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Voici les principales conclusions du chef de la mission du FMI au Maroc après les récentes consultations (vidéo)

| Le 21/2/2024 à 16:56
Après deux semaines de consultations dans le Royaume, le chef de mission du FMI au Maroc, Roberto Cardarelli, livre sa lecture des perspectives macroéconomiques. Il annonce que le versement de la première tranche de la facilité pour la résilience et la durabilité (FSR) sera discuté le mois prochain. Une accélération des réformes structurelles est nécessaire pour doper la croissance.

Le 21 février, le Fonds monétaire international (FMI) a organisé une conférence de presse en Visio à l’issue de l’achèvement de sa mission annuelle au titre de l’article IV. Son chef de mission au Maroc, Roberto Cardarelli, est revenu sur la situation économique du Maroc et a évoqué différents points sur les aspects macroéconomiques.

L’institution internationale a indiqué qu’elle publierait un rapport sur le contexte macroéconomique à la fin du mois de mars. Cette conférence fournit les observations préliminaires de l’analyse macroéconomique.

Durant la présentation, le chef de mission du FMI au Maroc est revenu sur l’évolution de la dette, la position budgétaire du Royaume, la ligne de crédit modulable (LCM) et l’inflation. Il a notamment informé que le déblocage de la première tranche des 1,3 milliard de dollars accordés au Maroc dans le cadre de la facilité pour la résilience et la durabilité (FSR) sera discuté en mars prochain par le conseil d’administration du FMI.

Voici quelques citations de son intervention.

Une résilience économique toujours de mise

"Nous continuons à être impressionnés par la résilience de l’économie marocaine malgré une année difficile, marquée par la sécheresse et la baisse de la récolte agricole. Il y a eu le séisme au mois de septembre, où la croissance a ralenti. Nous avons également observé un ralentissement de la croissance au sein de l’Union européenne, partenaire important du Maroc. Cependant, la croissance s’est accélérée en 2023 à environ 3%, contre un peu plus de 1% en 2022. Elle a été tirée au cours du premier semestre par l’export, et pendant le second semestre par la demande interne. Nous anticipons la continuité de la croissance cette année autour de 3,5%, surtout que l’investissement va s’accélérer au vu des plans d’infrastructures dans les secteurs de l’eau, dans le cadre de la Coupe du monde 2030 et la mise en œuvre continue des réformes structurelles. Cela sera positif pour la consommation et l’investissement".

"Compte tenu des besoins de dépenses en termes de protection sociale, des besoins de résorption de la problématique de la rareté de l’eau, la réduction de la dette publique progressive qui est envisagée est tout à fait appropriée. Les réformes sont coûteuses, mais nous pensons que le rythme de réduction de la dette est confortable. La viabilité de la dette publique n’est pas une préoccupation pour nous, même si cette dernière a augmenté depuis le choc du Covid. Il s’agit surtout de la dette en dirhams à long terme. La moyenne d’échéance de la dette a augmenté ; cette dernière est tout à fait viable, même s’il est important de réduire la dette et de reconstituer l’espace budgétaire pour faire face aux chocs qui vont se produire à l’avenir".

L’inflation devrait se stabiliser à 2% dans les années à venir, le PIB attendu à 3,5% à moyen terme

"L’inflation commence à ralentir de façon conséquente. La position extérieure s’est renforcée, le déficit du compte courant s’est considérablement rétréci et les réserves de changes se maintiennent à des niveaux confortables. Donc, in fine, ce sont de bonnes nouvelles pour aller de l’avant dans une situation qui demeure difficile au niveau international".

"La Banque centrale a fourni un excellent travail pour gérer les chocs des prix des matières premières et l’inflation. La hausse des taux d’intérêts opérée par Bank Al-Maghrib (BAM) a permis d’envoyer le signal qu’elle était prête à agir. Les anticipations inflationnistes ont baissé l’an dernier ; nous pensons que tout changement de taux d’intérêt doit être basé sur les données de l’inflation. Nous nous attendons à ce que cette dernière diminue à 2% dans les années à venir".

