Le Tchad : dernier allié sahélien de la France ? (2/5)
Les coups d’Etat qui ont secoué plusieurs pays du continent africain depuis 2020 n’ont pas tous été hostiles aux intérêts français. Certains ont même été salués par l’Élysée, aux dépens des règles du jeu démocratique, fussent-elles de façade.
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Amine Belghazi
Le 14 janvier 2024 à 16h27
Modifié le 14 février 2024 à 11h09Les coups d’Etat qui ont secoué plusieurs pays du continent africain depuis 2020 n’ont pas tous été hostiles aux intérêts français. Certains ont même été salués par l’Élysée, aux dépens des règles du jeu démocratique, fussent-elles de façade.
C’est sur le théâtre des opérations tchadien que l’ancien militaire et président tchadien Idriss Déby est mort. Blessé par balle suite à l’offensive menée par le Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) le 10 avril 2021 dans la province du Kanem, située dans la partie Ouest du pays, le président tchadien succombera des suites de ses blessures le 20 avril de la même année, mettant fin à 30 années de pouvoir sans partage.
Son fils, Mahamat Idriss Déby s’empare aussitôt du pouvoir à la suite d’un coup d’Etat, ordonnant, dans la foulée, la dissolution du parlement et du gouvernement tchadiens. Autoproclamé, président de la transition pour une période de 18 mois, le délai sera prolongé en octobre 2022 pour une période de deux ans. Raison invoquée : la nécessité d’un dialogue de réconciliation nationale.
Le successeur d’Idriss Déby organise un référendum constitutionnel le 17 décembre 2023. Votée à plus de 85% pour, cette nouvelle constitution qui s’inspire grandement de la constitution tchadienne de 1996, accorde plus de droits civils et politiques aux citoyens tchadiens. D’autres amendements, dont la baisse de l’âge minimum légal des candidats de 40 à 35 ans, permettent au président de la transition, âgé actuellement de 39 ans, de présenter sa candidature aux prochaines élections présidentielles prévues en 2024.
Le clan Déby, un partenaire-médiateur
Sur la scène géopolitique en revanche, aucun changement notable. Le Tchad de Mahamat Idriss Déby reste un allié privilégié de la diplomatie française dans la région, comme en témoigne l’approbation par Emmanuel Macron du coup d'État organisé par Mahamat Déby. Le président français était d’ailleurs présent aux obsèques du maréchal Idriss Déby.
Cette proximité s’est renforcée depuis, malgré les tensions entre la France et les gouvernements des autres pays sahéliens. Il aurait été, en effet, très difficile d’évacuer les contingents de militaires français stationnés au Niger, après la fin de l’opération Barkhane, sans l’appui et le soutien du gouvernement tchadien qui a mis à disposition son territoire comme base arrière de l’armée française.
Malgré cette relation avec l’Etat français, Mahamat Idriss Déby est perçu, par ses voisins sahéliens, comme l’un des rares interlocuteurs audibles dans la région. En effet, les relations de courtoisie et de bon voisinage entre le Tchad et le Niger font de Mahamat Idriss Déby le parfait négociateur entre les militaires putschistes d’une part et la France et les Etats de la CEDEAO de l’autre.
Le Tchad reste donc, selon toute vraisemblance, le dernier allié de la France au Sahel malgré des tensions politiques internes perceptibles et une autorité fragilisée par une opposition de plus en plus critique du revirement autoritaire du clan Déby.
Le processus démocratique enclenché ?
Pour l'heure, dans une tentative d'apaisement, et dès le 1er janvier 2024 - date d’entrée en vigueur de la nouvelle constitution, la primature du gouvernement de transition a été remise au principal opposant politique de la dynastie Déby, le fondateur du parti “Les Transformateurs” et économiste, Succès Masra. Ce dernier aura la lourde tâche d’organiser la tenue des élections présidentielles prévues en fin d’année.
En tout état de cause, dans un camp comme dans l’autre, aucun ne manifeste de volonté de changement dans les rapports entre le Tchad et la France. En effet, répondant à une question sur son appréciation de la présence militaire française au Sahel en février 2022, Succès Masra avait répondu : “la question sécuritaire est avant tout le problème des Africains. Nous ne devons pas sous-traiter la question sécuritaire, mais nous ne pouvons refuser l’aide de nos partenaires s’ils s’appuient sur des gouvernements qui ont reçu l'onction populaire”.
Une démocratisation de la vie politique au Tchad risque de nuire aux intérêts économiques et géostratégiques français. Cette influence, jusque-là protégée par la puissante dynastie Déby, aux manettes depuis plus de trois décennies, pourrait se retrouver un jour discutée ou contestée dans le débat public tchadien.
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Modifié 14 février 2024 à 11h09