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Augmentation du nombre des étrangers résidant au Maroc : les explications d'un expert en immigration

Le RGPH 2024 révèle l'augmentation du nombre des étrangers installés au Maroc. Hormis les nouvelles installations d'expatriés au Maroc depuis le recensement de 2014, cette tendance se justifie principalement par les campagnes de régularisation ayant permis aux étrangers autrefois en situation irrégulière de se manifester, facilitant ainsi leur recensement, estime le spécialiste des migrations, Mehdi Alioua.

Augmentation du nombre des étrangers résidant au Maroc : les explications d'un expert en immigration

Le 12 novembre 2024 à 10h30

Modifié 12 novembre 2024 à 10h31

Le RGPH 2024 révèle l'augmentation du nombre des étrangers installés au Maroc. Hormis les nouvelles installations d'expatriés au Maroc depuis le recensement de 2014, cette tendance se justifie principalement par les campagnes de régularisation ayant permis aux étrangers autrefois en situation irrégulière de se manifester, facilitant ainsi leur recensement, estime le spécialiste des migrations, Mehdi Alioua.

Sur son territoire, le Maroc compte aujourd'hui quelque 148.152 étrangers, selon les résultats du Recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) de 2024. Le nombre d'étrangers résidant dans le Royaume a augmenté de 61.946 entre 2014 et 2024, correspondant à une croissance annuelle de 5,6%. Une communauté absorbée principalement par deux régions: Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra qui abritent, respectivement, 60.902 et 29.233 ressortissants étrangers.

Mehdi Alioua, sociologue, spécialiste des migrations, chercheur et professeur à l'Université internationale de Rabat (UIR) nous livre sa lecture de cette tendance.

La continuité d'un phénomène ayant toujours existé

L'augmentation du nombre des étrangers au Maroc, comme révélée par le RGPH 2024, ne doit pas être appréhendée comme étant une nouvelle donne, tient à clarifier Mehdi Alioua, rappelant que le Maroc est une terre traditionnelle d'immigration ayant toujours accueilli, par le passé, des populations différentes.

"Les installations recensées aujourd'hui ne sont que la continuité d'un phénomène qui a toujours existé. A l'indépendance, nous l'avons perdue de vue étant donné que les pouvoirs publics et la société marocaine fixent désormais leur attention sur les départs plutôt que sur les arrivées".

"En effet, le Maroc a toujours été une terre d'accueil et d'installation notamment pour des populations venues de régions différentes (Méditerranée occidentale, l'Afrique méditerranéenne,  l'Afrique saharienne-sahélienne, l'Afrique de l'Ouest et le Moyen-Orient). C'était aussi le cas pendant l'histoire moderne et contemporaine du Maroc avec la colonisation (France, Espagne et Portugal)".

"Les étrangers au Maroc ont toujours été minoritaires, numériquement, par rapport au nombre de la population autochtone. Nous sommes sur la même tendance aujourd'hui : la population étrangère représente à peine 5% de l'ensemble de la population marocaine".

A l'origine de la tendance, un recensement plus précis grâce aux opérations de régularisation  

Pour Mehdi Alioua, l'augmentation du nombre des étrangers au Maroc ne s'explique pas uniquement par les nouvelles entrées ayant eu lieu durant ces dix dernières années. La tendance observée se justifie principalement par les campagnes de régularisation ayant permis aux étrangers autrefois en situation irrégulière de se manifester, facilitant ainsi leur recensement, estime le spécialiste des migrations.

"Certes, l'immigration au Maroc a augmenté en dix ans. Il y a eu plus de gens qui se sont installés au Maroc grâce à l'attractivité du pays. Les installations augmenteront probablement davantage dans les années à venir".

"L'essentiel de cette augmentation observée aujourd'hui peut néanmoins s'expliquer par le fait que les étrangers n'étaient pas forcément bien recensés auparavant. Il y avait aussi une restriction dans la délivrance des cartes de séjour, qui continue d'ailleurs malheureusement, mais qui était plus dure avant et qui faisait que les gens ne se présentaient pas".

"Parmi les 140.000 étrangers actuellement recensés, seuls 30.000 se seraient établis au Maroc après 2014. Quant aux 110.000 restants, il s'agit en réalité de la somme des étrangers déjà présents dans le pays avant 2014, mais qui ont été enregistrés cette fois-ci grâce aux campagnes de régularisation dont les migrants ont pu bénéficier, suite à l'adoption de la stratégie nationale de l'immigration et de l'asile (SNIA) en 2014. Une stratégie qui a été mal comprise d'ailleurs puisqu'on croyait, à tort, qu'elle n'était destinée qu'aux Africains subsahariens, alors qu'en fait, elle était dédiée à tous les étrangers au Maroc, en situation irrégulière".

Le Maroc demeure essentiellement un pays d'émigration 

"Au delà des flux migratoires à destination du Maroc, ce dernier demeure un pays essentiellement d'émigration. Nous avons un solde migratoire déficitaire, un solde quasiment nul. Autrement dit, il y a plus de personnes qui sortent que de personnes qui rentrent", enchaîne le spécialiste.

Et ce dernier de conclure : "Face au recul de la croissance démographique, autre point soulevé par le RGPH, la mobilisation de la diaspora peut apporter une réponse, d'ordre démographique, à ce défi. C'est dans cette lignée qui s'inscrit dans la vision de Sa Majesté qui veut mobiliser davantage cette diaspora. Or, la population marocaine ne se limite pas aux 36 millions de résidents dans le pays. On peut raisonnablement estimer qu'elle s'élève à environ 40 millions d'individus, si l'on inclut les 4 millions de Marocains vivant à l'étranger. Ce phénomène revêt une importance majeure en termes de dynamisme national, signifiant que la diaspora marocaine peut être considérée comme une 13e région à part entière".

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