Agriculture. Comment les avocats marocains gagnent du terrain à l’export
Malgré une forte concurrence, les avocats produits au Maroc grignotent progressivement des parts de marché en Europe. La qualité des fruits cultivés dans le pays, combinée à la proximité géographique avec le vieux continent, joue un rôle clé dans cette réussite. Le point avec Abdellah Elyamlahi, président de la Morocco Avocado Association (MAVA).

Agriculture. Comment les avocats marocains gagnent du terrain à l’export
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Chady Chaabi
Le 18 septembre 2024 à 8h58
Modifié 18 septembre 2024 à 9h06Malgré une forte concurrence, les avocats produits au Maroc grignotent progressivement des parts de marché en Europe. La qualité des fruits cultivés dans le pays, combinée à la proximité géographique avec le vieux continent, joue un rôle clé dans cette réussite. Le point avec Abdellah Elyamlahi, président de la Morocco Avocado Association (MAVA).
Les avocats produits au Maroc sont de plus en plus prisés à l'export, notamment en Union européenne. La campagne actuelle s'inscrit dans cette même dynamique, d’autant que les conditions climatiques ont été favorables dans les zones de production. En février, la floraison s'est déroulée dans de bonnes conditions, augurant d'une récolte satisfaisante en termes de rendement et de qualité.
Une nécessité en vue de faire face à une forte concurrence, dont celle de l’Espagne. Bien que ses exportations sont principalement destinées au marché américain, le Mexique, plus grand producteur et exportateur au monde est également présent dans plusieurs pays européens. "Nous faisons surtout face à la concurrence de la Colombie, avec qui on partage la même fenêtre d’exportation", affirme à Médias24, Abdellah Elyamlahi, président de la Morocco Avocado Association (MAVA).
Un volume d’exportation d’environ 60.000 tonnes a été atteint par le Maroc lors de la précédente campagne, soit 90 % de sa production totale estimée à 70.000 hectares. Une récolte destinée à l’Union européenne (80%) et à la Russie (20%). Mais en comparaison, la Colombie a exporté près du double, vers plus de 30 pays, aussi bien en Amérique du Nord qu’en Europe. Pour réduire cet écart, le Maroc peut compter sur sa proximité avec le vieux continent, la qualité de ses fruits, ainsi que sur une expansion de la superficie cultivée.
2.500 hectares d'avocatiers récemment plantés
L'avocatier n’est pas un arbre fruitier endémique du Maroc. Il y a fait son apparition au milieu des années 1980, dans le périmètre agricole du Loukkous, avant de s’étendre de Larache jusqu’à Kénitra, en passant par Moulay Bousselham. Depuis, la filière est en pleine croissance. La superficie cultivée de cette espèce d’arbres fruitiers de la famille des lauracées a quasiment doublé en l’espace de quatre ans, avant d’atteindre 7.500 ha en 2023.
Dans trois ou quatre ans, 2.500 hectares supplémentaires entreront en production, symbolisant l'attractivité grandissante de la filière. En dépit de la suspension par le gouvernement des subventions à l'irrigation (40.000DH/ha), dans le cas des nouvelles superficies cultivées de pastèques, agrumes et avocats, plusieurs investisseurs marocains ont misé sur la culture de l’avocat "en développant une dizaine de grandes fermes, allant de 300 à 500 hectares, situées entre Larache et Kénitra", affirme Abdellah Elyamlahi.
Pour l’instant, 7.500 hectares sont productifs. Les variétés précoces, également appelées variétés lisses, comme le Zukano et la Fuerte, sont les premières à être récoltées, entre les mois de juin et août. Les variétés principales, comme la Hass, sont généralement récoltées entre octobre et avril.
"Cette année, on s'attend à ce que la variété Hass soit productive en raison des conditions climatiques favorables et d'une première floraison réussie à la fin février", assure notre interlocuteur. Une tendance encourageante qui devrait se traduire par une hausse de la production. "Les arbres existants ont un meilleur rendement qui devrait atteindre en moyenne 10 tonnes par hectares”, ajoute Abdellah Elyamlahi. La production totale devrait donc se situer aux alentours de 75.000 tonnes. Assez pour satisfaire pleinement les professionnels.
La position géographique constitue un atout majeur
Pour gagner des parts de marché, les exportateurs marocains proposent une grille tarifaire avantageuse en particulier pour les grandes surfaces européennes. En sortie de ferme, le kilo d’avocat coûtait de 18 DH à 40 DH le kilo. L’exportateur le revend en Europe à un prix oscillant entre 3 euros (32,3 DH) et 3,75 euros (40,4 DH) le kilo.
En outre, la position géographique constitue un atout majeur. "La proximité avec l’Europe est un avantage considérable, car nous pouvons livrer en quelques jours, contrairement à nos concurrents sud-américains qui mettent environ trois semaines, avec des prix susceptibles d'augmenter pendant ce délai (en raison des fluctuations des taux de change entre les devises des pays exportateurs et des pays importateurs, ndlr)", avance le président de la MAVA.
"La proximité avec l'Europe nous permet aussi de garder la fraîcheur du fruit. Nous proposons également un bon mûrissage qui permet aux clients de le vendre dès sa réception pour que le client final puisse le consommer le même jour", poursuit-il. En somme, les avocats produits au Maroc possèdent plusieurs avantages concurrentiels et qu’ils pourraient renforcer grâce à des variétés qui auraient l’avantage d’être récoltées un mois plus tôt, en septembre, pour pallier la pénurie d’avocat en Europe en cette période de l’année.
Pour l’heure, seul l’étalage des périodes de productions est pratiqué. "L’idée est de ne pas avoir toute la production en même temps. D’ailleurs, on peut garder le fruit dans l’arbre et le vendre un peu plus tard que d’habitude", indique M. Elyamlahi.
Cela dit, en période de pénurie d'eau, les ambitions d'exportation liées à la filière de l'avocat suscitent inévitablement des interrogations. Quand il ne pleut pas, les agriculteurs actionnent le système du goutte-à-goutte entre deux et trois heures par jour. L’irrigation d’un hectare d’avocatier nécessite entre 4.000 et 5.000 m³.
A l’occasion d’une conférence organisée le vendredi 14 juin par la Fondation Links, le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki, a souligné que le palmier dattier (15.000 m3/ha), l’avocat (4.500 m3/ha), les fruits rouges et la pastèque n'ont consommé que 3% (24 Mm3) de l’eau allouée aux périmètres irrigués lors de cette campagne agricole. Mohammed Sadiki a également précisé que les fruits rouges et l’avocat sont principalement cultivés dans le Gharb et dans le Loukkous, grâce à l’eau qui normalement se serait déversée dans l’océan.
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Le 18 septembre 2024 à 8h58
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