Témoignages de DRH : comment le pass vaccinal est géré en entreprise
Le chef du gouvernement a appelé à accélérer la vaccination dans le Royaume, et s'est engagé à veiller personnellement à l'avancement de ces campagnes. La communication des administrations publiques à ce sujet a été très ferme, allant même jusqu'à évoquer l’abandon de poste en cas de résistance. Qu’en est-il des entreprises ?
Témoignages de DRH : comment le pass vaccinal est géré en entreprise
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Kenza Khatla
Le 9 février 2022 à 14h30
Modifié 9 février 2022 à 16h26Le chef du gouvernement a appelé à accélérer la vaccination dans le Royaume, et s'est engagé à veiller personnellement à l'avancement de ces campagnes. La communication des administrations publiques à ce sujet a été très ferme, allant même jusqu'à évoquer l’abandon de poste en cas de résistance. Qu’en est-il des entreprises ?
Aziz Akhannouch a tenu, depuis le début de ce mois de février, une série de réunions avec les secrétaires généraux et les directeurs des ressources humaines (DRH) des différents départements ministériels et établissements publics, les parlementaires et les collectivités territoriales pour les inciter à sensibiliser la population sur l’impératif de parachever le schéma vaccinal.
Il a également rencontré les chefs d'entreprises. Lors de sa réunion tenue le 2 février avec la CGEM, le chef du gouvernement a appelé le patronat à généraliser la vaccination chez l’ensemble des salariés, ce qui revient à appliquer plus strictement le pass vaccinal dans les milieux professionnels.
Dans les administrations publiques, la fermeté est de mise. Certains ministères ont donné aux fonctionnaires un délai au-delà duquel ils seront interdits d’accès aux locaux des administrations. Leur absence sera ainsi qualifiée d'abandon volontaire de poste, avec les conséquences qui en découlent.
Dans le secteur privé, la CGEM par le biais de son président a adressé une courrier aux entreprises, les incitant à sensibiliser les collaborateurs à effectuer la troisième dose. Une mesure dont l’application n’est pas garantie, en l’absence d’une formalisation de l'appel à la vaccination qui permettra notamment de protéger les employeurs.
Le défaut de dispositions claires est pour les entreprises, qu'elles soient publiques ou privées, un facteur d’insécurité juridique. Sachant que cette formalisation n’a pas encore eu lieu à ce jour, comment les différents DRH des entreprises interagissent-ils avec l’appel des autorités et de la CGEM à la généralisation de la vaccination ? Témoignages de trois DRH sollicités par Médias24.
Les différentes mesures mises en place par les entreprises
"Depuis le début de la pandémie, nous avons toujours appliqué tout ce qui est officiel, que ce soit par rapport aux mesures de distanciation, port de masque et autres. Nous avons toujours été très regardants là-dessus", nous fait savoir le DRH d'une banque de la place.
"Actuellement, nous incitons les collaborateurs à se faire vacciner, mais nous sommes toujours confrontés à des exceptions. Nous exigeons ainsi des personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner pour des soucis de santé, la présentation d'un certificat les exemptant de la vaccination. Il s’agit d’un document délivré par les autorités compétentes, après étude des dossiers médicaux des personnes concernées", explique notre source.
À la suite du récent appel des autorités à encourager l'administration de la 3e dose, "nous avons d’abord recensé tous les collaborateurs, pour lister ceux disposant de pass vaccinal, d’autorisation exemptant de la vaccination et les non-vaccinés, pour inciter ces derniers à effectuer leur vaccin", poursuit-elle.
"Pour ce qui est des cas exceptionnels qui ne peuvent pas se faire vacciner, un suivi de près est réalisé par le corps d’assistance sociale et les médecins du travail. Pour les employés réticents, nous essayons, à l'aide du médecin du travail, de comprendre l’origine du blocage pour les sensibiliser. Parfois il s’agit de maladies dont ils ne veulent pas nous parler en tant que DRH."
Par ailleurs, "des facilités sont données à tous les employés qui désirent se faire vacciner, en leur accordant notamment la journée".
