Zakia Driouich : “La durabilité de 95% des pêcheries à valeur commerciale est assurée”
Dans cet entretien accordé à Médias24, la secrétaire générale du département de la Pêche maritime, Zakia Driouich, décrypte les réussites et les axes d’amélioration du secteur halieutique au Maroc.
Zakia Driouich : “La durabilité de 95% des pêcheries à valeur commerciale est assurée”
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Chady Chaabi
Le 4 février 2023 à 9h28
Modifié 4 février 2023 à 9h30Dans cet entretien accordé à Médias24, la secrétaire générale du département de la Pêche maritime, Zakia Driouich, décrypte les réussites et les axes d’amélioration du secteur halieutique au Maroc.
Durabilité, performance et compétitivité sont les piliers de la Stratégie de développement et de compétitivité du secteur halieutique, dite “Halieutis”, mise en place en 2009 par le Maroc. Plus de dix ans après son lancement, cette stratégie a permis d’augmenter la production halieutique pour atteindre 1,56 million de tonnes en 2022.
S’agissant de la valeur des exportations des produits de la mer, elle s’élevait à 28 MMDH en 2022. En marge du Salon Halieutis, qui se tient du 1er au 5 février à Agadir, la secrétaire générale du département de la Pêche maritime, Zakia Driouich, fait le point sur les résultats du plan Halieutis.
Médias24 : Plus de dix après son lancement, quel bilan faites-vous de la stratégie Halieutis aujourd’hui ?
Zakia Driouich : Le bilan est positif. Les exportations ont connu un saut qualitatif, passant de 10 MMDH en 2009 à 28 MMDH en 2022. Ces résultats ont été atteints grâce aux outils mis en place dans le cadre de cette stratégie Halieutis, dont le renforcement des moyens de recherches scientifiques.
Nous avons à ce titre récemment acquis un nouveau navire océanographique d’un montant de 500 MDH, afin de renforcer nos moyens de recherche qui nous ont permis d’instaurer une vingtaine de plans d’aménagement de pêcheries en vue d'assurer la durabilité de 95% des pêcheries à valeur commerciale du Maroc.
-Comment comptez-vous poursuivre sur cette lancée ?
-Après avoir instauré les bases d’une pêche durable et productive via la stratégie Halieutis, il s’agit désormais de développer certaines activités comme l’aquaculture, qui a été identifiée comme un moteur de croissance. Ces dix dernières années, nous avons mis en place les fondements de ce secteur, en créant l’Agence nationale pour le développement de l’aquaculture (ANDA) et en instaurant un cadre législatif.
Nous avons également mené une étude du littoral et classé les zones de pêcheries. Le processus de classement d’une zone de pêcherie dure un an. Celui de l’acceptabilité environnementale dure deux ans. Une fois ces processus terminés, nous avons lancé des appels à manifestation d’intérêt pour attirer des investissements dans le domaine aquacole.
-Plusieurs opérateurs du secteur insistent sur la difficulté de trouver des zones protégées des tempêtes sur la façade Atlantique, un aspect pénalisant pour le développement de l’aquaculture...
-Il est vrai qu’au départ, beaucoup de personnes étaient sceptiques, car il fallait délimiter des zones protégées pour le développement de l’aquaculture. Mais nous avons misé sur des espèces conformes aux caractéristiques de nos littoraux (salinité, mouvements de la houle), à l’image de Dakhla où l’algoculture se développe de façon exponentielle. Au Nord également.
Nous développons actuellement des naissains essentiels au lancement d’une activité aquacole. Jusqu’à présent, ils étaient importés. Mais aujourd’hui, une écloserie de palourdes a vu le jour à Dakhla et une seconde installation pilote a été créée par l’Institut national de recherche halieutique. De nouvelles écloseries privées seront lancées prochainement dans le Nord.
Nous avons équipé tous les navires de pêche qui opèrent dans les eaux marocaines d’un système de surveillance des navires (VMS). -Les mauvaises pratiques de pêche pénalisent le secteur halieutique. Estimez-vous que les moyens de contrôles actuels sont efficaces ?
