Marchés de gros. Zoom sur le statut particulier des mandataires
La fonction de mandataire au marché de gros de fruits et légumes a évolué ces dernières années, au point que son maintien est incertain. Focus sur cette pratique qui date des années soixante, mais dont l’avenir s’écrit en pointillé.

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C. C.
Le 25 mai 2023 à 11h46
Modifié 25 mai 2023 à 11h46La fonction de mandataire au marché de gros de fruits et légumes a évolué ces dernières années, au point que son maintien est incertain. Focus sur cette pratique qui date des années soixante, mais dont l’avenir s’écrit en pointillé.
Par le passé, les mandataires étaient une pièce maîtresse dans le bon fonctionnement des marchés de gros de fruits et légumes. Désormais, leur rôle est secondaire. Ils sont d’ailleurs pointés du doigt pour un statut privilégié au regard des tâches qu'ils accomplissent.
La fonction de mandataire a été instaurée dans les années soixante, au niveau des marchés de gros de fruits et légumes, mais aussi dans les halles de poisson, comme l’indique le Dahir n° 1-62-008 du 2 ramadan 1381 (7 février 1962) relatif à l'attribution des charges de mandataires des marchés de gros des communes urbaines.
D’après le Bulletin officiel, datant du 15 septembre 2022, 374 mandataires exercent sur l’ensemble du territoire national, grâce à des agréments, renouvelables tous les trois ans. Le marché de gros de fruits et légumes de Casablanca en compte une quarantaine, à raison de deux mandataires par carreau.
À Casablanca, la moitié d’entre eux sont issus de familles d’anciens résistants. "Les autres ont été désignés par une commission présidée par le gouverneur. Ils sont choisis selon leur ancienneté et l’expérience accumulée en tant que commerçants", explique à Médias24 une source sûre.
"Aujourd’hui, les mandataires sont chargés de relever la taxe dont le taux est fixé à 7% du prix brut de la vente en gros des fruits et légumes ou de poisson", indique Hassan El Hassar, chef de division des Affaires économiques et du développement local à la préfecture des arrondissements Moulay Rachid.
Une fonction secondaire
Du temps où les agriculteurs acheminaient leur production jusqu’au marché, les mandataires étaient essentiels dans le fonctionnement des marchés de gros. "L’Etat a confié la commercialisation de cette marchandise aux mandataires. Chaque mandataire a un espace où il vend les produits en lieu et place de l’agriculteur. Il est également chargé de surveiller la marchandise", explique un expert.
Une fois la marchandise cédée, le mandataire remet la recette aux agriculteurs, moins le montant de la redevance qui est fixée à 7% sur le montant brut des ventes en gros. Une partie de ce pourcentage est destinée au mandataire, tandis qu’il doit en reverser la majorité à la commune.
À Casablanca, la répartition de cette redevance est de 6% pour la commune et 1% pour le mandataire. Dans d’autres villes comme à Kénitra, ce dernier perçoit 2% et la commune 5%. Néanmoins, ces dernières années, les agriculteurs ne se rendent plus dans les marchés de gros.
Ils ont été remplacés par des commerçants qui n’ont plus besoin d'être accompagnés ou soutenus par des mandataires. Ces commerçants vendent directement leurs marchandises sans passer par les mandataires. "Actuellement, le rôle des mandataires se résume uniquement à la collecte de la redevance qu’ils versent à la commune", affirme Hassan El Hassar.
Un statut sans avenir ?
Le décalage actuel entre les services rendus et la redevance obtenue constitue l’un des griefs qui pèsent sur cette profession. Dans un avis publié dans le Bulletin officiel du 15 septembre 2022, le Conseil économique, social et environnemental, préconise la suppression de la fonction de mandataire, dans le cadre du schéma directeur national proposé.
Toutefois, la suppression de l’agrément ou même son renouvellement n’est pas une mince affaire. La particularité des mandataires constitue un frein pour le moment, en particulier s’agissant d'anciens combattants qui ont servi leur pays.
À Casablanca, la moitié des agréments de mandataires ont été accordés à d’anciens combattants. "Certains d’entre eux sont décédés et ce sont leurs ayants droit qui ont hérité des agréments”, affirme Hassan El Hassar.
De plus, les mandataires sont souvent issus de milieux défavorisés. Il est difficilement concevable de les priver d’une manne financière sur laquelle ils comptent énormément, eux et leurs familles, sans leur offrir d'alternative. C’est justement l’une des priorités dans le cadre de la réforme des marchés de gros.
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Modifié 25 mai 2023 à 11h46