Présidentielles en Algérie: quel meilleur scénario pour l’avenir du pays et ses voisins?
Deux mois avant le scrutin présidentiel qui aura lieu le 18 avril prochain, la question que se posent plusieurs observateurs politiques est de savoir où va l’Algérie ? Selon El Moussaoui El Ajlaoui, expert en géostratégie, le maintien de la paix intérieure et celle de ses voisins sont indissociables de la survie du régime actuel et passe obligatoirement par un 5ème mandat de Abdelaziz Bouteflika en attendant des jours meilleurs.
Présidentielles en Algérie: quel meilleur scénario pour l’avenir du pays et ses voisins?
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Samir El Ouardighi
Le 14 février 2019 à 16h10
Modifié le 11 avril 2021 à 2h39Deux mois avant le scrutin présidentiel qui aura lieu le 18 avril prochain, la question que se posent plusieurs observateurs politiques est de savoir où va l’Algérie ? Selon El Moussaoui El Ajlaoui, expert en géostratégie, le maintien de la paix intérieure et celle de ses voisins sont indissociables de la survie du régime actuel et passe obligatoirement par un 5ème mandat de Abdelaziz Bouteflika en attendant des jours meilleurs.
20 ans après son accession à la tête de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika est le grand favori de la future élection sachant qu’il est le seul candidat des 4 partis au pouvoir (FLN-RND-TAJ-MPA) mais aussi des militaires qui ont toujours été, depuis l’indépendance, les vrais faiseurs de rois en Algérie.
Ainsi, malgré sa maladie invalidante et un 5ème mandat synonyme, partout ailleurs, d’usure du pouvoir, le président sortant a annoncé dans une lettre aux Algériens sa volonté de se présenter au scrutin présidentiel pour s’inscrire dans la continuité.
Bouteflika, diminué mais irremplaçable faute de candidat consensuel
Sollicité par Médias24, El Moussaoui El Ajlaoui, politologue et expert en relations géostratégiques, déclare d’emblée que cette nouvelle candidature d’un homme, même usé par la maladie et le pouvoir, est la meilleure alternative pour la stabilité de l’Algérie mais aussi pour celle de ses voisins comme le Maroc.
"Quoi qu’en disent certains, il n’y a pas d’autre scénario pour préserver la paix intérieure et extérieure de notre voisin de l'Est
"Il faut faire avec, sachant que nous sommes en face d’un système, fonctionnant en circuit fermé, qui a toujours lavé son linge sale en famille (purges sécuritaires et politiques) et qui n’autorisera jamais une ouverture démocratique.
"En adoubant une énième fois Bouteflika, le régime dominé par les militaires joue sa survie car à l’heure actuelle, personne n’est en mesure de le remplacer faute de consensus clanique autour d'une autre personne.
"Malgré une situation ubuesque avec un homme diminué dont personne ne sait s’il est en état de diriger le pays, cette candidature reste le seul scénario viable pour sauvegarder la stabilité en Algérie".
Un système incapable de se régénérer
"La raison est que la Nomenklatura au pouvoir depuis l’indépendance s’est avérée incapable de lui trouver un remplaçant dans un cadre conflictuel où cohabitent deux clans partagés entre l’armée (Ahmed Gaid Salah) et le trio présidentiel (Said Bouteflika et les généraux Tartag et Ben Ali)", explique El Ajlaoui qui se veut pragmatique et réaliste sachant que toute autre éventualité serait "un saut dans l'inconnu qui présenterait des risques".
Selon lui, sans remplaçant consensuel à Bouteflika, existe un fort risque d’éclatement de conflit interne entre les différentes composantes du pouvoir qui serait catastrophique pour tous.
"Il n’y a aucune autre alternative car l’opposition est fragmentée et incapable de s’exprimer de façon audible sur la situation actuelle. De plus, pour bon nombre d'Algériens, l’issue du scrutin est d'ailleurs connue.
Paix sociale contre spectre de la guerre civile
"C’est donc le scénario le plus stable car en cas d’éclatement d'un conflit la perspective d’une nouvelle guerre civile n’est pas à écarter, ce que personne ne souhaite évidemment.
Dans le contexte actuel, il reste donc préférable à toute autre option. En effet, en cas de disparition de Bouteflika, l’Algérie risque d'entrer dans une période d’instabilité et de cycle de violences.
"Dans sa lettre de candidature, le président sortant a promis une modification de la Constitution sans donner plus de détails sur la nature de cette révision.
