Inclusion financière : les recettes de la Reine Máxima pour le Maroc
L’événement ouvert à la presse a permis aux deux personnalités de faire le point sur le niveau d’inclusion financière au Maroc, tout en en identifiant les principaux obstacles. Les solutions et les principaux leviers à activer ont occupé une large partie de l’exposé de la Reine Máxima, qui s’est prêtée à l’exercice des questions-réponses avec les représentants de la presse nationale.
"Le Maroc, que je félicite, a fait beaucoup d’efforts pour renforcer l’inclusion financière. Pour preuve, le taux de la population adulte ayant accès aux services financiers formels est passé de 29% en 2017 à 44% en 2021. Toutefois, ce chiffre doit atteindre 100%", a déclaré la Reine, mandataire spéciale du secrétaire général de l’ONU depuis 2009.
Le cash corse l’équation
L’une des grosses épines dans le pied de l’inclusion financière est l’utilisation du cash. Un moyen de paiement plébiscité au niveau national pour les transactions, mais difficilement traçable dans le cadre des contrôles contre le blanchiment d’argent et la lutte contre le financement du terrorisme. De nombreux salariés du secteur privé – un acteur incontournable de l’inclusion financière – sont rémunérés en cash à la fin du mois.
"Il y a énormément de cash qui circule dans notre pays", a admis Abdellatif Jouahri. "75% des consommateurs utilisent de l’argent liquide pour leurs transactions. Ces personnes ne perçoivent pas encore les multiples avantages du paiement digital, démocratisé par le mobile banking", a souligné la Reine Máxima, qui a visité une quarantaine de pays dans le cadre de sa mission onusienne.
Le parti-pris de la Reine pour le paiement digital est justifié par le fait que ce moyen de paiement sécurisé peut faciliter l’accès au crédit, à l’épargne et aux produits d’assurances. Dans l’optique de renforcer l’inclusion financière au niveau national, la mandataire spéciale des Nations unies recommande, entre autres, la digitalisation des paiements de l’Etat, mais aussi celles des allocations sociales et de l’assurance santé.
Dans le même ordre d’idées, Jouahri a saisi cette occasion pour demander à la Reine Máxima des Pays-Bas de plaider la cause du paiement mobile auprès des autorités marocaines. "Pour l’heure, il existe près de 8 millions de M-Wallet au Maroc, mais ils sont très peu utilisés. La distribution des aides de l’Etat via le mobile banking est une bonne solution", a martelé Abdellatif Jouahri, admettant toutefois que cette pratique n’a pas rencontré le succès escompté en raison de la frilosité des commerçants, acteurs majeurs de l’écosystème.
Par ailleurs, le mobile banking est cité comme un accélérateur de l’inclusion financière des agriculteurs et des femmes. Au Maroc, le gap entre les hommes ayant accès aux services financiers (56% en 2021) et les femmes incluses financièrement (33% en 2021), est conséquent.
Faire plus de place aux fintech
La Reine Máxima a également plaidé en faveur des fintech, mettant en avant leur capacité à innover. Selon elle, ces acteurs innovants constituent une partie de la solution en matière d’inclusion financière, notamment pour les femmes et le monde rural.
"Il faut donner plus d’espace aux fintech. Les banques et les opérateurs télécoms doivent travailler ensemble", a recommandé l’hôte de Jouahri. Au sujet des fintech, recensées par le guichet unique de Bank Al-Maghrib au nombre de 70, le wali a joué la carte de la franchise. "Des efforts sont déployés à notre niveau et par la CDG [Caisse de dépôt et de gestion, ndlr] pour promouvoir les fintech, mais les banques considèrent ces acteurs comme de potentiels concurrents", a concédé, en substance, le gouverneur de la Banque centrale. Au final, le sujet de l’inclusion financière et celui des fintech auront droit au chapitre dans le prochain Plan stratégique de la Banque centrale, qui sera implémenté à partir de 2024.
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