Deal SG-Saham. MHE reprend une banque engagée dans une transition volontariste
Annoncée le 12 avril 2024, cette opération prévoit la cession de la participation majoritaire de 57,67% détenue par le groupe Société Générale dans la SGMB incluant ses filiales. Le closing se tiendra avant la fin de l'année, maintenant que les autorisations réglementaires sont réunies.
La filiale marocaine de la Société Générale dispose d'une certaine position, assez solide, sur le marché marocain. C'est une banque installée. La transition qu'elle s'apprête à vivre va engendrer des défis et surtout des opportunités. Sur le maché financier, une partie des observateurs parient sur des cessions de filiales ou autres mesures destinées, selon eux, à couvrir une partie du cash que Saham va décaisser pour cette acquisition. Il n'en est rien. La vision stratégique est celle d'un développement plutôt volontariste et une croissance aussi bien interne qu'externe si des opportunités se présentent.
Autre opportunité: la banque pourra s'affranchir des règles de l'ex-maison mère, qui était très rigide en matière de financement de certaines activités, comme les activités minières à titre d'exemple. La nouvelle acqusition de MHE pourra, elle, selon les opportunités financières, faire son marché sur la totalité du marché.
Le projet "Boost"
La direction a essayé de bien préparer le personnel à la transition.
Selon nos informations, et comme Médias24 l'avait révélé, un projet est engagé par le management de la banque pour accompagner le changement à venir et amorcer ce projet de transformation. Le management lui a donné le nom de "Boost, un programme pensé pour bâtir une banque organisée et optimisée aux standards internationaux".
Un e-mail, consulté par Médias24, a été partagé le 25 septembre 2024 avec tout le personnel pour les informer du contour de ce programme qui repose sur plusieurs aspects, et dont l'objectif principal est de préparer le terrain, sans l'anticiper, à la future opération.
Le premier aspect du programme Boost a trait à la conduite du changement tourné vers les ressources humaines.
Il est également question de la mise en place d'une structure de décision plus agile et autonome, avec les meilleurs standards de gouvernance.
Parmi les sujets, il y a tout naturellement la question du renforcement des capacités technologiques afin d'opérer une transition en douceur pour passer du système actuel relié à la Société Générale vers des solutions locales, en assurant la continuité de services.
Et, enfin, l'identité visuelle. Dernière brique, mais pas des moindres, de toute opération de cession. Sur ce volet, le déploiement d'une nouvelle marque symbolisant le passage de la banque dans le giron du groupe Saham est prévu.
Et la transformation qui se prépare aujourd'hui pour le vaisseau amiral sera généralisée à toutes les entités qui seront reprises dans le cadre de ce deal.
Les principales entités au Maroc incluses dans le périmètre de cession sont la Société Générale Marocaine de Banques, dont le nom commercial est Société Générale Maroc (banque), Eqdom (crédit à la consommation), La Marocaine Vie (assurance), Société Générale de Leasing au Maroc (financements spécialisés), Investima SA (banque), Sogecapital Gestion (société financière), Sogecapital Placement (société de portefeuille) et Sogecapital Bourse (intermédiation boursière).
Dans ce sens, voici un résumé de l'état chiffré actuel de la Société Générale Marocaine de Banques.
Lecture des chiffres récents
La Société Générale Marocaine de Banques est une filiale du groupe Société Générale, l'un des plus grands groupes bancaires internationaux. Implantée au Maroc depuis 1964, la SGMB joue un rôle important dans le paysage bancaire marocain, offrant une gamme complète de services financiers et bancaires, allant de la banque de détail à la banque d'affaires, en passant par le financement des entreprises et des institutions.
Avec un capital social de 2,15 MMDH au 30/06/2024 détenu à hauteur de 57,67% par la maison mère française, la SGMB continue d’évoluer dans un environnement bancaire compétitif tout en renforçant ses bases.
Positionnement de la SGMB
À fin 2023, SGMB se positionne au 5e rang sur le marché bancaire marocain, aussi bien pour ses crédits que pour ses ressources. Elle représente 7,2% des encours de crédits et 6,2% des dépôts, en s'appuyant sur une large couverture de marché qui inclut les particuliers, les professionnels, les PME, ainsi que les grandes entreprises et les institutionnels.
Source : SGMB
SGMB : Effectifs et réseau
En 2023, l'effectif de la SGMB (hors filiales) s'établit à 2.911 employés, contre 3.077 en 2022 et 3.205 en 2021, reflétant une diminution continue avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) de -4,7% sur cette période. En incluant les filiales, l'effectif total de la banque atteint 3.600 collaborateurs à la fin de l'année 2023.
La SGMB voit son réseau de distribution suivre une tendance à la baisse ces dernières années. En 2021, la banque comptait 444 agences à travers le Maroc, un nombre qui est passé à 400 agences en 2022. Cette diminution s'est poursuivie avec un réseau de 350 agences et près de 500 guichets automatiques à fin 2023.
Évolution des résultats financiers
>> Produit net bancaire (PNB)
La SGMB a affiché une tendance à la hausse du PNB consolidé, affichant un TCAM de +4,43% sur la période 2021-2023, passant de 5,11 MMDH en 2021 à 5,57 MMDH en 2023, portée par une hausse liée à la progression favorable de 9,31% de la marge sur commissions. Par ailleurs, ce PNB s’établit à 2,82 MMDH en S1-2024, en croissance de 1,73% par rapport au premier semestre de 2023.