Sachant qu’il l’avait déjà évoquée lors du précédent scrutin de 2014, il est probable qu’elle concernera la création d’un poste de vice-président.
"Entre les lignes, cette annonce qui serait donc une bonne chose pour remédier à la situation actuelle et éviter la vacance du pouvoir existante depuis l’AVC de Bouteflika en 2013.
"Concernant la candidature du général-major Ali Ghediri, tous les observateurs avisés savent que ce n’est qu’un moyen de pression de Gaid Salah sur le clan présidentiel.
Même si en apparence, le chef d’Etat-major se dit opposé à ce candidat, il l’utilise pour montrer que l’armée a son mot à dire dans ce scrutin".
A la question de savoir pourquoi le peuple algérien se contente de manifester son opposition à un 5ème mandat sur les réseaux sociaux et pas dans la rue, notre interlocuteur pense que les Algériens refusent d'entrer dans une confrontation avec le pouvoir qui pourrait s’avérer violente.
"Ayant vécu 130 ans de colonisation, 30 années de parti unique du FLN, 10 ans de guerre civile et 20 de réconciliation portée par Bouteflika, personne ne peut leur reprocher de ne pas manifester.
"De plus, il ne faut pas oublier que l’argent du pétrole a permis au président sortant de distribuer presque gratuitement des millions de logements et donc de calmer les ardeurs revendicatives de l'opinion. Ce clientélisme d'Etat a permis d’acheter la paix sociale et personne n’a envie de renoncer à son confort".
Un candidat rassurant pour les pays frontaliers ?
En cas d’effondrement du régime actuel, l’expert avance que toute la région sera impactée.
"Avec le Soudan, l’Algérie est le pays qui a le plus de frontières (six) dans le continent africain.
Il y a le Mali et le Niger où la situation n’est pas très stable, la Libye où il n’y a plus d’Etat central, la Tunisie en pleine transition démocratique et bien évidemment le Maroc confronté au dossier du Sahara.
"Ainsi, en cas d’émeutes ou de révolution en Algérie, il n’est pas impossible de voir une très forte pression migratoire à la frontière marocaine.
Cela poserait un grave problème humanitaire au Maroc et aux autres pays frontaliers". Lors des événements libyens en 2011, il faut rappeler que la Tunisie avait reçu un million de réfugiés libyens qui fuyaient la guerre.
"Pour comprendre le système algérien, il faut savoir que depuis 1962, ce régime fonctionne grâce à un savant équilibre entre les élites provenant de trois régions.
La première est le Gharb d’où est issu le clan des présidents (Bouteflika, Ben Bella, Boumedienne …), le deuxième de Kabylie d’où viennent la plupart des ministres (Ouyahia …) et enfin de l’est qui est la région des militaires (Gaid Salah …)".
Concernant le dossier du Sahara, El Ajlaoui avance que le 5ème mandat de Bouteflika est encore une fois préférable à l’arrivée d’un autre candidat (militaire ou pas) qui pourrait jouer les aventuriers ou les apprentis-sorciers.
"Dans l'état actuel des choses, la stagnation ou le statu quo actuel est dans l'intérêt du Maroc sachant qu’un nouveau venu pourrait vouloir se distinguer de son prédécesseur en déclenchant une guerre avec le Maroc ou multiplier les provocations en armant le polisario.
"L’option Bouteflika est donc préférable car il ne faut pas se leurrer, tous les politiciens algériens sont anti-marocains y compris ceux que l’on présente, à tort, comme des modérés (Ali Benflis, Louisa Hannoun …).
"Leur posture n’a jamais changé car le régime algérien s'est toujours donné deux ennemis à savoir le Maroc et la France.
N’ayant pas réussi à créer de nouvelles élites et se renouveler, il continue à tirer sa légitimité en utilisant le mythe de la lutte idéologique contre l’ancien colon et contre son voisin constamment accusé d’avoir des visées expansionnistes.
"Dans le contexte actuel, Bouteflika est le seul scénario qui tienne la route pendant 2 ou 3 ans, le temps de lui trouver un successeur accepté par les différents clans qui s’accrochent au pouvoir", conclut l’expert en géostratégie pour qui la présence de Bouteflika montre qu’il n’y a pas encore de consensus.
Au final, il faudra donc attendre le départ de l’actuel président pour voir s’il y aura un changement d'attitude au niveau de la gouvernance intérieure du pays ou avec son voisin marocain.
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Samir El Ouardighi
Le 14 février 2019 à 16h10
Modifié 11 avril 2021 à 2h39