La pisciculture au Maroc, un secteur mal exploité qui s'impose timidement

En dépit d'une véritable dynamique enclenchée dans le cadre de la pêche maritime qui a été couronnée par la conception et la mise en œuvre d'une nouvelle approche de gestion et d'exploitation durable des ressources halieutiques, la pisciculture au Maroc demeure un secteur mal exploité qui s'impose timidement et ne participe que faiblement à la production des ressources poissonnières.  

La pisciculture au Maroc, un secteur mal exploité qui s'impose timidement

Le 26 avril 2013 à 10h11

Modifié 26 avril 2013 à 10h11

En dépit d'une véritable dynamique enclenchée dans le cadre de la pêche maritime qui a été couronnée par la conception et la mise en œuvre d'une nouvelle approche de gestion et d'exploitation durable des ressources halieutiques, la pisciculture au Maroc demeure un secteur mal exploité qui s'impose timidement et ne participe que faiblement à la production des ressources poissonnières.  

La pisciculture qui souffre encore de distorsions n'a pas su profiter pleinement de la volonté manifestée par le Département des pêches maritimes qui ambitionne le développement d'une aquaculture rentable et responsable, à travers notamment une stratégie qui pallie aux insuffisances techniques, juridiques et administratives.

Le Plan Halieutis, une nouvelle stratégie pour le secteur de la pêche maritime au Maroc, fixe pour objectif notamment la surveillance continue et l'aménagement des ressources piscicoles, le doublement de la consommation individuelle de poisson. Il table également sur une intervention croissante de l'Etat dans ce secteur, sous forme de subventions, de prêts, d'exploitation de navires côtiers.

Il vise également à moderniser les différents segments du secteur et à mettre en place un système de gouvernance sectorielle, permettant un transfert de pouvoir graduel aux régions et au secteur privé, tout en menant un dialogue efficace entre le gouvernement et les professionnels du secteur.

Rabia Souilem, directeur technique de la S.A.R.L de pisciculture «  Asmak Nile » siégée à Béni Mellal, a précisé dans une déclaration à la MAP, en marge de sa participation à la 8e édition du Salon international d'agriculture du Maroc (SIAM), que la pisciculture se veut un secteur vital pour la reproduction des ressources poissonnières menacées.

Depuis sa création en 2007, la société s'est spécialisée dans la reproduction et la commercialisation de certains types de poissons notamment la Tilapia (entre 20 et 30 DH/ kg) destinée aux restaurants, hôtels et grandes surfaces.

La compagnie élève également la carpe chinoise herbivore et argentée (4 DH pour une tranche de près de 6 cm) dont les principales opérations s'effectuent avec les agriculteurs, les golfs et les canaux d'irrigation, explique M. Souilem qui précise que ce type de poisson contribue efficacement au nettoyage des bassins des algues et des phénomènes de trophisation.

« La carpe chinoise argentée est utilisée par l'Office national de l'eau potable (ONEP), notamment en matière de filtration d'eau contre les micro algues », a fait savoir le directeur technique qui précise que l'élevage de ces poissons requiert des conditions climatiques et alimentaires favorables qui respectent les spécificités des pays d'origines des poissons élevés.

« Ce sont des poissons asiatiques qui nécessitent une température élevée, entre 24 et 28 degrés, chose qui s'adapte aux spécificités de la région de Beni Melal. Toutefois ces caractéristiques de mises sont vulnérables aux changements climatiques ce qui implique l'installation de systèmes de chauffage et d'aération et du contrôle des conditions physiques et chimiques ».

Concernant les techniques d'élevage pour ce type de poissons, M. Souilem a souligné la complexité et la difficulté de la démarche entreprise, qui nécessite une haute précision et une expérimentation élevée.

« La société procède à l'extraction du sperme et des œufs, la fécondation externe, l'incubation des œufs avant l'éclosion, et en fin à l'incubation des juvéniles », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, le spécialiste a déploré le manque de formations spécialisées dans le secteur, notant que la promotion de l'activité requiert des pisciculteurs et aquacultures expérimentés qui maitrisent en amont les différentes techniques d'élevage et de production.

En outre, il a mis l'accent sur la lourdeur de la procédure administrative qui risque de freiner la demande d'investissement dans le secteur, en notant la nécessité d'une éventuelle révision à court terme en tant que mesure incitative à l'investissement.

L'expert a, par ailleurs, souligné l'impératif de répondre adéquatement à la demande de poissons sur le marché sans pour autant dégrader les ressources de poissons.

« La pisciculture se veut la seule technique censée préserver la richesse poissonnière nationale. Au niveau mondial, l'élevage de poissons a atteint 50 pc de la production poissonnière, tandis qu'au niveau national nous ne dépassons pas le 1% », a-t-il regretté.

Le Plan Halieutis qui ambitionne de faire de l'aquaculture un moteur de croissance vise à produire 200.000 tonnes à l'horizon 2020, et ce pour un PIB de plus de 2 milliards de DH. Certes, une équation qui demeure difficile à résoudre mais non impossible.
 

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