La sanction pécuniaire de Maroc Telecom anticipée par le marché
La sentence a été rendue le 3 juillet dernier. Maroc Telecom devra bien payer 6,4 MMDH à Wana Corporate, propriétaire de la marque Inwi, pour abus de position dominante.
L’arrêt a été rendu par la cour d’appel de commerce de Casablanca qui a donc confirmé la décision annoncée en janvier dernier par le tribunal de commerce de Rabat.
Le jour même, le titre dévissait de plus de 7% à la mi-séance avant de clôturer en légère baisse seulement. In fine, le marché n’a pas tellement paniqué à cette annonce, relativement anticipée par les investisseurs.
Source : medias24.com
Concernant l’amende, le groupe a annoncé, dans un communiqué le 4 juillet dernier, qu’il envisageait d’exercer tous les recours possibles contre cette décision. Il convient cependant de noter que le jugement est exécutoire ; c’est-à-dire que même si Maroc Telecom se pourvoit en cassation, ce recours n'est pas suspensif.
La valeur devient un investissement de moyen long terme
Le groupe a reçu des amendes ces dernières années, impactant notamment sa capacité de distribution. Un professionnel de la place rappelle que "6,4 MMDH, c’est plus que leur résultat annuel. Ils devraient probablement s’endetter, soit à travers une émission obligataire ou des concours bancaires".
En outre, il faut noter que le groupe a prévu la distribution de dividende au titre de l’année 2023 pour un montant de 3,7 MMDH soit 4,2 dirhams par action. "Cela pourrait vouloir dire qu’ils vont au moins s’endetter pour 4 MMDH. En effet, le groupe a 3,7 MMDH de dividendes à distribuer et l’amende de 6,4 MMDH. Cela fait grossièrement 10 MMDH. Le résultat annuel de cette année devrait tourner autour de 6 MMDH", explique notre interlocuteur.
De plus, le groupe réalise de forts investissements, notamment dans la 5G. "Réellement, le groupe aura moins de disponibilité de cash", poursuit notre interlocuteur.
Inquiétude sur la rentabilité du titre
Il se peut également que le groupe ait de nouveau à faire face à une astreinte de l’ANRT, comme ce fut le cas en 2020 et en 2022. "Tous les deux ans, il y a une astreinte de l’ANRT. C’est environ 2,4 MMDH en sanction qui pourraient encore tomber sur le groupe", explique notre source.
Après ce verdict dans le conflit qui lie l’opérateur historique et Wana Corporate, la peur de la jurisprudence est également présente. "Pourquoi un acteur comme Orange ne ferait pas la même chose que Wana ? La démarche serait logique car, derrière, il y a des actionnaires d’Orange et un conseil d’administration qui pourrait décider de suivre les pas de Wana, car ce dernier a été dédommagé pour pratique anticoncurrentielle", poursuit notre interlocuteur.
Le titre a également nettement reculé depuis l’annonce de la sentence en première instance en janvier dernier. Alors qu'il était à un peu plus de 105 dirhams, il est redescendu à 89,5 dirhams à la clôture de la séance du 4 juillet.
Désormais la question se pose quant à l’évolution de la capacité bénéficiaire du groupe, ainsi que son payout pour les prochaines années du fait du conflit avec Wana. En effet, auparavant le groupe affichait un payout de 100%, mais depuis quelques années, le titre perd en attractivité du fait, notamment, qu’il affiche un rendement moindre. Notons également que le groupe affiche un potentiel de croissance sur le marché local qui demeure limité, avec un environnement concurrentiel de plus en plus virulent.
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