Formulé sous la forme d'une trentaine de recommandations, ce plan vise, selon l'Alliance, à rétablir les niveaux de production et stabiliser les prix à la consommation.

I- Actions immédiates pour pallier à la hausse des prix des viandes rouges

L'alliance a identifié une série de mesures à mettre en œuvre immédiatement pour contrer la hausse des prix des viandes rouges. Ces propositions consistent à :

- Orienter et renforcer l’aide de l’État vers les petits éleveurs qui constituent les principaux fournisseurs du marché national en matière de viandes rouges.

- Soutenir l’importation de la viande congelée Halal afin d’améliorer l’offre sur le marché national, tout en renforçant les mesures de contrôle de qualité et de salubrité de cette viande importée.

- Encourager la diversification des sources de viandes (viandes blanches, poisson, cuniculture…) pour réduire la dépendance sur les quelques sources principales de viande.

- Mettre en place des mécanismes de régulation des prix pour éviter les fluctuations extrêmes et assurer une rémunération équitable aux producteurs tout en maintenant des prix abordables pour les consommateurs.

- Réhabiliter les marchés de bétail et développer des circuits courts pour réduire les coûts de transport et de distribution, contribuant ainsi à la stabilisation des prix.

- Soutenir davantage les professionnels du transport des marchandises suite à l’augmentation des coûts des carburants et de l’énergie, afin de réduire le coût de production des viandes et stabiliser les prix.

- Supprimer de manière raisonnée les droits de douane à l’importation de bétail pour l’abattage afin de ne pas donner des avantages fiscaux aux grands importateurs qui monopolisent le marché et portent préjudice aux producteurs nationaux.

II- Actions pour le développement durable des productions animales (viandes rouges et lait)

L'alliance met en avant plusieurs initiatives visant à assurer la durabilité des productions animales, en mettant l'accent sur la modernisation et l'optimisation des pratiques d'élevage. Il s'agit de :

- Redynamiser les organisations professionnelles à travers notamment l’appui à la création de nouveaux groupements d’éleveurs ovins et caprins non adhérents aux programmes de sélection, afin d’augmenter le taux d’encadrement de nos élevages et d’améliorer la productivité animale.

- Augmenter le taux de présentation des animaux aux commissions de sélection à 60% du total des troupeaux à encadrer.

- Mettre en place un nouveau cadre d’encadrement, de conseil des producteurs et de formation des éleveurs sur les meilleures pratiques d’élevage et de soins des animaux visant l’amélioration de la productivité et de la rentabilité.

- Renforcer les programmes d’amélioration génétique et de développement des races locales ayant développé un potentiel de rusticité face aux conditions difficiles d’élevages (ovines, bovines, caprines et camelines) et relancer le programme d’identification du cheptel.

- Développer les petits élevages laitiers autour des centres de collecte et appuyer les industries laitières.

- Relever les niveaux d’incitation pour la production des génisses et leur importation pour reconstituer le cheptel animal national.

- Interdire l’abattage de femelles de moins de 5 ans sur une période d’au moins cinq années.

- Mettre en place des programmes réguliers de vaccination et de traitement pour prévenir et contrôler la propagation des maladies, réduisant ainsi les pertes et les coûts associés et offrir des services vétérinaires mobiles pour encadrer l’ensemble des élevages, y compris dans les zones excentriques, afin de garantir la santé des troupeaux.

- Créer de nouvelles structures spécialisées dans la bonne gestion des abattoirs, tout en encourageant l’investissement privé dans l’abattage et la transformation. Il est nécessaire de déployer des programmes d’appui et d’encouragement concernant les investissements dans la valorisation de la production de viande rouge.

- Renforcer la capacité de valorisation des produits animaux, principalement la production de lait en poudre, et son appui par l’État au profit des industriels, et encourager la collecte de la totalité de la production laitière en période de haute lactation afin de contribuer au maintien des troupeaux de vaches.

- Accorder une attention particulière aux filières camelines en zones sud et caprines en zones de montagnes afin de contribuer à l’amélioration de l’offre nationale en viandes rouges.

III- Actions résilientes en faveur de la gestion des ressources naturelles pour faire face à l’impact du changement climatique :

Face aux défis climatiques, l'alliance propose des actions résilientes pour une gestion durable des ressources naturelles. Il s'agit de :

- Développer des systèmes de production résilients et efficaces pour une utilisation durable des ressources naturelles afin de réduire les coûts de production des élevages.

- Adopter des pratiques agricoles durables pour préserver la fertilité des sols et prévenir la dégradation environnementale, assurant ainsi une production stable à long terme en zone d’élevage.

- Mettre en place des incitations financières pour permettre l’adhésion des agriculteurs aux produits d’assurance, en particulier pour les petits éleveurs qui constituent les principaux fournisseurs du marché national en matière de viandes rouges afin de réduire leur vulnérabilité face aux risques d’élevage.

IV- Actions d’intégration des producteurs éleveurs pour l’accès aux nouvelles technologies

Pour moderniser le secteur, l'alliance propose l'intégration des nouvelles technologies dans les pratiques d'élevage, et ainsi :

- Inciter et appuyer les éleveurs pour l’adoption de technologies modernes, tels que les systèmes d’alimentation automatisés et les systèmes de surveillance à distance pour le suivi de la santé des animaux. Ceci pourrait améliorer significativement la productivité et la durabilité.

- Gérer de manière moderne et efficace les fermes, réduisant ainsi les coûts de main-d’œuvre et d’entretien.

- Améliorer les infrastructures de valorisation avec un équipement moderne et innovant.

- Poursuivre la réalisation des programmes de formation au profit des opérateurs dans la chaîne de valeur de la viande rouge, notamment à travers la création de centres de formation innovants aux métiers de l’élevage.

- Accélérer les efforts de recherche et développement en matière d’élevage (alimentation, techniques d’élevage, etc.).

V- Actions transversales

Enfin, l'alliance préconise des actions transversales pour soutenir l'ensemble de la filière. Il s'agit principalement de :

- Repenser la méthodologie de déclinaison de la nouvelle stratégie "Génération Green", en tenant compte des enseignements tirés du Plan Maroc Vert.

- Sensibiliser le consommateur à l’importance d’une alimentation équilibrée et variée, incluant des alternatives aux protéines animales.

- Lancer un dialogue national sur les priorités nationales en matière de souveraineté alimentaire.

- Œuvrer pour la création d’une organisation nationale suprême plus efficace, chargée du rôle de formulation, suivi et évaluation des politiques publiques en matière de souveraineté alimentaire nationale.