Grèce : 15.000 fonctionnaires en moins avec la restructuration du secteur public

Le parlement grec a adopté dimanche soir une loi sur de nouvelles mesures de rigueur réclamées par la troïka (UE-BCE-FMI) comprenant surtout la restructuration du secteur public et le renvoi de 15.000 fonctionnaires.  

Grèce : 15.000 fonctionnaires en moins avec la restructuration du secteur public

Le 29 avril 2013 à 15h31

Modifié 29 avril 2013 à 15h31

Le parlement grec a adopté dimanche soir une loi sur de nouvelles mesures de rigueur réclamées par la troïka (UE-BCE-FMI) comprenant surtout la restructuration du secteur public et le renvoi de 15.000 fonctionnaires.  

La réduction du nombre des fonctionnaires était une des conditions posées par la troïka pour débloquer une nouvelle tranche de prêts de 8,8 milliards d'euros dont la Grèce a besoin pour payer ses salaires et retraites. Une aide totale de 240 milliards d'aide internationale a été consentie depuis 2010 à ce pays pour lui éviter la banqueroute, en échange de la poursuite des mesures d'austérité.

La nouvelle loi a été adoptée, à l'issue d'un débat houleux à l'assemblée, par 168 voix sur un total de 292 députés présents. 123 députés ont voté contre tandis qu'un député a simplement voté « présent ».

Prévoyant le renvoi d'ici fin 2014 de 15.000 fonctionnaires, dont 4.000 en 2013, une mesure inédite, cette loi ouvre la voie au versement d'une nouvelle tranche de 8,8 milliards d'euros des prêts consentis au pays par l'UE et le FMI, sur un total de 240 milliards d'euros.

Les fonctionnaires censés être renvoyés sont ceux sanctionnés pour corruption ou incompétence, ceux poussés au départ volontaire à la retraite ou les victimes de la suppression de leur poste après la fermeture de dizaines d'organismes publics.

Dimanche soir, une manifestation de 800 personnes, selon la police, a eu lieu à l'appel des syndicats du privé et du public sur la place Syntagma, en bas du parlement, dans le centre d'Athènes.

La confédération des fonctionnaires (Adedy) a dénoncé « les suppressions de postes et la destruction du service public » ainsi que « la procédure d'urgence décidée par le gouvernement » pour le vote de la loi.

Outre la restructuration du secteur public, la loi adoptée qui ne comporte qu'un seul article, une pratique récurrente pour contraindre les députés de voter l'ensemble des dispositions, prévoit l'extension d'un impôt foncier, imposé en 2011, mais en le réduisant de 15%.Il prévoit également l'ouverture à la concurrence de nouvelles professions et des facilités de paiement, néanmoins sous de strictes conditions, pour permettre à l'Etat de récupérer des milliards d'euros d'arriérés d'impôts et de cotisations sociales auprès des ménages ou d'entreprises endettés.

Le principal parti de l'opposition, la Gauche radicale (Syriza), a déposé une motion d'anticonstitutionnalité de la procédure d'urgence, qui a été rejetée par le parlement. Les partis d'opposition ont dénoncé un amendement déposé à « la dernière minute » par M. Stournaras prévoyant la réduction du salaire minimum mensuel à 490 euros contre 580 d'euros actuellement.

La Grèce a effacé en mars 2012 presque un tiers de sa dette souveraine, soit plus de 100 milliards d'euros, générant d'importantes pertes pour les créanciers privés, banques et caisses de retraites comprises, qui détenaient des obligations grecques. Ainsi, hors aide aux banques, et au prix de lourds sacrifices sociaux, l'Etat grec affiche pour 2012 un déficit public réduit à 6% de son PIB, bien loin des 15,8% de 2009, au démarrage de la « crise grecque », et meilleur que son objectif de 6,6% contenu dans le budget de l'Etat.

Et en décembre 2012 lors d'une opération de rachat de dette (buyback), la Grèce a réussi à racheter près de 30 milliards de ses obligations à ses créanciers privés.

Ces deux opérations ont réduit la dette du pays à 156,9% du Produit intérieur brut (PIB) en 2012, contre un pic de 170,3% en 2011, soit 355 milliards d'euros. Mais en 2014, la dette pourrait s'envoler à 190% du PIB, selon les estimations, si rien n'est fait.

Et si on prend en compte l'aide versée par la zone euro et le FMI à ses banques, qui doit, selon les critères d'Eurostat figurer dans les comptes publics, le pays n'a marqué aucun progrès l'an passé, avec un déficit public à 10% du PIB.


 

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