"L’inflation a reculé. Pour ce qui est de savoir si elle se fixera à 2% au cours des prochaines années, le Maroc ne pratique pas encore le ciblage de l’inflation, ce qui veut dire que BAM a de la souplesse. Elle peut décider de cibler 2% ou pas. Ce n’est pas une cible explicite. Elle a déjà fait un bon travail et a envoyé de bons signaux l’an dernier avec la hausse des taux d’intérêts. Il y a eu des chocs qui se sont amenuisés, comme celui sur l’approvisionnement".

"L’inflation baissière signifie également qu’il est temps que la Banque centrale reprenne le projet de régime de politique monétaire qui cible l’inflation. Cela donnera plus de marge de manœuvre pour un taux de change afin de fluctuer et d’absorber les chocs dans l’économie".

"Concernant la position budgétaire, nous sommes d’accords avec la ministre des Finances. La politique budgétaire a montré une réduction du déficit budgétaire d’environ 1 point par rapport à 2022. Le cadre budgétaire à moyen terme publié l’an dernier envisage une réduction graduelle du déficit de 4,4% du PIB à 3,3% du PIB en 2026".

Satisfecit des grandes réformes menées

"Une réforme structurelle très importante est la généralisation de la protection sociale. Cela doit progressivement remplacer les subventions, notamment du gaz butane. Les subventions bénéficiaient à beaucoup de personnes qui n’avaient pas besoin de ce soutien. Le ciblage joue ce rôle de repérer ceux qui ont vraiment besoin de soutien, en particulier via la mise en œuvre d’un registre social unifié (RSU). Le soutien de l’État atteindra ceux qui ont vraiment besoin de l’aide".

"La réforme de la TVA a également été très appropriée. Elle augmente la neutralité, réduit le nombre de taux et a permis d’élargir l’assiette fiscale. Il y a encore d’autres mesures qui pourront être prises à l’avenir pour réduire le déficit et reconstituer la marge de manœuvre budgétaire pour faire face aux chocs futurs qui se produiront très probablement, car c’est de plus en plus récurrent. Il est important que lorsque ces chocs arrivent, le gouvernement ait de la marge pour agir, comme cela a été le cas durant la pandémie en 2020. Il est important d’élargir l’assiette fiscale, il faut rationaliser les dépenses".

"Il est nécessaire de voir une politique du marché du travail plus efficace et qui vise à aider les personnes qui perdent leur emploi pour leur permettre d’en trouver un nouveau. A long terme, la création d’emplois dépend du renforcement du secteur privé. Certaines réformes vont dans le bon sens, comme la réforme des entreprises publiques, l’introduction et l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI de l’investissement. Il faut également aider les petites entreprises dans leurs développements et leur faciliter l’accès aux crédits, aux subventions et aux capitaux".

"Concernant le marché secondaire des créances en souffrance, c’est une bonne idée. Nous avons progressé dans ce sens ; il y a plusieurs dimensions budgétaires et techniques. Nous ne sommes pas loin de lancer le projet très rapidement. Il s’agit d’une contribution bien réfléchie".

"La Banque centrale a annoncé son souhait de transiter vers un régime de ciblage de l’inflation avec un taux de change flottant sans rattachement à une autre monnaie. C’est une réforme complexe, elle est fondamentale, beaucoup de choses doivent s’agencer. Il faut modéliser la trajectoire de l’inflation d’ici deux ans, il faut des outils pour prévoir cela".

Le renouvellement de la LCM sera décidé l’an prochain sur demande, première tranche de la FSR décidée en mars

"Concernant la LCM, il s’agit d’une ligne de crédit de deux ans. Nous verrons si elle sera reconduite en avril 2025, car elle a été approuvée en avril 2023. Les autorités nous diront si elles souhaitent la reconduire et le conseil d’administration du FMI décidera ou non de sa reconduction".

"Concernant la FSR, approuvé en octobre dernier, il y a 16 mesures de mises en œuvre pour débloquer les fonds attachés au programme en trois tranches. La première maintenant, la seconde en octobre et la dernière en février 2025. Il y avait cinq mesures pour cette année ; nous sommes en discussion avec les autorités pour savoir si elles ont été mises en œuvre. Fin mars, nous nous rendrons au conseil d’administration et il sera décidé, ou non, du décaissement lié à ces cinq mesures. Il s’agit d’un montant de 1,3 milliard de dollars divisé par 16."

Le communiqué de fin de mission de consultations du FMI

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