Entre réformes et déclassement, où va la Bourse de Casablanca ?
Les avis sont partagés au sujet du retrait du Maroc de l’indice MSCI Emergent Markets. Le DG de la Bourse relativise les conséquences éventuelles.
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Hajar Raouf
Le 11 juin 2013 à 10h25
Modifié 11 juin 2013 à 10h25Les avis sont partagés au sujet du retrait du Maroc de l’indice MSCI Emergent Markets. Le DG de la Bourse relativise les conséquences éventuelles.
A quelques heures de la décision du MSCI (Morgan Stanley Capital International) quant au repositionnement du Maroc de l’indice « Emerging Markets » à celui de « Frontier Markets », l’occasion était bien choisie pour dresser un bilan sur la dynamique de la place financière de Casablanca mais surtout de calmer une audience aussi impatiente que tourmentée.
C’est ce qu’ont fait les experts réunis hier soir lors d’une conférence organisée par la Bourse de Casablanca et l’expert international en services financiers Chappuis Halder & Cie, intitulée : Bourse de Casablanca : quelle trajectoire de croissance ? Enjeux, modèles et stratégies de développement.
D’ailleurs, le directeur général de la bourse de Casablanca n’a pas tardé à faire une déclaration des plus rassurantes. Par son mot d’ouverture, Karim Hajji a fait le tour des réformes et des prouesses que le marché boursier marocain a connu depuis 1993, année de la grande réforme du marché des capitaux, avant de s’arrêter sur les rudes difficultés que rencontrent le marché financier marocain principalement affecté par un assèchement de liquidité depuis cinq ans. Raison pour laquelle, il risque sa place parmi les pays émergents au sein du MSCI.
Pourtant, le DG de la BVC a surpris l’audience en énumérant les avantages que pourraient tirer le Maroc par son repositionnement parmi les pays « Frontier Markets ». Selon lui, l’indice MSCI Maroc qui est actuellement constitué de trois valeurs uniquement, à savoir Maroc Telecom, Attijari Wafabank et Addoha, pourrait inclure plus de 10 valeurs dans le nouveau classement ramenant son poids dans tout l’indice (FM) de l’infime 0,095% actuellement en (EM) à 7% voire même 9%. La pondération théorique, toujours selon Karim Hajji, pourrait de sa part atteindre les 270 milliards d’euros. Il ajoute que la principale valeur de l’indice du royaume, Maroc Telecom avoisinerait une capitalisation de l’ordre de 11 milliards de DH devançant par la même une société koweitienne dans le même indice.
Autre nouvelle rassurante, le Maroc a maintenu sa position parmi les pays émergents au sein de l’autre indice international FTSE Secondary Emerging Markets. C’est dire que le royaume gagne toujours la confiance d’autres analystes et investisseurs dans le monde.
La suite de la conférence a porté sur la stratégie de développement du marché boursier. Karim Hajji a fait état des projets en cours de réforme dont :
-l’adoption d’un cadre réglementaire régissant le marché du prêt/emprunt de titres,
-la mise en place d’un marché à terme,
-la création d’une chambre de compensation,
-le changement de la loi relative à la BVC lui allouant plus de flexibilité dans la gestion de ses différents compartiments,
-la diversification des instruments financiers à la disposition des émetteurs et des investisseurs (obligations sécurisées, ETFs, sukuks, fonds immobiliers,…)
-l'amélioration de l’accès des PME au marché des capitaux à travers un compartiment plus adapté à leurs besoins,
-le développement de nouveaux produits d’épargne,
-l’intensification des actions d’éducation financière, et
-le renforcement des infrastructures de marché (acquisition en cours d’une nouvelle plateforme de cotation et de surveillance qui va permettre de coter tous les types d’actifs : en plus des actions et obligations les produits dérivés, les produits à terme sur les devises, et également certaines matières premières)
Du coté des experts de Chappuis Halder, Dominique Brutin ex-directeur général de la Bourse de Paris a rappelé le rôle historique et important que joue la bourse dans le financement de l’économie, la gestion des capitaux et la création de liquidités. Il a également fait état de l’expérience de la fusion entre Euronext et le NYSE, signalant les effets positifs d’une part mais aussi ceux non escomptés d’un tel partenariat. Il estime que dans certains cas, les partenariats peuvent porter préjudice à la forte évolution de l’une des parties. Ce fut également le cas d’Euronext qui a été selon lui : « délibérément abandonné au profit du modèle américain ».
Bruno Lemière, expert bourses & marchés des capitaux a mis en avant les pré-requis pour un système boursier solide dont la transparence, une réglementation boursière claire pour protéger les investisseurs, une stabilité dans les règles fiscales et dans le temps pour rassurer les chefs d’entreprises, une éducation du marché à inculquer aux opérateurs pour la bonne compréhension des marchés financiers, l’accompagnement des institutions « qu’elles soient prêtes à s’engager dans le développement du marché local » et la réorientation des acteurs brokers et des banques vers un business model de marchés financiers.
Enfin, Philippe Planchat, associé chez Chappuis Halder & Cie, a proposé des solutions pour la BVC dont l’instauration d’une intelligence collective, c’est-à-dire « la capacité à s’entendre et à trouver des rôles complémentaires pour arriver à financer l’économie » et de travailler la maturité du marché. Il a également avancé les expériences réussies de pays comme la Suisse et Singapour à titre de benchmark dans la recherche de solutions pour dynamiser les mouvements de flux sur leurs marchés respectifs.
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