Chrafate : une feuille de route pour réussir la ville nouvelle
Des spécialistes se sont réunis pendant trois jours pour dessiner l’avenir de la ville nouvelle qui a commencé à sortir de terre près de Tanger. Chrafate doit intégrer ses habitants ruraux, assimiler les nouveaux venus et devenir une ville à part entière.
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Jamal Amiar
Le 12 juin 2013 à 16h03
Modifié 12 juin 2013 à 16h03Des spécialistes se sont réunis pendant trois jours pour dessiner l’avenir de la ville nouvelle qui a commencé à sortir de terre près de Tanger. Chrafate doit intégrer ses habitants ruraux, assimiler les nouveaux venus et devenir une ville à part entière.
Les intervenants et partenaires du panel international New Médina sur les villes nouvelles, réunis à Tanger pendant 3 jours, ont consacré leur travaux à la définition de la feuille de route du projet de ville nouvelle de Chrafate avec une attention particulière à ses impacts sociaux et économiques.
Chrafate prévue sur une emprise de 790 hectares en plus de deux zones industrielles mitoyennes d’un total de 500 hectares commence à être édifié sur un territoire où dominent l’agriculture vivrière, le commerce informel et l’analphabétisme avec un taux de pauvreté estimé à 27,9% selon des chiffres officiels. La moitié de la population est âgé de moins de 30 ans.
Pour maîtriser l’impact social dans la phase actuelle d’expropriations, de mise en place des premières infrastructures et du lancement des premiers lots d’habitat économique et moyen standing, les programmes d’indemnisation ont été rapidement mis en route ainsi qu’une embauche de nombreux jeunes dans le BTP-Génie civil et le placement en formation dans les métiers de l’automobile et de la logistique.
Intégrer économiquement la nouvelle ville
4 ans après le lancement de Chrafate, des voies sont tracées, des éclairages publics sont en place et le siège d’Al Omrane devrait accueillir son staff actuellement basé à Tanger dans moins de 12 mois. Sur un projet d’une telle ampleur les choses mettent du temps à se mettre en place. 800 hectares, c’est une fois et demi la Tanger Free Zone, ou encore près de 7 fois la superficie de la plus ancienne zone industrielle de Tanger, celle de Moghogha sur la route de Tétouan.
Le projet nécessitera 24 milliards de DH d’investissements au total dont 2,5 milliards de DH uniquement consacrés à l’infrastructure. Les experts parlent d’un projet qui commencera à prendre forme dans une dizaine d’années et qui s’achèvera dans 25 ans. A terme, Chrafate doit abriter 30 000 nouveaux logements et 150 000 habitants. L’une des idées-maîtresses défendue par Jean-Philippe Mignard, coordinateur de l’étude sur les impacts sociaux est aussi d’édifier de bonnes écoles sur le site afin d’encourager les jeunes ménages à s’y installer. «L’atout éducation est primordial» a insisté M. Mignard.
«Car il s’agit, selon les mots de Nabil Benabdellah, de ne pas faire de Charafte uniquement une réponse à la pression pour le logement ; il faut assurer les services et ce qui constitue un lieu de vie ». Pour cela, le ministre a souhaité «une plus grande convergence des politiques nationales et locales, une gouvernance adaptée», sachant que «l’on passe de la gestion d’une commune rurale pauvre à celle d’un pôle urbain.»
L’impact social, c’est aussi intégrer les habitants d’un douar rural. Peut-être dans « les métiers en rapport avec les travaux de parcs, jardins et paysages » a suggéré Rémi Pain de Marne-La-Vallée, près de Paris. Chrafate doit abriter d’importantes coulées vertes. Il existe aussi ces idées présentées par une ONG hollandaise qui développe les activités d’économie artisanale, sociale et solidaire dans les milieux néo-urbains du sud de la Méditerranée.
Les villes deviennent ce que les habitants en font
Selon Mohamed Jallal, directeur d’Al Omrane Chrafate, le développement d’un pôle de formation en énergies renouvelables est parfaitement adapté de par son impact sur l’intégration sociale des jeunes, la formation professionnelle innovante , les choix énergétiques marocains et l’environnement « énergie éolienne » du site. Il s’agit de mettre tout cela en musique parallèlement à une réflexion continue et à une action permanente sur le terrain. La feuille de route économique donne bien sûr une importance première au lien avec le site de Renault-Nissan et aux futures industries de la Tanger Automotive City, mais refuse la fatalité d’une cité qui se construirait autour d’une grande usine. La réflexion porte sur la diversification économique avec un soutien à la création de petites entreprises et la création d’un vrai centre de vie avec son marché, ses commerces, ses loisirs, son parc de jeux, ses cafés, ses équipements sportifs.
La feuille de route est faite de défis et d’objectifs, pas tous prévisibles. D’où cette réflexion de l’ancien président d’EuroMéditerranée (Marseille) Jean-Marie Guénod : «Les villes deviennent ce que les habitants en font, malgré tout ce que les experts ont pensé ou planifié». Le défi, c’est faire passer Chrafate de statut de ville dépendante à celui de ville influente. Une problématique de gouvernance … alors que la loi sur les villes nouvelles se fait attendre.
De «ville dépendante» à «ville influente»
Le défi est naturellement d’éviter les erreurs d’un passé proche. Il faut penser le marketing territorial. Le rôle de la ville nouvelle en tant qu’entité lié à un environnement immédiat, mais aussi à un environnement régional et à l’écosystème Al Omrane qui ne peut pas encore vraiment afficher les projets de Tamesna (Rabat) et de Tamansourt (Marrakech) comme des succès indiscutables. C’est pour cela que le projet de Chrafate est suivi de près ainsi que celui de la Ville verte de Benguérir conduit par l’Office chérifien des phosphates (OCP)et l’Association Rhamna même si les modes de gouvernance sont différents.
Gouvernance, mais aussi «comment ne pas faire de Chrafate une banale ville-dortoir ?» Les écoles prévues y seront-elles meilleures que la moyenne nationale ? Ses centres de formation ? Peut-être en profitera-t-on pour y améliorer la sensibilité aux défis écologiques ? Car, par exemple, la problématique des déchets solides est peu abordée. De même pour les transports, qu’ils soient intra-muros, urbains, ou ceux qui relieront la future cité à la gare, à l’usine Renault, à Ksar Sghir.
Chrafate a innové en organisant de larges concertations locales et en se dotant d’une charte architecturale. Elle est consciente des risques : celui de cité ouvrière, la mono activité économique, la ville-dortoir. En prendre conscience, c’est déjà avoir la moitié des réponses. Maintenant il va s’agir d’impacter positivement ceux qui vont songer à s’y installer. Réaliser que dès l’arrivée de la première famille à Chrafate dans quelques années, il faut qu’eau, électricité, école, sécurité, ramassage des poubelles soient disponibles. C’est à l’ensemble de cette réflexion, celle sur la ville mature et influente que les équipes de New Médina et d’Al Omrane veulent maintenant s’atteler.
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