-Nous avons équipé tous les navires de pêche qui opèrent dans les eaux marocaines d’un système de surveillance des navires (VMS). Le signal émis par le VMS est également envoyé par le département de la Pêche à la Marine royale, à la Gendarmerie royale et au Commandement de la Zone Sud.
Ce système nous permet de surveiller et de contrôler les bateaux, qu’ils soient marocains ou étrangers, via notre centre de surveillance à Rabat. Le SVM coûtait 80 MDH annuellement. Mais en comptant l’acquisition de logiciels, nous avons atteint 180 MDH. Nous sommes en passe d’installer un nouveau logiciel encore plus performant.
En cas de violations des zones interdites à la pêche ou des dispositions du repos biologique, nous appliquons l’arsenal juridique y afférent, via des sanctions pécuniaires édictées par la loi et qui peuvent aller de 5.000 DH à 1 million de DH. Ces amendes ne sont pas fréquentes. Mais nous avons récemment sanctionné un bateau par deux fois à cause d’un filet non conforme (2 MDH). Ce système est dissuasif pour le moment.
-La faible maîtrise de la chaîne de froid est-elle toujours un facteur limitant la performance ?
-Nous avons éliminé la vente en vrac et les caisses en bois. Car l’utilisation des caisses en plastique impose l’utilisation de la glace. Plusieurs fabriques de glaces ont été installées, dont une quinzaine au niveau des villages de pêcheurs (VDP).
La construction de nouveaux marchés de gros de poisson a également contribué à l’amélioration de la chaîne de froid. Nous sommes passés de deux à dix marchés de gros depuis le lancement de la stratégie Halieutis.
-Quid de l’insuffisance d’approvisionnement des unités industrielles ?
-La problématique d’approvisionnement réside dans le manque de régularité des quantités débarquées. Elle peut être résolue par l’investissement des opérateurs privés dans des unités tampons permettant de constituer un stock, afin de poursuivre la production les jours de mauvais temps par exemple.
-La création de la valeur ajoutée localement est-elle défavorisée par le débarquement dans les ports étrangers des captures des flottes étrangères, qui pêchent sous pavillon marocain ?
-Les accords de pêche avec l’Union européenne sont très clairs sur le sujet. Il faut qu’il y ait un pourcentage de débarquement obligatoire dans les ports marocains. Il est en moyenne de 25% selon les espèces de poissons et leurs valeurs. D’ailleurs, certains bateaux qui pêchent en frais au lieu de pêcher en congelé, destinent 100% de leurs prises aux conserveries marocaines.
Pour le mois de Ramadan, nous allons mettre à disposition du consommateur du poisson congelé à des prix intéressants.
-La faible consommation nationale des produits de la mer (près de 13 kg/hab/an contre une moyenne mondiale de 22 kg/hab/an) est-elle un inconvénient ou un avantage ?
-C’est plutôt un avantage, car les côtes marocaines recèlent beaucoup de poissons sauvages qui ont une grande valeur à l’export. C’est pour cela que le prix de ces poissons est élevé au niveau national. Cela dit, nous essayons d’encourager la consommation nationale.
Pour le mois de Ramadan, nous allons mettre à disposition du consommateur du poisson congelé à des prix intéressants. Des merlans à 25 ou 30 DH le kilo par exemple. Un poisson de très bonne qualité, pêché et congelé instantanément à bord.
-La problématique des rejets de pêche est-elle insoluble ?
-Les rejets de pêche sont dus à un manque de prise de conscience des armateurs. Mais ces dernières années, nous avons observé une mutation chez les professionnels du secteur. Afin d’accélérer cette mutation, nous travaillons sur la mise en place d’un cadre législatif pour réduire cette mauvaise pratique.
-La Norvège a instauré une politique zéro rejet en demandant aux pêcheurs de débarquer l’ensemble de leurs prises. Est-ce un modèle adaptable au Maroc ?
-Il faudra étudier les risques inhérents à une telle politique. Car dans ce cas, on prend le risque de ne plus pouvoir contrôler le respect des plans d’aménagement de pêcheries. Il faut que l’on soit sûrs que les prises supplémentaires ne représentent que 0,5 ou 1% du total des apports.
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Chady Chaabi
Le 4 février 2023 à 9h28
Modifié 4 février 2023 à 9h30