Plan solaire marocain : le projet CSP coûterait-il trop cher ?
Un analyste de l’agence Reuters remet en question le choix technologique qui porte le développement du solaire à Ouarzazate.
Plan solaire marocain : le projet CSP coûterait-il trop cher ?
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Hajar Raouf
Le 11 mai 2013 à 9h20
Modifié 11 mai 2013 à 9h20Un analyste de l’agence Reuters remet en question le choix technologique qui porte le développement du solaire à Ouarzazate.
En optant pour la technologie CSP plutôt que le photovoltaïque, le Maroc a-t-il commis une erreur ? Un analyste de l’agence Reuters s’interroge, chiffres à l’appui, car le photovoltaïque produit une électricité moins chère. Voyons les grandes lignes de son analyse.
L’auteur est Gérard Wynn, analyste de marchés chez Reuters. Il cite notamment une étude de l’institut de recherche allemand Fraunhofer. Le Maroc produira une partie de son énergie solaire à des prix plus élevés que des pays pourtant plus riches comme l’Allemagne. Comment cela serait-il possible? L’option pour la technologie CSP (Concentrated Solar Power), choisie pour une partie du solaire marocain, plutôt que le photovoltaïque, est considérée aujourd’hui comme deux fois plus chère que le PV (photovoltaïque) et trois fois plus chère que l’éolien. Car depuis que le Maroc a décidé de miser sur le solaire, en 2009, la technologie a beaucoup progressé et le prix de revient du photovoltaïque est en chute libre. Mais la technologie CSP a été facile à financer, grâce aux pays du Golfe par exemple où elle est en plein développement.
L’analyste cite, à titre de benchmark, des expériences semblables dans des pays développés où le CSP a été remplacé ces trois dernières années par le PV à commencer par le projet solaire dans le désert californien principalement en raison des prix du PV qui ne cessent de baisser grâce une surabondance de l’offre internationale.
Le CSP permet un stockage de l’énergie produite
En termes de technologie, deux différences distinguent la CSP du photovoltaïque. La première: la capacité de stocker l’énergie thermique produite jusqu’à 16 heures. La seconde: l’ajustement de la quantité d’énergie au moment de la consommation.
Ce qui fait l’avantage de l’une fait défaut à l’autre. Le photovoltaïque ne permet pas (encore ?) de stocker l’énergie produite et celle-ci doit être consommée au moment de sa génération. Toutefois, utilisant des semi-conducteurs pour transformer le rayonnement solaire en électricité, le coût d’investissement du PV est vite fait.
Que privilégier alors ? Une technologie plus avancée ou un investissement moins coûteux ?
Wynn affirme que pour le moment la priorité du royaume n’est pas de pouvoir stocker de l’énergie mais plutôt de réduire sa dépendance énergétique et atténuer le déficit commercial. Le Maroc importe près de 95% de ses besoins en énergie.
Une semaine après la signature du contrat EPC entre le saoudien Acwa Power et les espagnols Acciona, Sener et TSK, pionniers du procédé CSP, cette note a fait poser en tout cas de nouvelles questions.
Les ambitions de MASEN à l’horizon 2020 visent à produire 2000 MW d’énergie verte dont 500 MW livrée en 2015. La première phase générerait 160 MW par la CSP d’Ouarzazate et 300 MW au cours des deux phases ultérieures. Par rapport à ces dernières justement, elles incluront en partie la construction d’une tour solaire qui est d’autant plus coûteuse.
Le potentiel solaire de la région est de toute façon bien plus fort que les pays du Nord. Le laboratoire américain des énergies renouvelables (NREL) a mis au point une base de données pour mesurer l’irradiation solaire calculée en unités de kilowattheure par mètre carré et par jour. A titre d’exemple, cet instrument ressort une irradiation directe normale (DNI) de 7.47 pour le Maroc, c’est deux fois plus que l’Allemagne qui dégage un DNI de 3.39. La position du Maroc est nettement plus compétitive. Une partie de cette énergie verte sera par la suite exportée vers l’Europe.
Il est trop tôt pour évaluer ce choix. Mais il faut noter que le plan solaire marocain n’est que partiellement basé sur la technologie CSP. Les programmes à venir, qui seront lancés après celui de Ouarzazate, sont prévus en PV. De plus, le plan marocain est très ambitieux : il ne comporte pas que des centrales ; les dimensions industrielle ainsi que recherche et développement son fondamentales. Or, c'est surtout dans le CSP que le Maroc a des chances de développer une industrie solaire et de réussir une vraie intégration.