Jawad Sqalli, manager de haut vol
C’est l’histoire d’un manager, construite sur une grande conviction, des compétences solides, avec une toute petite place laissée au hasard. Médias 24 dresse le portrait de Jawad Sqalli, directeur général d’Aluminium du Maroc, R’bati de naissance et Tangérois de cœur.
Jawad Sqalli, manager de haut vol
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Jamal Amiar
Le 21 juin 2013 à 9h27
Modifié 21 juin 2013 à 9h27C’est l’histoire d’un manager, construite sur une grande conviction, des compétences solides, avec une toute petite place laissée au hasard. Médias 24 dresse le portrait de Jawad Sqalli, directeur général d’Aluminium du Maroc, R’bati de naissance et Tangérois de cœur.
Avant de rejoindre la capitale du nord il y a trente ans, Jawad Sqalli, né Rabat juste avant l’indépendance, a commencé son itinéraire professionnel à Strasbourg, où il obtient son diplôme d’ingénieur en mécanique à l’Ecole nationale supérieure des arts et industries 1980. Après un passage par l’Ecole de l’Armée de l’Air de Marrakech, où il effectue son service civil en qualité d’enseignant de mathématiques et mécanique à l’adresse des futurs officiers, Jawad Sqalli prend rapidement conscience d’une réalité : « Le travail et l’industrie étaient à Casablanca, se souvient-il, mais, déjà en 1982, je ne voulais pas vivre dans la grande métropole ».
Jawad Sqalli met de côté ses appréhensions, et laisse derrière lui famille et amis pour intégrer Aluminium du Maroc (ADM). Direction le Nord du pays. En choisissant Tanger la mythique et la cosmopolite, en réalité une grande bourgade où l’industrie en est à ses balbutiements, l’ingénieur frais émoulu fait un pari risqué.
Il gravit tous les échelons de l’entreprise et devient directeur général en 1999, un an après l’introduction de la société à la Bourse des valeurs de Casablanca. Cela se passait juste avant le boom immobilier des années 2000, mais aussi l’ouverture des frontières et les appréhensions nées de la mondialisation.
Dans le ciel de Tanger
Jawad Sqalli aime son métier, devenu passion au fil des ans. A Tanger, il connaîtra les vraies amitiés. L’homme est discret, affable, disponible, rigoureux, loyal. Pince-sans-rire aussi. Ce qui lui fait dire, l’air faussement candide, que durant les premières années de sa carrière, il travaillait « à mi-temps … douze heures par jours » !
Mais quel est le secret d’un tel déploiement d’énergie ? Outre une activité sportive régulière, peut-être faut-il le chercher dans une autre de ses passions. Avant de quitter le service civil et l’Ecole de l’Air, Jawad Sqalli a appris à piloter. A travers cette expérience, il obtint non seulement une licence de pilote privé et de moniteur de vol, mais aussi, il renforcera son instinct d’homme de rigueur et de discipline. C’est ainsi qu’on le retrouve très vite sur les pistes de l’Aéro-club royal de l’aéroport de Tanger Ibn Battouta. « Si je n’étais pas resté à Aluminium du Maroc, avoue-t-il, j’aurais atterri chez Royal Air Maroc ».
« J’ai choisi l’aluminium »
A Tanger, il trouve son bonheur. A la fin des années 1970, le Groupe El Alami recrute pour Aluminum du Maroc, Jacob Delafon et Industube. Jawad Sqalli se souvient de son premier entretien d’embauche avec leprésident du groupe, Maître Abdelouahed El Alami. Entretien, négociations et visite des trois sites au terme desquels le futur Tangérois s’entend dire : « Vous avez le choix de travailler dans l’une des trois usines ». L’homme choisira quasi instantanément et intuitivement l’aluminium, un matériau qui le fascinera bientôt.
Dans cette société alors pilotée par Pierre Candini, cadre détaché de Péchiney, lauréat des Arts et Métiers, le « disciple » apprend métier : responsabilité, esprit d’équipe, confiance… Autant de valeurs et de repères, configuration idéale pour un jeune qui fait son entrée dans la vie active. Le choix de Jawad Sqalli débouche sur une carrière riche et pleine de satisfactions.
