Ahmed Réda Chami: «La France n’a pas d’autre choix que ce modèle de colocalisation»
Ahmed Réda Chami, ancien ministre de l’Industrie qui a été à l’origine de la dynamique de l’aéronautique et de l’offshoring impulsée par la stratégie numérique 2013, revendique la paternité du terme de colocalisation.
Ahmed Réda Chami: «La France n’a pas d’autre choix que ce modèle de colocalisation»
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Dalal Saddiqi
Le 29 avril 2013 à 18h36
Modifié 29 avril 2013 à 18h36Ahmed Réda Chami, ancien ministre de l’Industrie qui a été à l’origine de la dynamique de l’aéronautique et de l’offshoring impulsée par la stratégie numérique 2013, revendique la paternité du terme de colocalisation.
Après avoir rappelé l’histoire des différentes conquêtes de la méditerranée et des différents empires qui s’y sont succédés, puis en déclarant qu’il « ne peut y avoir de prospérité des différents pays de la méditerranée que si ils avancent ensemble », Ahmed Réda Chami semblait bien parti pour tenir un discours de langue de bois dont on ne lui connait pas l’usage.
Mais une fois les cordialités servies, l’ancien ministre de l’Industrie a adopté un tout autre discours : « La France n’a pas le choix. Puisqu’elle a fait le choix de la mondialisation, elle n’a d’autre choix que ce modèle de colocalisation ». Pour Ahmed Réda Chami, lorsqu’il s’agit de mondialisation, souvent « les amis français oublient que la mondialisation n’est pas qu’un échange de biens et de services ». Il cite d’ailleurs quelques chiffres en exemple pour illustrer ses propos : « En France, lorsque l’on observe les échanges aujourd’hui on a doit être à 88 milliards de dirhams d’échanges entre la France et le Maroc mais ils y a aussi environ 8.5 milliards d’investissements directs à l’étranger en 2011 par les entreprises françaises ». Aussi, pour l’ancien ministre, il est essentiel que ces entreprises puissent toujours avoir cette liberté d’investir au Maroc. En prenant l’exemple du TGV, il explique que lorsque le Maroc prend des TGV de chez Alstom, il crée bien sûr des emplois en France et que quand Alstom vient au Maroc, elle y crée de l’emploi et « C’est ce modèle partagé, que je dirais équilibré, qui devrait continuer à avoir lieu. Et c’est dans ce contexte là que ce modèle de colocalisation vient et prend tout son sens ».
Réda Chami revendique le terme de colocalisation
Toujours à l’attention de « ses amis français », Réda Chami adresse une autre remarque : « Je voudrais au moins revendiquer la paternité du terme de colocalisation car en tant qu’ancien ministre de l’Industrie en charge des investissements à l’étranger j’étais confronté à cette problématique d’aller parler aux entreprises françaises et d’avoir autour cette idée de délocalisation qu’il fallait absolument combattre. Dès lors que l’on parle de co-développement, le message passe mieux alors il fallait traduire ce terme de co-développement par un terme technique qui parlait d’investissement et la colocation s’est imposée comme terme à cette époque là ».
Le meilleur exemple de colocalisation que l'ancien ministre a en tête est une entreprise toulousaine dans l’aéronautique qui allait fermer et qui est venue s’installer au Maroc et a ainsi non seulement conservé ses emplois en France mais aussi créé de nouveaux emplois au Maroc. La leçon de Réda Chami sur ce point est donc que « la colocalisation, si elle ne crée pas de l’emploi directement en France, elle en préserve ; et le Maroc est l’une des solutions au manque de productivité de l’industrie française ».
Attention aux réticences et aux postures politiciennes
Par rapport à ce qu’il a vécu à travers sa carrière de ministre, qui s’est achevée en 2012 et donc très récemment, Réda Chami relève un volontarisme industriel plus important. Il met cependant en garde contre les réticences et les postures parfois politiciennes. « Nous avons eu presque un incendie de forêt avec le gouvernement Fillon quand il s’est agi de rapatrier ou d’imposer de nouvelles règles à l’offshoring français au Maroc. Une posture inacceptable pour le Maroc », insiste-t-il.
Sur un ton plus léger, Réda Chami évoque de journaux français où il est question de traduire Carlos Ghosn, le PDG de Renault, en justice pour sa politique. Il avoue qu’en réponse à ces articles il a envie de leur dire : « si Renault se porte mieux que Peugeot aujourd’hui c’est parce qu’elle a décidé de faire de la production industrielle au Maroc et dans d’autres pays ». Il relativise cependant en notant que ce type de postures, qui amènent de la frilosité aux opérateurs français, commencent à s’estomper.
Réda Chami conclue sur la colocalisation en insistant sur le fait que beaucoup de travail reste à faire par le Maroc parce que pour demander aux entreprises de venir co-localiser il faut être compétitif. Pour cela, l’ancien ministre insiste sur l’amélioration de l’environnement des affaires et l’ambiance sociale, en s’adressant aux syndicats : « ils doivent comprendre que c’est important qu’il y ait une paix sociale au Maroc pour continuer à développer le pays ».