Le Maroc n’a pas été avantagé par le calendrier du tournoi de football des Jeux Olympiques de Paris 2024. Avant d’affronter l’Ukraine et l’Irak dans le groupe B, l’équipe nationale croisera d’entrée l’un des favoris de la compétition, l’Argentine, au stade Geoffroy-Guichard à Saint-Étienne, ce mercredi 24 juillet à 14h. Soit deux jours avant la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques 2024, organisée à Paris, en raison de contraintes liées au calendrier.

Pour l’équipe nationale, c’est autant un immense challenge qu'une opportunité de lancer sur de bons rails une épopée attendue depuis le sacre au championnat d’Afrique des nations U23, en juillet dernier. Même si entretemps, le visage de l’équipe a changé. Du groupe de 21 joueurs vainqueurs de la CAN U23, il n’en reste plus que huit.

Ce renouvellement d’effectif est dû aux blessures (Alaa Bellaarouch) et à la limitation de l’effectif à 18 joueurs (+4 réservistes). De plus, certains internationaux comme Ismaïl Saibari ont dû déclarer forfait, car ils ont essuyé le refus de leurs dirigeants de club. La compétition étant hors fenêtre internationale, la FIFA est dans l’incapacité de contraindre les équipes à libérer leurs joueurs.

D’autres habitués du groupe manquent eux aussi à l’appel en raison du changement opéré à la tête de la sélection. Après avoir écarté Issam Charaï, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a nommé dans la foulée l'ancien milieu offensif des Lions de l'Atlas, Tarik Sektioui (17 sélections). Un pari risqué à quelques mois du début des JO.

Une qualification au second tour attendue depuis 52 ans

Depuis sa prise de fonction le 2 mars 2024, Tarik Sektioui n’a eu que très peu de temps pour développer une approche tactique permettant de mettre ses joueurs dans les meilleures dispositions. Le natif de Fès a essayé plusieurs systèmes de jeu, toujours avec une défense à quatre (4-4-2, 4-2-3-1, 4-3-3). Son bilan est équilibré : victoire contre le Pays de Galles (2-0), nul face à la Belgique (2-2) et défaite contre l’Ukraine.

Le court succès acquis la semaine dernière, en banlieue lyonnaise, face au FC Villefranche Beaujolais (2-1), a offert une dernière occasion au sélectionneur de concevoir un plan qui tient la route, en y intégrant Munir El Kajoui, Achraf Hakimi et Soufiane Rahimi, les trois internationaux de l’équipe A de plus de 23 ans retenus.

Autant de changements simultanés doivent être rapidement assimilés, tant par le staff que par le groupe. Cependant, dans un passé récent, le Maroc a démontré sa capacité à relever ce type de défi. Après le départ de Vahid Halilhodzic, Walid Regragui avait pris les commandes de l’équipe nationale, à trois mois du début de la Coupe du Monde 2022, avec les résultats que l’on connaît. Les olympiques connaîtront-ils le même succès ?

Douze ans après leur dernière apparition aux JO de Londres, franchir la phase de groupes serait déjà considéré comme une réussite. D’autant plus que le Maroc n’a plus connu un tel bonheur depuis 52 ans, lorsqu’il s’était qualifié pour le top 8 à Munich en 1972, lors de sa deuxième participation.

Cependant, au regard de la qualité individuelle des joueurs marocains, atteindre les quarts de finale est un objectif modeste. En fait, le choc face à l’Argentine conditionnera le parcours de Hakimi et ses coéquipiers. Une victoire leur permettrait de faire un grand pas vers le second tour.

L’Argentine compte dans ses rangs quatre champions du Monde en 2022

En l’absence de Lionel Messi, l’Argentine reste favorite sur le papier. Championne olympique en 2004 (Athènes) et en 2008 (Pékin), l’Albiceleste est déterminée à réaliser le triplé. La bande à Javier Mascherano, lui-même doublement médaillé en tant que joueur, dispose d’un effectif pétri de talents, agrémenté d’une bonne dose d’expérience. 

L’Argentine compte dans ses rangs quatre champions du Monde en 2022 : Nicolás Otamendi, Thiago Almada, Julián Álvarez et Gerónimo Rulli. Les deux derniers cités ont également remporté la Copa América 2024, cet été, aux Etats-Unis. A 36 ans, le défenseur central du Benfica Lisbonne est le joueur le plus âgé du tournoi. Il a 18 ans de plus que son coéquipier Claudio Echeverri. Son expérience et la justesse de son placement défensif, seront un atout précieux, à l’inverse de sa vitesse de pointe. 

Malgré sa volonté de titulariser le très peu explosif Otamendi, Javier Mascherano ne compte pas pour autant modifier ses principes de jeu, structurés autour d'un système de départ en 4-2-3-1. "Nous gardons la même identité : un jeu de combinaisons, avec des milieux habiles balle au pied et bons dans les transmissions, des caractéristiques que nous nous attachons à développer", a-t-il assuré lors d’un entretien accordé à la FIFA.  

Entre des latéraux placés haut dans le camp adverse, des attaquants toujours en mouvement et des milieux de terrain qui plongent dans le dos de la défense adverse, les menaces offensives sont légion. Défensivement, ce sera un véritable casse-tête pour le Maroc, qui devra avant tout contenir Julian Alvarez. 

Après une saison à rallonge, l’attaquant de Manchester City sera sans doute émoussé, mais par sa mobilité et sa technique, il peut être un poison pour l’arrière garde marocaine. Il décroche souvent au milieu de terrain pour attirer son défenseur et libérer des espaces pour d’autres coéquipiers. Cette séquence de jeu est l'une des marques de fabrique du style de jeu instauré par Javier Mascherano. 

Placement défensif approximatif des latéraux

En visionnant les rencontres face au Vénézuela et au Brésil, tenant du titre et éliminé par l’Argentine lors du tournoi de qualification préolympique, il s’avère que le coach argentin brouille quelque peu les pistes en vantant les mérites de ses joueurs balle au pied. Il est vrai que que cette équipe ne manque pas de techniciens (Tiago Almada, Pabro Echeverri), mais ils ont également la capacité à avaler les espaces. 

Très agressive sur le porteur, l’Argentine sait aussi développer des attaques verticales et rapides en phase de transition défense-attaque. A la récupération, ils sont nombreux à se projeter pour profiter de la désorganisation adverse. 

Afin de contrecarrer les plans argentins, le Maroc devra éviter les pertes de balles dans des zones dangereuses et être particulièrement attentif au déplacement des attaquants qui ont l'habitude de permuter. Le maintien de la compacité du bloc sera la clé pour étouffer les velléités offensives de l’Albiceleste. 

L’une des pistes à explorer pour piéger l'Argentine réside dans le placement défensif approximatif de leurs latéraux, dont le positionnement haut en phase de construction ouvre des brèches derrière une fois le ballon perdu. Tarik Sektioui aurait tout intérêt à aligner dans les couloirs des joueurs rapides et excellents en un contre un. Avec Achraf Hakimi, Eliesse Ben Seghir, Abdessamad Ezzalzouli et Soufiane Rahimi, le sélectionneur ne manque pas de solutions dans ce registre.