Malgré des performances notables, voici pourquoi le secteur bancaire décolle peu en bourse
Le secteur bancaire affiche une bonne dynamique de croissance et des résultats en bonne forme depuis plusieurs mois. En 2023, les banques de la place ont enregistré des niveaux de croissance importants. À titre d’exemple, Attijari a affiché une amélioration de son RNPG consolidé de 23% à 7,5 MMDH, tandis que BCP a enregistré un résultat net consolidé de 4,1 MMDH en progression de 17%, et Bank of Africa une hausse de 16% de son RNPG à 2,7 MMDH.
Les résultats affichés sont également très encourageants au premier trimestre 2024 de la part des bancaires. Cependant, l’indice affiche en bourse une hausse de 11,5%, en légère sous-performance par rapport au MASI qui a pris 12,6% sur la période [à la mi-séance du 23 juillet, ndlr].
Un secteur qui est actuellement peu cher au vu de ses performances
L’indice traite d’ailleurs à des niveaux historiquement bas, comme l’a expliqué la société de recherche Attijari Global Research dans une noté diffusée le 16 juillet dernier. "Nous relevons un niveau de spread assez 'atypique' qui s’écarte de la tendance normative observée au cours des quinze dernières années", explique AGR dans sa note, soulignant que le MASI traite à un P/E ajusté de 19,1x ses bénéfices, alors que l’indice Banques traite à 15x.
In fine, AGR anticipe une forte progression du secteur à moyen terme. "Nous anticipons une performance cible du secteur bancaire en Bourse de +20% sur le MT. Une telle progression permettrait le retour du secteur bancaire coté à un P/E cible de 18x équivalent à un ratio de 0,91 par rapport au P/E moyen de l’indice MASI", précise la société de recherche dans sa note.
Cette reprise en bourse à moyen terme serait principalement conduite par une capacité du secteur à surperformer la cote en terme de croissance des bénéfices. AGR note également "le redressement continu du ROE des banques sur la période 2021-2025E, passant de 8% à 11,4%. Cette amélioration de la rentabilité financière du secteur bancaire ne s’est pas encore totalement reflétée sur l’évolution de son P/E".
D’ailleurs, dans une note récente diffusée le 22 juillet par l’agence de notation américaine Fitch Ratings, une croissance des bénéfices de 15% à 20% est attendue pour le secteur bancaire marocain sur la période 2024-2025.
Cependant, en bourse, le secteur ne croît pas comme il le devrait.
Les OPCVM peuvent difficilement tirer le secteur à la hausse
Malgré le fait que le secteur bénéficie d’un potentiel de croissance important, cette dernière ne s’est pas encore matérialisée. Cela provient notamment du fait que les OPCVM ont un cadre réglementaire à respecter et des allocations à ne pas dépasser. Pour une source du marché, "le secteur bénéficie d’un momentum positif car le P/E est très en dessous du marché, ce qui justifie un potentiel de rattrapage significatif. Est-ce que cela est réalisable sur le marché ? C’est une autre question. Nous sommes déjà sur des maximums au niveau des allocations OPCVM".
C’est notamment le cas concernant Attijariwafa bank. Aujourd’hui, la valeur pèse plus de 18% du MASI à elle seule, et la règlementation en vigueur fait que les OPCVM ne peuvent pas la pondérer à plus de 20% de leur portefeuille.
Un gestionnaire de la place nous indique que "le cours peut difficilement progresser, sauf si les institutionnels accélèrent leurs achats sur la valeur. Mais par la suite, les OPCVM seront contraints. Imaginons que la valeur progresse et qu’elle se mette à peser 25% du MASI. De fait, les OPCVM seront structurellement en sous-performance sur ce titre".
Pour cette même source, la croissance globalement faible des autres bancaires en YTD vient du fait qu’Attijariwafa bank est la locomotive du secteur. "Tant qu’Attijari ne monte pas, il n’est pas stratégique de se positionner sur les autres bancaires, d’autant plus qu’en termes de P/E, Attijariwafa bank est la plus attrayante en termes de valorisation", poursuit notre interlocuteur.
Pour notre source du marché, la libération du potentiel de croissance du secteur en bourse pourrait se faire à travers du cash frais provenant des institutionnels. "Pour initier des arbitrages en faveur du secteur bancaire, c’est difficile avec les quotas en place. S’il y a du nouveau cash dans la filière de la gestion d’actif, en revanche, ce sera possible grâce à la libération d’un certain potentiel", conclut notre source.
Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!