Alertes sanitaires : les produits agricoles européens plus concernés que les produits marocains ?
Attaqués en Europe sur fond de non-conformité, les produits agricoles marocains font l’objet d’alertes sanitaires largement reprises par la presse européenne. Pourtant, les chiffres montrent que les pays européens sont beaucoup plus concernés par les notifications sanitaires.
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Basma Khirchi
Le 14 mars 2024 à 12h51
Modifié 14 mars 2024 à 12h58Attaqués en Europe sur fond de non-conformité, les produits agricoles marocains font l’objet d’alertes sanitaires largement reprises par la presse européenne. Pourtant, les chiffres montrent que les pays européens sont beaucoup plus concernés par les notifications sanitaires.
La moindre alerte sanitaire concernant un produit marocain en Europe donne lieu à une médiatisation large, voire massive. Le ton va jusqu'à la dramatisation. Pourtant, il s'agit à chaque fois d'un lot de produits agricoles, et non pas de tous les produits agricoles marocains exportés. Après vérification, nous constatons que le nombre d'alertes concernant des produits européens sont beaucoup plus nombreuses, et qu'elles ne donnent pas lieu au même battage médiatique.
L’incident le plus récent sur un produit marocain remonte à la semaine dernière. Une alerte sanitaire du Rapid Alert System for Food and Feed (RASFF), le système d’alerte qui signale les problèmes relatifs aux produits agroalimentaires dans l’Union européenne, a été déclenchée suite à une notification émise par l’Espagne concernant la détection de la présence du virus de l’hépatite A dans des fraises importées du Maroc.
Une enquête a été ouverte immédiatement par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). Les investigations menées par ses services n’ont pas révélé de traces ni de l’hépatite A, ni du norovirus. Aucune contamination des eaux souterraines n’a été détectée. De plus, les employés de l’exploitation concernée sont soumis à un contrôle strict pour garantir la sécurité sanitaire.
Voici une revue des alertes relatives au norovirus et à l’hépatite A émises par le RASFF entre 2020 et 2024 à l'égard de produits européens.
Alertes norovirus : 105 notifications depuis 2020 pour la France
En 2024, la France a fait l’objet de 14 alertes relatives au norovirus dans les catégories mollusques bivalves et produits dérivés, crustacés et produits à base de crustacés, poisson et produits à base de poisson. En somme, la France a cumulé 105 alertes depuis 2020.
Entre 2020 et 2024, l’Italie a fait l’objet de 13 alertes norovirus liées aux mollusques bivalves et produits dérivés et aux fruits et légumes. Neuf alertes ont été émises par le RASFF portant détection de norovirus dans des mollusques bivalves et des fruits et légumes espagnols. A titre d’exemple, en 2023, une alerte avait été émise sur la laitue espagnole contaminée au norovirus.
Le Portugal et l’Irlande ont été concernés par quatre alertes RASFF (mollusques bivalves et produits dérivés), tandis que la Serbie a fait l’objet de trois alertes entre 2020 et 2024 ; période durant laquelle le Maroc n’a connu que deux alertes norovirus qui ont concerné la catégorie fruits et légumes.
Notons également qu’entre 2020 et 2024, des alertes relatives à l’hépatite A ont concerné, outre le Maroc, la Belgique, la Bulgarie, la Pologne, l’Italie et l’Espagne. Chacun de ces pays a fait l’objet d’une alerte relative à l’hépatite A durant les quatre dernières années. Ces alertes se rapportaient aux catégories suivantes : fruits et légumes, myrtilles congelées, mollusques bivalves et produits dérivés.
Sur les 10 pays les plus notifiés, 6 sont de l’Union européenne
Les produits agricoles européens ne seraient-ils pas plus contaminés que les produits marocains ? C’est une hypothèse à laquelle semblent adhérer des médias espagnols.
En 2023, le Maroc a fait l’objet de 42 alertes sanitaires, lit-on sur la carte interactive conçue par le site d’information Newtral sur la base des données du RASFF. Un chiffre largement inférieur à ce qui a été enregistré dans certains pays européens, comme l’Espagne, avec 203 alertes sanitaires, et la France, avec 253 alertes au cours de la même année.
"Le Maroc ne figure pas dans le top 10 des pays les plus notifiés l’année dernière. Pis, l’Espagne se retrouve dans une mauvaise position par rapport au pays africain [le Maroc]. Une plus grande quantité d’aliments contaminés a été signalée dans notre pays", écrit pour sa part le journal espagnol Vozpópuli.
Les pays dont les produits alimentaires ont fait le plus l’objet d’alertes sanitaires RASFF en 2023 sont la Turquie, l’Inde, la Pologne, la Chine, la France, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Égypte, les États-Unis, l’Italie et l’Ukraine, explique à Vozpópuli l’Organisation espagnole des consommateurs et des utilisateurs (OCU), qui a collecté les données fournies par le RASFF. Six de ces dix pays sont membres de l’Union européenne.
"Nous ne disposons pas de données pour pouvoir affirmer que ce qui se trouve à l’intérieur de l’Union européenne est plus sûr que ce qui est importé. Mais ce qui est clair, c’est que les règles en Europe sont plus strictes que celles de nombreux pays tiers d’où nous importons, ce qui représente déjà une garantie pour les citoyens de l’UE. S’il y a vraiment un manque de contrôle aux frontières, cela signifie simplement que nous devons accroître les contrôles. Nous devons travailler avec les producteurs des pays tiers pour réduire l’utilisation de produits phytosanitaires", conclut l’OCU.
Un plan de contrôle et de surveillance réalisé "chaque année"
Dans un échange avec Médias24, Khadija Arif, cheffe de division du contrôle des produits végétaux et d’origine végétale à l’ONSSA, explique que l’Office met en œuvre chaque année un plan de contrôle et de surveillance des produits agricoles, dont les fruits rouges destinés au marché national ou à l’exportation.
"Ce plan consiste à effectuer des prélèvements d’échantillons de fruits rouges à tous les niveaux, à partir de la production primaire au champ, pour des analyses en laboratoires dans l’objectif de vérifier leur conformité, selon le cas, en matière de résidus de pesticides, de contaminants, de critères microbiologiques (hépatite A, norovirus, salmonelles, listéria…)", précise Khadija Arif.
"En cas de non-conformité, les services de contrôle de l’ONSSA prennent les mesures réglementaires qui s’imposent, notamment la destruction des produits reconnus non conformes, la transmission de procès-verbaux d’infraction au parquet, le rappel des produits reconnus non conformes et le renforcement du contrôle des produits et établissements concernés", nous explique-t-elle encore.
Le contrôle sanitaire et de conformité des produits végétaux et d’origine végétale se fait aussi bien au niveau du marché local (exploitations agricoles, marchés de gros, grandes surfaces, unités de conditionnement et de stockage) qu’au niveau de l’importation et de l’exportation.
"Le contrôle sanitaire et de conformité des produits végétaux et d’origine végétale est effectué par les inspecteurs de l’ONSSA sur le marché local. Il a lieu lors des visites sanitaires régulières et des visites d’inspection pour vérifier la mise en place des mesures préventives d’hygiène et de salubrité prévues par les dispositions réglementaires. Ils vérifient également le système d’autocontrôle mis en place par les établissements pour réduire la contamination microbiologique, dans le cadre des plans de contrôle et de surveillance de recherche microbiologique, de contaminants et de résidus de pesticides. Enfin, le contrôle est aussi fait au niveau des points de vente par les commissions mixtes préfectorales, elles-mêmes sous la présidence des walis et gouverneurs", conclut Khadija Arif.
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