Nouveau gouvernement : l’attentisme devient insoutenable
Cinq mois à l’affût de la moindre information relative au remaniement gouvernemental. Une situation qui favorise toutes les spéculations. Un attentisme déjà connu au Maroc, devenu insoutenable tant pour les politiques, les opérateurs que le citoyen. La question qui se pose : à quoi doit-on ce blackout ?
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Imane Azmi
Le 2 octobre 2013 à 11h00
Modifié 2 octobre 2013 à 11h00Cinq mois à l’affût de la moindre information relative au remaniement gouvernemental. Une situation qui favorise toutes les spéculations. Un attentisme déjà connu au Maroc, devenu insoutenable tant pour les politiques, les opérateurs que le citoyen. La question qui se pose : à quoi doit-on ce blackout ?
Du côté des partis de la majorité gouvernementale, la situation n’en est que plus inextricable.
Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS déclare que «cet attentisme est intolérable ». Difficile de croire qu’il ne soit pas dans la confidence.
En tous les cas, le discours de son parti va dans ce sens. Les propos de l’un de ses lieutenants, Karim Taj, responsable du pôle communication au sein du PPS abondent dans la même direction. «Il n’y rien d’officiel. Nous attendons qu’Abdelilah Benkirane prenne contact avec Nabil Benabdellah. Nous savons que les négociations sont terminées. C’est maintenant au chef du Gouvernement de revenir vers les partis de la majorité, le Mouvement Populaire et le Parti du progrès et du socialisme. Notre position au sein du parti est claire. Il faut débloquer la situation le plus tôt possible. L’attentisme qui règne n’apporte rien de positif, que ce soit par rapport à l’opinion publique qu’auprès de nos partenaires étrangers », confie-t-il en substance.
Il poursuit en illustrant ses dires : « le gouvernement vient de prendre la décision relative à l’indexation des prix du carburant. Alors qu’il pouvait la prendre dans le cadre d’une réforme globale comprenant la caisse de compensation et la réforme fiscale. Mais il n’avait pas le choix. Il ne pouvait plus attendre, il devait absolument prendre cette décision ».
Interpellé sur l’état d’esprit des ministres istqlaliens sur le départ, il témoigne : « c’est un autre paradoxe. Les ministres sortants qui demeurent opérationnels. Ils poursuivent la mise en œuvre de leurs stratégies. Des lois sont adoptées et alimentent le circuit législatif. Mais attaquer les grandes réformes nécessite un climat sain ».
Direction l’opposition. Pour le compte du PAM, Mehdi Bensaid, député parlementaire du parti renvoie la balle à Abdelillah Benkirane. Les commentaires : « en tant que parti de l’opposition, nous sommes dans l’attente. Nous espérons que l’annonce se fera avant l’ouverture de la prochaine session parlementaire. Une situation qui nuit au pays aussi bien sur le plan national qu’international ».
Il ne manque pas de souligner par ailleurs : «selon le denier communiqué du RNI, nous savons que la liste des ministres est actuellement entre les mains d’Abdelilah Benkirane. C’est au niveau du PJD que cela bloque. Les instances du parti n’ont pas encore tranché sur certains noms, Benkirane n’arrive pas à satisfaire tout le monde».
Et puis avec une pointe de défaitisme, il se fait docte : «au fait, nous avons l’habitude d’un gouvernement qui n’arrive pas à trancher. Mais, au-delà de l’intérêt pour l’opposition et pour le gouvernement, il en va de l’intérêt de la nation ».
Pour démêler cet imbroglio, vite un expert ! Aziz Chahir, politologue et enseignant Science Po à l’Université internationale de Rabat. D’emblée, il plante le décor : « je ne parlerais pas de paralysie. Si l’on se penche sur l’histoire du Maroc, il existe des antécédents, déjà à l’époque des technocrates du gouvernent de l’alternance, le pays a vécu des situations similaires. Cela est très singulier». Ceci pour le rappel historique.
Quelles sont les explications pour aujourd’hui ? «Il n’y a pas de volonté de la part des partis politiques d’élever le niveau et de se mettre au rythme notamment des conséquences du Printemps Arabe. Cela dénote aussi d’une démission de certains partis politiques qui font dans la politique politicienne», analyse-t-il.
Et d’ajouter: «ce n’est pas l’intérêt général qui prime, mais le clanisme. Résultat des courses : le citoyen marocain est réduit à subir cette mascarade ! Il faut souligner également l’absence de la société civile, qui devrait mettre la pression». Tout le monde en prend pour son grade.
Pour approfondir davantage son argumentation, il s’explique : « je ne suis pas le seul à le relever, à travers des rencontres avec des observateurs tant marocains qu’étrangers, revient toujours le sceau de la confidentialité qui entoure toutes les grandes décisions politiques du pays. Pour revenir au gouvernement Youssoufi, ce dernier avait prêté serment sur le Coran… La constitution du Parti du développement et de la justice, le PJD, avec Abdeslam El Khatib, s’est aussi faite en silence… La création de l’IRCAM également. On concocte une affaire politique et on en informe ensuite le public et les médias ».
En guise de conclusion, il affirme : «je peux attester que c’est un modus operandi, une réelle identité culturelle. Et cela se passe ainsi , c’est une culture qui dure depuis le 19ème siècle. La classe politique se refuse au changement malgré la dynamique insufflée par le nouveau règne. Qu’elle comprenne que la démarche transactionnelle est révolue ! La situation trouve son fondement dans la question de la responsabilité politique, il s’agit d’emprunter la voix institutionnelle ».
Alors, c’est pour quand le gouvernement Benkirane II ?
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Le 2 octobre 2013 à 11h00
Modifié 2 octobre 2013 à 11h00