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Lancement imminent du marché à terme marocain : voici ce qu'il faut savoir

| Le 11/11/2024 à 17:20
Le marché financier marocain assistera au lancement tant attendu du marché à terme ce mardi 12 novembre 2024. Ce projet introduira des produits dérivés pour offrir aux investisseurs et entreprises des solutions avancées de la gestion des risques. Éclairage.

Le marché à terme est un type de marché financier où se négocient des contrats appelés "produits dérivés". Sur ce marché, les participants achètent et vendent des engagements d'achat ou de vente d'un actif (comme une action, une matière première, un indice boursier, ou une devise) à un prix fixé, mais pour une date future.

Ce marché permet ainsi aux investisseurs de négocier des produits dérivés, des instruments financiers conçus pour gérer les risques liés aux fluctuations de prix. Ces produits offrent la possibilité de fixer des prix à l’avance, réduisant les incertitudes économiques pour les entreprises et les investisseurs.

Premier produit : le Future sur Indice

Le lancement du marché à terme marocain débutera avec des produits simples. Le premier instrument proposé sera un "Future sur Indice", conçu pour initier progressivement les investisseurs aux spécificités des produits dérivés.

Un Future sur Indice est un contrat dérivé permettant de spéculer ou de se couvrir contre les fluctuations d'un indice boursier, sans posséder directement les actions qui le composent. Ce produit financier offre aux investisseurs la possibilité d’anticiper les mouvements de marché en s'engageant à acheter ou à vendre l'indice à une date future à un prix convenu. Ce type de contrat facilite donc la gestion des risques pour les investisseurs institutionnels comme pour les particuliers, tout en apportant une liquidité supplémentaire au marché.

Les avantages du marché à terme

Le marché à terme, dans cette configuration, apporte plusieurs avantages :

  • Protection contre les fluctuations

L'introduction des produits dérivés, comme les Futures sur Indices, vise à permettre aux entreprises et aux investisseurs de se protéger contre les fluctuations de prix des actifs, réduisant ainsi les incertitudes économiques. En verrouillant un prix à l’avance pour une transaction future, les acteurs peuvent planifier et stabiliser leurs finances, un atout important pour les entreprises exposées aux risques de taux de change ou de prix des matières premières.

  • Renforcement de la liquidité

L’introduction de nouveaux types de produits financiers vise à accroître la liquidité du marché marocain. Une liquidité accrue attire davantage d'investisseurs, locaux et internationaux, en rendant plus simple et plus rapide l'achat et la vente de titres. Cette fluidité est essentielle pour rendre le marché plus compétitif à l'échelle internationale.

  • Diversification et attraction des investissements

Au-delà de la couverture des risques, le marché à terme offre aux investisseurs la possibilité de spéculer et d’arbitrer sur les variations futures de prix. En pariant sur les hausses et les baisses de valeur, les investisseurs peuvent adopter des stratégies variées, stimulant ainsi l’activité du marché. Cela attire une diversité de profils et de capitaux, contribuant à rendre le marché plus dynamique et résilient.

Le rôle de la Chambre de compensation

La mise en place des produits dérivés est accompagnée par la mise en place d’une contrepartie centrale. La Chambre de compensation centrale (CCP) est une institution intermédiaire qui se positionne entre les acheteurs et les vendeurs sur le marché à terme. Concrètement, elle devient l’acheteur pour chaque vendeur et le vendeur pour chaque acheteur.

Ainsi, même si deux participants échangent des produits dérivés entre eux, c’est la CCP qui garantit que chaque partie honorera ses engagements. En prenant ce rôle de contrepartie centrale, la CCP réduit significativement le risque de défaillance, l’une des préoccupations majeures dans les transactions de marché.

La création d’une CCP au Maroc répond à un besoin de sécurisation accru, en particulier pour un marché comme le marché à terme, où la nature même des produits dérivés implique des risques financiers potentiellement élevés. Dans un contexte où les produits dérivés de gré à gré (OTC) présentent souvent un risque de contrepartie élevé (car échangés directement entre les parties sans intermédiaire), la CCP agit comme une barrière de sécurité essentielle.

Les défis à relever pour un lancement réussi

Lors du Symposium dédié au marché à terme organisé par la Bourse de Casablanca et la World Federation of Exchanges (WFE), le 16 octobre dernier, Mohamed Filali, vice-président de l'Association marocaine des salles de marché (AMSM) a identifié plusieurs défis que le marché à terme devra surmonter pour assurer un lancement réussi :

  • Un cadre réglementaire à renforcer

"Le cadre réglementaire gagnerait à être ajusté pour inclure plus de flexibilité et de sophistication en matière de produits dérivés", a-t-il affirmé. Bien que solide, le cadre actuel nécessiterait plus de souplesse pour permettre le développement des produits dérivés. Il est important de créer un environnement réglementaire qui s'adapte à l'innovation tout en assurant une supervision rigoureuse.

  • Des infrastructures de marché aux standards internationaux

La mise à niveau des infrastructures de marché marocaines est un autre défi majeur. "Les infrastructures de marché doivent s'aligner sur les standards internationaux en termes de plateforme de trading, de standardisation des contrats et de système de règlement",  a précisé Mohamed Filali. Une Chambre de compensation robuste est également essentielle pour sécuriser les transactions de produits dérivés.

  • L’éducation et la démocratisation des produits dérivés

"Il faut démocratiser les produits dérivés, car il faut les comprendre pour mieux les utiliser", a expliqué Mohamed Filali. Un élément clé pour le succès de ce marché réside dans la formation des acteurs. Dans ce sens, des ateliers et des sessions de sensibilisation sont déjà organisés pour familiariser les participants avec les produits dérivés et leurs enjeux.

  • Une fiscalité à clarifier pour encourager l’usage des dérivés

"Les produits dérivés sont soumis à une double taxation. Il serait pertinent de clarifier le traitement fiscal et de les exonérer de toute taxation", a proposé Mohamed Filali. Actuellement, les produits dérivés sont soumis aux règles de droit commun, ce qui entraîne une double charge fiscale.

Des discussions avec le ministère de l'Economie et des finances sont en cours pour alléger cette charge, en partenariat avec la DGI et la Banque mondiale.

  • La compensation pour les produits de gré à gré : une réforme nécessaire

Enfin, le traitement des produits de gré à gré (OTC) nécessite des ajustements, car le Maroc n’est pas encore considéré comme une juridiction "netting friendly". "La problématique de la compensation pour les produits de gré à gré est encore un frein. Il est essentiel de travailler à une réforme pour que la nouvelle Chambre de compensation puisse aussi traiter ces produits", a souligné Mohamed Filali.

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