Le malaise de Bouteflika met en avant la question de sa succession
L’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika admis dans un hôpital parisien après un accident vasculaire cérébral, nourrit les spéculations sur sa succession.
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Y.M.
Le 29 avril 2013 à 12h49
Modifié le 29 avril 2013 à 12h49L’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika admis dans un hôpital parisien après un accident vasculaire cérébral, nourrit les spéculations sur sa succession.
Son hospitalisation samedi, ajoutée à la révélation par la presse de scandales de corruption impliquant ses proches, affaiblie ses chances pour un quatrième mandat sur lequel il ne s'est pas encore prononcé. Le président algérien, au pouvoir depuis 1999, a été victime samedi à la mi-journée d'une « ischémie transitoire sans séquelles », un type d'accident vasculaire cérébral présenté comme sans gravité qui a nécessité son transfert en France pour y subir des examens complémentaires à la demande de ses médecins à Alger.
« L'annonce de son malaise -fait inhabituel dans les traditions du régime algérien- est destinée à préparer l'opinion publique à la succession de Bouteflika », a déclaré à l'AFP le politologue Rachid Tlemçani.
Pour ce politologue, ce nouvel ennui de santé de Bouteflika, qui a déjà observé une longue période de convalescence après son hospitalisation fin décembre 2005 à Paris, met de nouveau en avant la question de sa succession à quelques mois de l'expiration de son troisième quinquennat. « Avant son mini-AVC, le président était sûr d'être reconduit pour un quatrième mandat. Ses partisans préparaient même un plébiscite dont le coup d'envoi devait être donné le jour de la finale de la coupe d'Algérie entre le MC Alger et l'USM Alger mercredi à Alger », a estimé M. Tlemçani.
En Algérie, c'est le chef de l'Etat qui remet traditionnellement le trophée au vainqueur. Mais après ce malaise, la donne a changé, estime M. Tlemçani qui évoque d'autres scénarios : si le président Bouteflika achève son mandat et renonce à en briguer un nouveau, l'Algérie va entrer de « plain-pied dans la transition démocratique ». « Dans ce cas-là, c'est une nouvelle problématique qui se pose. Le champ politique sera ouvert pour la première fois dans l'histoire de l'Algérie. Le cabinet noir ne sera plus en mesure de choisir de candidat (du régime). L'armée va se diviser en plusieurs groupes », a-t-il dit.
Lors de son premier mandat en avril 1999, soutenu par l'armée et le Front de libération nationale (FLN, alors ex-parti unique), Bouteflika s'était retrouvé seul en lice, ses six adversaires s'étant retirés convaincus qu'il y aurait des fraudes. M. Bouteflika a été réélu en 2009 grâce à un amendement de la Constitution pour lui permettre un troisième mandat, au grand dam de l'opposition qui a toujours crié à la fraude électorale en mettant en avant le taux de participation officiel très loin de la réalité.
Depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962, l'armée a toujours choisi le président: Ahmed Ben Bella (1962-65), Houari Boumediène (1965-1978) Chadli Bendjedid (1978-1992), Mohamed Boudiaf, ramené de son exil marocain pour être assassiné six mois plus tard en juin 1992, Liamine Zeroual (1994-1999) puis Abdelaziz Bouteflika.
Selon M. Tlemçani, « il n'y aura aucun risque d'instabilité dans le pays (car) les islamistes n'ont plus de poids en Algérie ». « Les choses vont s'accélérer avec un éventuel retrait de Bouteflika. A la prochaine élection présidentielle, personne ne pourra tricher », a-t-il estimé. « Bouteflika peut annoncer qu'il écourte son mandat pour des raisons de santé et convoquer des élections présidentielles anticipées, comme l'a fait Liamine Zeroual en septembre 1998 », a indiqué pour sa part le politologue et ancien officier de l'armée, Ahmed Adimi. M. Adimi s'est dit convaincu que l'âge de M. Bouteflika, 76 ans, et son état de santé fragile ne devraient pas lui permettre de briguer un nouveau mandat en 2014. « S'il décide de rester jusqu'à la fin de son mandat, Bouteflika voudrait peser sur le choix de son successeur. Mais je ne pense pas que les responsables algériens soient prêts à tenir des élections présidentielles dans une totale transparence. Les choses ne sont pas encore claires », a estimé M. Adimi.
Considéré comme le principal artisan de la réconciliation nationale après dix ans de guerre civile en Algérie, qui a fait près de 200.000 morts, le président algérien a dû affronter une contestation menaçante pour son pouvoir, notamment les émeutes contre la vie chère en janvier 2011.L'élection présidentielle est prévue avant une révision de la Constitution dont les contours n'ont pas encore été révélés. Mais l'opposition réclame la limitation du nombre de mandats présidentiels, supprimée en 2008.
(Avec l'AFP)
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Y.M.
Le 29 avril 2013 à 12h49
Modifié 29 avril 2013 à 12h49