La « cocotte-minute » Seb, une sexagénaire entrée dans 70 millions de foyers
La « cocotte-minute », best-seller du groupe Seb vendu à plus de 70 millions d'exemplaires dans le monde depuis sa conception en 1953 et qui engendrera toute une lignée d'appareils électroménagers, fête cette année ses soixante ans.
La « cocotte-minute » Seb, une sexagénaire entrée dans 70 millions de foyers
Partager :
-
Pour ajouter l'article à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecterL'article a été ajouté à vos favoris -
Pour accéder à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecter
AFP
Le 3 mai 2013 à 15h28
Modifié 3 mai 2013 à 15h28La « cocotte-minute », best-seller du groupe Seb vendu à plus de 70 millions d'exemplaires dans le monde depuis sa conception en 1953 et qui engendrera toute une lignée d'appareils électroménagers, fête cette année ses soixante ans.
Dans le village de Selongey (Côte-d'Or), l'usine Seb produit depuis 1953 et toujours selon le même procédé d'emboutissage à froid, le fameux autocuiseur. L'inox, reçu en grosses bobines, est découpé puis passé sous des presses de 350 tonnes, qui forment les quelque 4.000 cuves et couvercles produits chaque jour.
Avec un marteau, une ouvrière teste un à un les fonds des cuves pour vérifier, à l'oreille, l'absence de défaut. Chaque soupape est quant à elle passée sur une machine qui reproduit le sifflotement caractéristique de l'autocuiseur. Emballé avec son livre de recettes, il est ensuite exporté dans quelque 120 pays dans le monde.
L'histoire de la « cocotte-minute » Seb débute quand les frères Lescure, qui ont développé la ferblanterie de leur grand-père Antoine, un remouleur installé à Selongey depuis 1840, adaptent le procédé d'emboutissage aux autocuiseurs.
« La grande innovation était de faire un autocuiseur de sécurité car auparavant, les cuves étaient fondues et en raison d'impuretés dans la matière, il y avait des explosions », a expliqué Marie-Pierre Perdreau, chef de produit international chez Seb.
En 1954, les frères Lescure se voient refuser l'accès du très influent Salon des arts ménagers à Paris. Ils montent alors un mur de cocottes devant l'entrée du salon: le succès est lancé. Commercialisée sous le nom de « Super-cocotte », 130.000 pièces sont écoulées en 1954, puis les ventes atteignent plus de 500.000 en 1960 et plus de 800.000 en 1965.
Dès 1955, l'ustensile devenu « cocotte-minute » est exporté, notamment vers le Moyen-Orient.Après la France, le deuxième marché est le Japon, où le produit est utilisé pour cuire le riz. Selon le groupe Seb, un des secrets du succès de son autocuiseur a été le livre de recettes qui accompagne toujours l'appareil. Très tôt, le groupe s'associe à l'auteur de livres gastronomiques Françoise Bernard, qui collabora avec Seb jusqu'en 1996. « Au départ, on ne trouve que quelques recettes, comme le bœuf bourguignon, qui cuit en une heure au lieu de quatre », a rappelé Mme Perdreau. Si le livre est renouvelé « tous les quatre ans », les incontournables tels que le pot-au-feu y sont conservés mais les plats rustiques sont peu à peu remplacés par des recettes adaptées au goût du jour, avec l'indication des apports nutritionnels. Récemment, une application pour mobiles et tablettes a également été développée.
Si la cocotte a connu plusieurs innovations depuis sa création avec le système d'ouverture facile puis, plus récemment, la possibilité d'y cuisiner des verrines, le modèle originel à étrier est toujours fabriqué. « Il y a toujours un attachement au premier modèle chez certains clients », a estimé Daniel Anota, directeur R&D.
Selon M. Anota, les autocuiseurs font l'objet d'une "innovation continue", afin notamment de pallier ses défauts, comme son poids et son encombrement. Malgré son coût (80 à 230 euros), les ventes restent "stables" depuis trois décennies, selon le groupe.
Après une « rupture de la transmission ces dernières années », « les jeunes achètent de nouveau des autocuiseurs », a déclaré Mme Perdreau, ajoutant qu'avec la crise, « les gens se rééquipent pour éviter d'acheter des plats tout prêts, qui coûtent chers ». Et c'est avec les mêmes recettes qui ont contribué à la réussite de son autocuiseur que Seb popularise actuellement sa friteuse sans huile, commercialisée depuis fin 2006 sous le nom d' « Actifry ». « La cocotte était commercialisée avec un livre de recettes, qui expliquait ce qu'on allait faire avec, d'où le succès. Avec Actifry, c'est pareil. Le consommateur ne veut plus de frites grasses et nous leur offrons une solution mais c'est un produit avec un usage plus large, grâce à des accessoires », a expliqué Philippe Crevoisier, directeur de l'activité cuisson électrique.
A quelques kilomètres de Selongey, à Is-sur-Tille (Côte-d'Or), sont produites près de 1,3 million de friteuses sans huile par an, qui connaissent un engouement notable dans les pays anglosaxons. Le Royaume-Uni et le Canada sont les principaux pays d'exportation. « Nous sommes présents aux Etats-Unis depuis un an, où le démarrage a été difficile car le coût est trois fois plus élevé », qu'une friteuse classique, a souligné M. Crevoisier.
En février, la célèbre animatrice de télévision américaine Oprah Winfrey, à qui la marque avait envoyé son produit mais dont il « n'avait pas de nouvelles », vante les mérites de la nouvelle friteuse sur Twitter.
« Oprah nous a filé un coup de main », s'est félicité M. Crevoisier, relativisant l'effet sur les ventes outre-Atlantique. « Mais c'est le début d'une histoire », a-t-il poursuivi.