renault. Merci ces années de pression, chantage au nuit. Où le droit de grève n'existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l'incertitude de l'avenir sont de bonne guerre, paraît-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos », allusion à Carlos Ghosn, le PDG du groupe.
Le salarié, « excellent ouvrier » et « non-syndiqué », « avait pris activement part aux grèves contre le projet d'accord compétitivité-emploi cet hiver », a relevé M. Le Manach. Selon lui, la direction avait menacé de (façon collective) certains salariés travaillant la nuit de « redescendre en équipe « de jour », avec une perte financière très importante à la clé ». Mme Chantegay a assuré mercredi que le salarié, « un technicien très bien évalué par sa hiérarchie », n'avait « jamais fait l'objet d'aucune sanction pour fait de grève ». Il lui avait même été « confirmé par son chef d'équipe » qu'il pourrait continuer à travailler du nuit, a-t-elle affirmé. « Il n'y a eu aucune alerte. On ne comprend pas » son geste, a ajouté la porte-parole. Une cellule psychologique a été mise en place auprès de ses plus proches collègues et une enquête interne sera diligentée, a-t-elle précisé.
La CGT a demandé la tenue lundi d'un Comité d'hygiène et de sécurité exceptionnelle « pour montrer la responsabilité de Renault dans ce décès », a-t-il dit. La direction a confirmé qu'une telle réunion serait organisée en début de semaine. Le parquet de Rouen, qui a confirmé la découverte de deux lettres, avait de son côté précisé mardi à l'AFP avoir ouvert une enquête en « recherche des causes de la mort » à la suite de ce suicide survenu « sur le lieu de travail et pendant les heures de travail ».
Le site de Renault-Cléon, spécialisé dans la fabrication de moteurs et de boîtes de vitesse, emploie environ 4.000 salariés dans une ambiance qualifiée par la CGT de « plus en plus difficile », notamment depuis la mise en place de l'accord compétitivité-emploi par M. Ghosn.