Entre 2021 et 2023, la banque de détail a été le principal contributeur au produit net bancaire de la SGMB, représentant en moyenne 82% du PNB total.
>> Résultat net part du groupe (RNPG)
En ce qui concerne le RNPG, en 2022, il a atteint 1,2 MMDH, soit une hausse de 48% par rapport à 2021. Cette performance s'explique par une augmentation de 43% du résultat d'exploitation, principalement due à une réduction du coût du risque de -40%. Cependant, l'impôt sur les sociétés (IS) a augmenté de 20%, atteignant 700 MDH, et les intérêts minoritaires ont grimpé à 52 MDH. Malgré ces hausses, la période a vu une perte nette sur d'autres actifs de -6 MDH, contre un gain en 2021.
En 2023, le RNPG a continué de croître, atteignant 1,32 MMDH (9% par rapport à 2022). Cette hausse s'explique par un résultat d'exploitation en progression de 18%, soutenu par une nouvelle réduction du coût du risque de 9%. L'impôt sur les sociétés a bondi de 28%, atteignant 897 MDH, en raison de provisions pour risques généraux et de la hausse des contributions fiscales. Par ailleurs, les intérêts minoritaires ont diminué de 8 MDH, et la banque a enregistré une perte nette sur d'autres actifs de 36 MDH.
Il convient de noter que la SGMB contribue à hauteur de 61% au RNPG global de 2023 contre 80% en 2022, suivie de SOGELEASE avec une contribution de 15% et d'EQDOM avec une contribution de 7%.
>> Résultat net
Entre 2021 et 2023, le résultat net consolidé de la SGMB a connu une croissance solide. En 2021, la banque affichait un résultat net de 834 MDH, avant de connaître une augmentation remarquable en 2022, avec un bond de 50,9% pour atteindre 1,26 MMDH. En 2023, la dynamique positive s'est poursuivie, avec un résultat net de 1,36 MMDH, enregistrant une croissance plus modérée de 8,3% par rapport à l'année précédente.
Toutefois, la comparaison des premiers semestres de 2023 et 2024 montre que la tendance a légèrement changé. Le résultat net pour le S1-2024 s’est établi à 635 MDH, en baisse de -14,4% par rapport aux 742 MDH enregistrés au S1-2023.
>> Encours de crédit
Entre 2021 et 2023, les encours de crédits de la SGMB ont montré une tendance à la baisse. En 2021, les encours s’élevaient à 99,61 MMDH, marquant une période de volume élevé. En 2022, les encours ont légèrement diminué pour atteindre 95,48 MMDH, soit une baisse de -4,1%. En 2023, cette tendance s’est poursuivie avec une nouvelle baisse à 94,31 MMDH, représentant une diminution de -1,2% par rapport à l’année précédente. Au premier semestre 2024, les encours de crédits se sont stabilisés à 92 MMDH.
>> Coût du risque
Le coût du risque de la Société Générale Maroc a montré une amélioration notable entre 2021 et 2023, avant de connaître une hausse au premier semestre de 2024. En 2022, il a enregistré une baisse de 40% par rapport à 2021, passant de 1,22 MMDH à 729 MDH, traduisant une gestion plus prudente et une amélioration de la qualité du portefeuille de crédits. En 2023, la baisse s'est poursuivie avec une réduction supplémentaire de 9%, portant le coût du risque à 663 MDH.
Cependant, au premier semestre 2024, le coût du risque a augmenté, s'établissant à 476 MDH, contre 318 MDH au même semestre en 2023, soit une hausse de 49,7%. Cette augmentation peut signaler une reprise des risques liés aux créances, nécessitant davantage de provisions pour faire face à ces éventuels défauts.
>> Créances en souffrances
Entre 2021 et 2022, les créances en souffrance brutes ont augmenté, passant de 16,5 MMDH à 17,4 MMDH. Durant la même période, les créances sur la clientèle ont atteint 107,5 MMDH en 2022, contre 99,6 MMDH en 2021, reflétant une hausse notable.
En revanche, entre 2022 et 2023, les créances en souffrance brutes ont diminué de 7,45%, passant de 17,4 MMDH à 16,1 MMDH. Les créances sur la clientèle, quant à elles, se sont légèrement contractées, s’établissant à 106,3 MMDH en 2023, contre 107,5 MMDH en 2022.
Au premier semestre 2024, cette tendance de réduction s'est confirmée, avec les créances en souffrance atteignant 12,2 MMDH contre 12,9 MMDH au S1-2023.
Des investissements en baisse
En termes d'investissements :
- Le montant total des investissements est passé de 434 MDH en 2022 à -447 MDH en 2023, marquant une forte baisse. Ce changement est principalement dû à un volume plus élevé de cessions par rapport aux acquisitions en 2023.
- Les investissements IT, qui représentent une part majeure des investissements, ont légèrement augmenté en passant de 411 MDH en 2022 à 418 MDH en 2023 (+1,7%), poursuivant ainsi la dynamique de transformation digitale et d'investissement dans les immobilisations incorporelles.
- En revanche, les investissements financiers nets ont connu une chute drastique, passant de -62 MDH en 2022 à -961 MDH en 2023. Cette forte baisse s'explique par la réduction du portefeuille de titres d'investissement, en particulier les bons du Trésor.
Ainsi, alors que les investissements IT ont continué à croître en 2023, le bilan global des investissements de la banque a été fortement impacté par les cessions et la diminution des investissements financiers.
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