Collecte des eaux pluviales : une pratique à optimiser en période de sécheresse
En plus des barrages, le Maroc mise sur les seuils de recharge des nappes phréatiques et les réservoirs de stockage pour capter les eaux de pluie et atténuer la pénurie hydrique que traverse le pays. Toutefois, plusieurs entraves compliquent le développement à grande échelle de ces initiatives. Médias24 fait le point avec le ministère de l'Équipement et de l'eau.
Collecte des eaux pluviales : une pratique à optimiser en période de sécheresse
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Chady Chaabi
Le 9 octobre 2024 à 10h51
Modifié 9 octobre 2024 à 11h17En plus des barrages, le Maroc mise sur les seuils de recharge des nappes phréatiques et les réservoirs de stockage pour capter les eaux de pluie et atténuer la pénurie hydrique que traverse le pays. Toutefois, plusieurs entraves compliquent le développement à grande échelle de ces initiatives. Médias24 fait le point avec le ministère de l'Équipement et de l'eau.
Les récentes inondations dans plusieurs régions du Royaume confirment les effets du dérèglement climatique, marqué ces dernières années par une sévère sécheresse et des précipitations à la répartition spatio-temporelle irrégulière. En cette période de pénurie d'eau, chaque goutte de pluie doit donc être précieusement valorisée.
Bien que les barrages soient particulièrement efficaces dans ce domaine, plusieurs projets de collecte des eaux pluviales ont été lancés dans le cadre de la politique nationale de l’eau.
"La collecte des eaux pluviales constitue l'un des piliers de diversification de l'approvisionnement en eau", assure à Médias24 le ministère de l’Équipement et de l’eau.
Le ministère de tutelle a mis en place une stratégie visant à promouvoir et améliorer les techniques de captage des eaux pluviales, principalement pour répondre à certains usages domestiques (chasses d’eau, arrosage des espaces verts, lavage des voitures, nettoyage des surfaces) ainsi qu'aux besoins essentiels en cas d’urgence, tels que l’abreuvement du cheptel et la lutte contre les incendies de forêts.
Dans ce cadre, plusieurs projets de collecte et de valorisation des eaux pluviales sont en cours de réalisation. Ces initiatives se déclinent ainsi :
- Projets de recharge artificielle des nappes souterraines dans les provinces de Zagora, Midelt, Errachidia, Tata et Figuig, où les conditions hydro-géologiques sont favorables à la recharge;
- Projets de captage via des réservoirs de stockage des eaux pluviales (Métfias) dans les provinces de Tiznit, Agadir, Sidi Ifni, Boujdour, Zagora, Ouarzazate et Tata;
- Projets de collecte d’eau de pluie par les toitures des établissements publics et scolaires dans les provinces de Khouribga, Rhamna, Taroudant, Safi, Youssoufia, Tétouan, Mdiq-Fnideq et Taza.
"Ces projets ont contribué à réduire la consommation d'eau à usage domestique en lui substituant les eaux pluviales. Ils ont également permis de suivre l'évolution du niveau piézométrique grâce aux piézomètres installés aux seuils de recharge des nappes, ainsi que d'estimer le volume d'eau utilisé pour chaque type d'usage des eaux pluviales collectées", indique le ministère de l’Equipement et de l’eau.
Une technique ancestrale
La collecte des eaux pluviales est une pratique ancienne dont les premières traces remontent à la Mésopotamie, où les habitants creusaient des citernes et des réservoirs pour stocker l’eau en prévision des saisons sèches. Au Maroc, d’autres systèmes rudimentaires de collecte des eaux de pluie ont été utilisés, notamment pour l’irrigation des cultures et la survie dans les zones montagneuses et arides.
C'est à l'image des khettaras, destinées à capter les eaux de pluie mais aussi les ressources souterraines d’une nappe phréatique et à les amener à la surface par une galerie souterraine, grâce au simple effet de la gravité. Pour schématiser, un système de collecte des eaux pluviales se compose d'un moyen de transport de l'eau (gouttières, tuyaux de descente, canalisations), d'un dispositif de filtration ou de décantation et d'un réservoir ou d'une cuve de stockage. L'ensemble est complété par un système de distribution de l'eau collectée.
Cette eau pluviale, avant d'atteindre le sol, subit la contamination par des gaz, des particules et des aérosols issus de l'activité humaine. À cela s'ajoutent des ions inorganiques provenant de la mer, ce qui souligne l'importance de son traitement par des filtres, un système de décantation et du chlore. Il est également essentiel de mettre en place un cadre réglementaire strict.
"Un projet de décret sur la collecte des eaux pluviales est en cours de signature. Ce projet, qui s'inscrit dans le cadre de l'article n°62 de la loi 36-15 relative à l'eau, vise à définir les exigences et les conditions d'utilisation des eaux pluviales dans les milieux urbains et ruraux", affirme le ministère de l'Équipement et de l'eau.
En attendant, des études ont été menées sur l'ensemble des bassins hydrauliques du pays afin d'élaborer un plan d'action axé sur la construction de lacs collinaires supplémentaires, "de seuils de recharge artificielle des nappes souterraines, ainsi que sur la collecte des eaux à travers des réservoirs et les toitures des bâtiments", indique la même source.
Un potentiel de 300 millions de m3
Le ministère de tutelle s’engage à assurer la continuité des projets de collecte des eaux pluviales, "particulièrement au niveau urbain qui dispose d’un fort potentiel d’imperméabilisation, en vue de garantir une économie considérable dans la consommation de l’eau potable".
Selon les estimations de Moulay Driss Hasnaoui, chargé de mission au ministère de l'Équipement et de l'eau, dans le cas d'une ville s'étendant sur 100 km² avec un coefficient d'occupation des sols de 30 %, "les eaux des toitures peuvent être évaluées, sur la base d'une précipitation annuelle de 500 mm, à 15 millions de m³ d’eau par an, soit l’équivalent d’un barrage moyen. Si l'on considère une vingtaine de surfaces équivalentes à cette taille au Maroc, cela représente un volume total de 300 millions de m³".
Cependant, plusieurs obstacles entravent le développement à grande échelle de la collecte des eaux pluviales, notamment la raréfaction des ressources en eau et l’irrégularité des précipitations, tant dans le temps que dans l’espace. De plus, "le réseau unitaire pour les eaux usées et pluviales, qui couvre une partie significative du territoire national, nécessite une rénovation et l’installation de réseaux séparatifs," indique le ministère de l'Équipement et de l'eau.
De surcroît, ce département prévoit d'établir plusieurs conventions avec des partenaires et d'autres départements ministériels pour accompagner et assister la mise en œuvre des programmes liés à la collecte des eaux pluviales. Des mesures sont également prises pour encourager l'innovation et la recherche. "Cela se traduit par des partenariats avec des universités et des collaborations public-privé, visant à stimuler les investissements dans des projets novateurs," conclut la même source.
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Le 9 octobre 2024 à 10h51
Modifié 9 octobre 2024 à 11h17