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Irak: le coup de force de Nouri Al-Maliki

Le très contesté Premier ministre irakien s'accroche au pouvoir en accusant ouvertement le président de violer la Constitution alors que l'armée, déployée lundi en force à Bagdad, reste impuissante face aux jihadistes.  

Irak: le coup de force de Nouri Al-Maliki

Le 11 août 2014 à 13h54

Modifié le 11 août 2014 à 13h54

Le très contesté Premier ministre irakien s'accroche au pouvoir en accusant ouvertement le président de violer la Constitution alors que l'armée, déployée lundi en force à Bagdad, reste impuissante face aux jihadistes.  

Dans une allocution à la télévision dimanche soir, Nouri al-Maliki a accusé Fouad Massoum d'avoir violé la Constitution, notamment en ne confiant pas à un Premier ministre la formation d'un nouveau gouvernement, et annoncé son intention de porter plainte contre lui.

Selon des médias officiels irakiens, la Cour fédérale aurait confirmé que la coalition de l'Etat de droit de M. Maliki était la plus importante du Parlement, et donc qu'il était le mieux placé pour le poste de Premier ministre, la Constitution stipulant que cette charge revient au chef de la première force parlementaire. Mais aucune confirmation officielle n'avait pu être obtenue lundi en milieu de journée, et plusieurs médias ont mis en doute l'authenticité de cette décision.

La charge de M. Maliki a soulevé l'ire des Américains qui l'ont prié de ne pas ajouter une crise politique aux urgences militaire et humanitaire."Nous soutenons fermement le président Massoum (qui) a la responsabilité de garantir la Constitution de l'Irak", a déclaré John Kerry lors d'un déplacement à Sydney, "nous espérons que M. Maliki ne causera pas de problèmes".

D'autant que Washington vient, pour la première fois depuis le retrait de ses troupes du pays fin 2011 de s'impliquer directement en Irak en menant des frappes aériennes contre des positions jihadistes dans le nord. La Cour fédérale avait levé la limitation à deux mandats du poste de Premier ministre, permettant à M. Maliki d'en briguer un troisième aux élections parlementaires du 30 avril.

Alliances mouvantes, allégeances fragiles: depuis ce scrutin le Parlement est devenu le lieu de toutes les tractations pour rester ou arriver au pouvoir. Dans cette bataille, M. Maliki a perdu de précieux alliés, américains ou membres de son propre parti, mais il n'a jamais abandonné, martelant que sa coalition était arrivée en tête, bien que sans majorité claire.

Bagdad quadrillée

Face à cette situation explosive, la capitale était quadrillée lundi par un nombre inhabituel de forces de sécurité, des mesures ressemblant à celles prises en cas d'état d'urgence, selon un haut responsable de la police. Plusieurs grandes artères étaient bouclées, des ponts fermés, et la "zone verte", où sont basées les institutions clés du pays, encore plus protégée que d'ordinaire.

Par ailleurs, une réunion extraordinaire des ambassadeurs des pays de l'UE a été convoquée à Bruxelles pour examiner les moyens de contrecarrer l'avancée des jihadistes de l'Etat islamique (EI) en Irak. Dans sa courte allocution dimanche soir, le Premier ministre a affirmé que le pays faisait face à une "situation dangereuse", et que les "fils de l'Irak" devaient se tenir prêts.

Ces propos résonnent particulièrement alors que l'armée échoue depuis plus de deux mois à défaire les jihadistes qui se sont emparés de pans entiers du territoire sans rencontrer de grande résistance. Dans le Nord, les forces kurdes ont longtemps représenté le seul rempart contre les jihadistes. Réputés pour leur efficacité et leur organisation, les peshmergas ont même profité de la déroute de l'armée pour s'emparer de nouveaux territoires, déclenchant la fureur de M. Maliki.

Mais sous pression financière et plombées par le poids que représente la sécurisation d'un territoire agrandi de 40%, elles même ont dû fuir face à l'Etat islamique (EI). Les jihadistes en ont profité pour s'approcher à une quarantaine de km d'Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien, et s'emparer du barrage de Mossoul, le plus grand du pays.

Appels à l'unité politique

Les difficultés des peshmergas ont largement pesé dans la décision de Washington de mener des frappes aériennes contre les jihadistes. Depuis jeudi, les forces américaines ont mené "avec succès de multiples frappes aériennes, tant avec des avions qu'avec des drones, pour défendre les forces kurdes près d'Erbil", selon des responsables.

Cela a permis aux peshmergas de reprendre l'avantage dans certaines villes. Dimanche, ils "ont libéré Makhmour et Gwer (...) Le soutien aérien américain a aidé", a affirmé un porte-parole des forces kurdes, Halgord Hekmat. Ils ont cependant perdu la ville de Jalawla à 130 km au nord-est de Bagdad après deux jours de combats féroces. La situation humanitaire reste, elle, catastrophique: des centaines de milliers de personnes ont été jetées sur les routes par l'avancée jihadiste. Parmi ces réfugiés, de nombreux chrétiens chassés de Mossoul, deuxième ville du pays tombée début juin aux mains des jihadistes et de la localité chrétienne de Qaraqosh, prise par l'EI la semaine dernière. La minorité kurdophone et non musulmane des Yazidis est également menacée depuis la prise de Sinjar, l'un de ses bastions. Réfugiés dans les arides montagnes environnantes, des milliers de Yazidis tentent de survivre entre la famine et les jihadistes, sous des chaleurs pouvant dépasser les 50°.

La Ligue arabe a accusé lundi les jihadistes de commettre des "crimes contre l'Humanité" en persécutant les Yazidis. Face à cette situation, les Etats-Unis ont largué depuis jeudi soir "plus de 74.000 repas et plus de 56.780 litres d'eau potable" aux populations en détresse, selon le Pentagone. Le Royaume-Uni a également commencé à larguer de l'aide, et la France en a livré.

Mais l'unité politique est un pré-requis pour "mener la bataille contre le terrorisme", a estimé le ministre français des affaires étrangères en visite en Irak dimanche. La communauté internationale implore depuis des semaines les politiciens irakiens de former un gouvernement d'unité nationale. Si Nouri al-Maliki remporte son combat et est nommé pour un 3e mandat, il aura 30 jours pour former un cabinet.

(Avec AFP) 

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