Les agrumes, un marché moins juteux cette année à l’export
La campagne 2012/2013 est en baisse de 20% par rapport à l'année précédente en raison des conditions climatiques défavorables. Pour autant, les carottes sont loin d'être cuites…
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Najat Sghyar
Le 28 mai 2013 à 18h54
Modifié 11 avril 2021 à 2h35La campagne 2012/2013 est en baisse de 20% par rapport à l'année précédente en raison des conditions climatiques défavorables. Pour autant, les carottes sont loin d'être cuites…
Depuis octobre dernier, 1,5 million de tonnes d'agrumes ont été produites à travers le royaume, contre 1,8 million de tonnes au cours de la campagne précédente. Ces chiffres, confirmés par la dernière étude du département américain de l'Agriculture publiée le 15 mai, ne sont une surprise pour personne puisque cette filière est particulièrement sensible aux changements climatiques (pour accéder à l'étude complète, cliquez ici).
Le froid inhabituel de janvier et février 2012 suivi des grandes chaleurs de mai et juillet avait déjà provoqué la chute des fleurs, annonciatrice d'une mauvaise cueillette. «A l'époque, nous estimions les pertes à 20% voire 40% selon les régions», nous explique Ahmed Derrab, secrétaire général de l'Association des producteurs d'agrumes du Maroc (Aspam).
Plus encore, la baisse de la production réduit les prévisions à l'export. Si l'Aspam visait les 440.000 tonnes d'agrumes expédiées vers l'étranger, les exportations de cette année ne devraient pas dépasser 380.000 tonnes. Ceci en raison de la préférence qu'ont les agrumiculteurs pour le marché local où ils s'assurent une rentrée de liquidités immédiate. «Le marché national s'est fortement développé en même temps que les habitudes des consommateurs qui s'orientent davantage vers les fruits les plus économiques que sont les agrumes», détaille Ahmed Derrab.
Exportations en berne
Au contraire, le paiement sur le marché international se fait par petites avances (20 à 30%) en attendant la liquidation définitive trois à quatre mois plus tard. Une conjoncture d'autant plus critique pour la production locale que la concurrence internationale s'est accrue au cours de ces dernières décennies.
Si bien que le Maroc a perdu ses marchés européens classiques que sont la France, les pays du Benelux ou encore la Grande Bretagne. Difficile de rivaliser avec les oranges égyptiennes dont les prix défient toute concurrence en raison de la main-d'oeuvre peu chère et les grandes réserves d'eau issues du Nil, ou encore avec les clémentines d'Espagne favorisées par le marché unique européen.
Si le Maroc n'exporte plus que 30% de ses agrumes vers l'Europe, contre 50% il y a une vingtaine d'années, c'est aujourd'hui la Russie qui réceptionne la moitié des agrumes marocains exportés. Là encore, il faut compter avec les agrumes turcs ou pakistanais qui, forts de leur proximité, gagnent du terrain sur le marché russe.
Des chiffres à relativiser
La bonne santé du marché national rassure les agrumiculteurs. Après avoir signé en 2008 un contrat programme avec le gouvernement marocain dans le cadre du Plan Maroc Vert, les professionnels de la filière ont pu bénéficier du soutien financier et technique de l'Etat afin d'étendre la superficie cultivable et renouveler les plantations vieilles ou inadaptées.
Ils visent une production de 2,9 millions de tonnes à l'horizon 2018, un objectif «parfaitement réalisable» selon l'Aspam pour qui les prévisions du contrat programme ont déjà été dépassées grâce à une vaste campagne de sensibilisation auprès des producteurs. «Le vrai challenge sera d'exporter 1,3 million de tonnes en 2018. Pour ce faire, il faudra jouer sur les rendements, c'est-à-dire produire mieux et plus à des prix plus compétitifs», rassure Ahmed Derrab.
S'il relativise la baisse de production, le secrétaire général de l'Aspam regrette toutefois que le Maroc n'ait pas suffisamment planté cette année pour pallier les caprices de la nature.