Un effectif multiplié par 10 et un CA multiplié par 17 en 30 ans
Regardons plutôt les chiffres : le bilan est éloquent. Lorsque Jawad Sqalli intègre ADM, l’usine s’étend sur 6.000 m2 et a réalise un chiffre d’affaires d’un peu moins de 40 millions de DH, avec un staff de 50 personnes. Aujourd’hui, ADM s’étend sur 24.000 m2, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 720 millions de DH en 2011, dont 25% à l’export, et emploie 450 personnes. ADM est cotée en bourse, dispose de filiales commerciales et industrielles dont Afric Industries, également cotée en Bourse, et vient d’absorber sa voisine, Industube.
Jawad Sqalli se souvient des challenges industriels et commerciaux qu’il a dû relever, comme si c’était hier. La protection industrielle en vigueur jusqu’en 1986, puis les accords de libre échange avec l’Europe, l’Egypte et la Tunisie, les Emirats arabes unis, tous devenus d’importants exportateurs sur le marché marocain.
Pour faire face à l’agressivité commerciale de ces redoutables concurrents, il fallait sans cesse imaginer, inventer, contrer, persévérer, ne pas céder au découragement. Bien sûr, on a fait des investissements réguliers dans les nouvelles technologies. Mais, comme tient à le souligner notre manager, c’est en misant d’abord sur les ressources humaines et en développant une solide culture d’entreprise que l’on a réussi à surmonter tous les obstacles.
Le secret ? Une équipe solidaire
Jawad Sqalli estime en effet que la culture de son entreprise, solidaire et respectueuse de chacun, a constitué un avantage compétitif sur le marché. « Nous n’étions pas là pour faire de l’industrie brute et sauvage, affirme-t-il. Nous faisions œuvre commune avec toujours en tête notre mission. Nous étions attentifs aux conditions de travail de l’ensemble de nos collaborateurs. Pas de différence entre l’administration et les ateliers ».
Ainsi, il a toujours pris autant de plaisir à partager un vrai ftour de ramadan servi par la société, avec ses collaborateurs, qu’à un repas avec les administrateurs ou les banquiers. Pour lui, le ch’rif, un lieu de prière convenable et digne, ou des aides à l’occasion de Aïd el Adha en faveur de son personnel sont des gestes naturels et évidents, une autre manière d’exprimer sa foi.
« Nous anticipons les attentes de nos collaborateurs, nous ne réagissons pas aux revendications, explique-t-il. C’est pour cela que nos collaborateurs nous font confiance. Ma meilleure réussite est d’avoir construit et fait durer cet esprit solidaire, d’œuvre commune ». Et il ajoute, avec la volonté de souligner la justesse des choix environnementaux d’Aluminium du Maroc : « Dès le départ, nous avons été socialement responsables. Nous sommes attentifs aux économies d’énergie et minimisons nos déchets industriels ».
Cette discussion à bâtons rompus sur sa carrière fait remonter de vieux souvenirs. Des souvenirs qui font mesurer le chemin accompli. Jawad se souvient de son arrivée à Tanger en novembre 1982 ; c’était un automne froid, pluvieux et déprimant. « J’ai failli repartir », avoue-t-il. Le métier le passionne et son adaptation à sa nouvelle vie l’occupe suffisamment pour chasser le spleen. Le printemps viendra.
« Tanger était assez morne à l’époque ; la zone industrielle démarrait. Imaginez, s’amuse-t-il, qu’il n’y avait pas encore un seul feu rouge en ville et que tout le monde connaissait les quatre agents de la circulation postés Place de France, devant Bank Al Maghrib et au rond-point de la mosquée Mohammed V. Tanger comptait alors cinq pharmacies … ».
La suite on la connaît. Aujourd’hui, les profilés d’aluminium sortis de l’usine tangéroise se retrouvent dans les édifices les plus prestigieux du royaume (Twin Center, aéroports, ministères, hôpitaux, gares ferroviaire, banques,…) mais aussi dans les logements sociaux.
D’autres projets ? En 2013 et au-delà, ce sera l’intégration d’Industube dans ADM et le développement de nouvelles gammes de produits. L’aventure n’est pas finie. Jawad Sqalli, tout sauf nombriliste, ne cache pas qu’il partira à la retraite sans doute un jour avec le sentiment de ne pas avoir fait tout ce qu’il aurait aimé faire !
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