Un autre DRH d'une entreprise opérant dans le secteur des solutions industrielles, nous indique pour sa part avoir eu le support "des autorités pour organiser le transport des employés vers les centres de vaccination depuis le début de la pandémie. Les centres nous réservent par exemple une heure le matin et une heure l’après-midi, de façon à acheminer deux autocars d’une trentaine de personnes par jour".
"Nous demandons aux employés de se faire vacciner de manière volontaire. On leur explique également qu’il s’agit d’un traitement de faveur, et qu’ils ne vont pas faire la queue par exemple. Pour les deux premières doses, nous sommes arrivés à un taux de couverture de 96% au sein de la société", assure notre interlocuteur.
Davantage de réticence pour la troisième dose
Ce dernier assure que "pour la 3e dose, il y a plus de réticence". "Nous avons toutefois un service médical ainsi qu’une infirmière, qui sensibilisent les employés de manière très simple. La réponse est lente, mais il n’y a pas de blocage systématique. Les employés sont juste plus réticents par rapport aux premières doses. Ainsi, au lieu d’avoir un ou deux autocars par jour, nous en avons un par semaine qui achemine les gens vers un centre de vaccination pour effectuer la 3e dose", confie-t-il.
Samir Errachidi, membre de l’Association des gestionnaires et formateurs des ressources humaines (AGEF), nous indique également que différentes mesures sont mises en place par les entreprises pour accélérer la vaccination de leurs employés.
Dans certaines sociétés, "un comité risque sanitaire a été mis en place depuis l’apparition du Covid au Maroc. Ce comité se réunit régulièrement pour discuter de la manière de développer les actions sanitaires et comment sensibiliser les gens par rapport à la pandémie. Après chaque réunion, un ensemble d’actions sont mises en place. Lorsque la vaccination a démarré au Maroc, les différentes sociétés ont continué sur la sensibilisation à son importance".
Après le récent appel de la CGEM concernant la 3e dose, "des comités de direction dans certaines entreprises se sont réunis pour étudier la situation vaccinale des salariés", le but étant de recenser ceux qui ne sont pas vaccinés, et ceux qui ont la 1re et la 2e dose.
Pour accélérer la vaccination, les entreprises peuvent procéder de différentes manières, notamment en "coordonnant avec les autorités compétentes ou les délégations de santé pour avoir une unité mobile de vaccination au sein de leurs locaux, ou encore en mobilisant le transport du personnel pour les transporter au centre de vaccination le plus proche".
"Les entreprises ont également recours aux partenaires sociaux. La question de la vaccination est discutée avec les syndicats qui se chargent, de leur côté, de sensibiliser les employés".
Pas d’obligation, la vaccination reste volontaire
Nos trois sources nous confient toutefois que leurs sociétés n’obligent pas les employés à se faire vacciner. Elles optent plutôt pour la sensibilisation, tout en sachant qu’elles seront toujours confrontées à la résistance de certains.
"L’idée n’est jamais de faire pression sur les employés", nous fait savoir l'une de nos sources. "Cela passe plutôt par des discussions. L’infirmière de la société est une personne qui parle le même langage que les opérateurs industriels, et qui les conseille. C’est une approche qui prend plus de temps."
Pour les personnes refusant de se faire vacciner, "aucune mesure drastique n'est prise à leur encontre. Nous n’avons pas opté pour l’arrêt total du travail car cela ne sert à rien, dans notre cas, la majorité de nos employés étant des intérimaires. Il n’y a donc pas d’arrêt total de travail, et je ne pense pas que ce soit une bonne mesure", conclut-il.
Même son de cloche auprès de Samir Errachidi. "On ne peut pas imposer la vaccination puisque l’État ne se prononce pas clairement dans ce sens." Et d'ajouter, "dans son discours tenu la semaine dernière à la CGEM, le chef du gouvernement a essayé d’inciter les employeurs à obliger d’une manière indirecte les employés à aller se faire vacciner, mais dans la loi il n’y a rien qui protège l’employeur".
"L’employeur n’a pas le pouvoir d’interdire l’accès à la société à défaut de présentation d’un pass vaccinal. Dans le Code du travail marocain, il n’y a rien qui protège ou oblige l’employeur à imposer cette mesure. On reste donc dans la sensibilisation", conclut-il.
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