Lancement du marché à terme. Une avancée stratégique pour le secteur financier
Comme annoncé dans notre précédent article, le marché financier marocain s’élargit avec le lancement du marché à terme. Ce projet s’inscrit dans une dynamique de modernisation du secteur financier marocain, en phase avec les objectifs du Nouveau Modèle de développement.
Le marché à terme va permettre de diversifier les options de financement pour l’économie marocaine, répondant ainsi au besoin de renforcer la confiance des investisseurs et d’attirer de nouveaux capitaux pour des projets de grande envergure. Cette nouvelle infrastructure, qui constitue le socle d'une gestion des risques financiers plus efficace et d’un soutien accru à l’investissement, représente une avancée majeure.
Dans ce sens, la conférence intitulée "Lancement du marché à terme : une nouvelle étape structurante dans la transformation des infrastructures de marché au service de l'économie", tenue ce mardi 12 novembre, a marqué l’annonce officielle de ce lancement.
Un marché adapté aux besoins des investisseurs
Le marché à terme marocain est conçu pour offrir aux investisseurs des solutions de couverture variées contre les risques de taux d’intérêt, d’actions, de matières premières et de change. Selon Youssef Rouissi, directeur général délégué d’Attijariwafa bank, "l’introduction de ce marché va nous permettre de diversifier les stratégies de couverture, avec des produits dérivés qui amélioreront la transparence et la standardisation". Cette innovation devrait non seulement stabiliser le marché, mais aussi encourager un plus grand volume de transactions grâce à une meilleure liquidité.
L’objectif de ce marché à terme, selon lui, est "de pouvoir être en mesure d'accompagner nos clients et nos investisseurs dans des stratégies de couverture de plus en plus adaptées en fonction de leur stratégie d'investissement personnalisée, qu'il s'agisse d'acteurs institutionnels ou d'investisseurs corporate".
Un outil pour la compétitivité des entreprises marocaines
Pour les entreprises, ce marché à terme constitue une opportunité de gestion des risques qui leur permet de se prémunir contre les fluctuations des prix, notamment dans des secteurs comme l’énergie et les matières premières. Ces nouvelles possibilités de couverture permettront aux entreprises marocaines de sécuriser leurs revenus, rendant leurs projets plus attractifs pour les investisseurs. Avec des prévisions financières plus stables, les entreprises pourront ainsi lever des fonds plus facilement pour leurs projets de développement.
"L’introduction du marché à terme marocain permettra aux investisseurs d’optimiser leurs portefeuilles avec davantage de flexibilité. Jusqu’ici, les investissements étaient généralement limités aux prévisions haussières, mais avec ce nouveau marché, il sera possible de prendre des positions aussi bien en cas de hausse que de baisse des actifs. Ce mécanisme apporte un gain d'efficience, les prix reflétant mieux la réalité du marché. De plus, en investissant via des produits structurés, les acteurs ne seront plus contraints d’acheter l'actif sous-jacent, qu’il s’agisse d’actions, d'obligations ou d'indices", a précisé Lamia Boutaleb, présidente de Capital Trust.
Une réforme structurelle pour la profondeur et la liquidité du marché
En plus de la gestion des risques, le marché à terme doit apporter plus de profondeur et de liquidité au marché boursier marocain. Selon Nasser Seddiqui, président de l’Instance de coordination du marché à terme (ICMAT), "l’objectif est de permettre aux institutionnels de dynamiser leurs portefeuilles grâce à des outils modernes, augmentant ainsi le volume de transactions sur le marché". Cela est essentiel pour attirer des investisseurs internationaux, à la recherche d’un marché structuré et capable de proposer une large palette de produits financiers.
Un dispositif technologique innovant
Le développement de ce marché à terme coïncide avec une ère de révolution technologique, propulsée par l’intelligence artificielle et les nouvelles infrastructures numériques."Créer un marché à terme dans ce contexte technologique est une opportunité unique pour anticiper les évolutions du secteur", a déclaré Nicole El Karoui, professeure affiliée à l'UM6P. Cette infrastructure permettra de mettre en place des structures de contrôle et de surveillance avancées pour un marché plus sécurisé et fiable, un élément clé pour attirer des investisseurs.
L’éducation financière au cœur de la démarche
L’un des principaux défis de ce marché à terme est d’assurer que les investisseurs comprennent bien les produits proposés et les risques associés. Dans cette optique, un programme de formation et de sensibilisation a été mis en place en collaboration avec le CFTC américain, comme l’a expliqué Nasser Seddiqui. "Nous avons mis en place des ateliers et des formations pour accompagner les acteurs du marché, tant au Maroc qu’à l’étranger". Ce programme de formation inclut des visites sur des marchés étrangers afin de mieux comprendre les pratiques et d’adapter ces connaissances au contexte marocain.
La Chambre de compensation centrale
La mise en place de la Chambre de compensation (CCP) est un élément fondamental pour assurer la sécurité et la stabilité du nouveau marché à terme marocain. "C’est cette Chambre de compensation, à la fin de chaque jour, qui fait la compensation pour remettre toutes les positions à zéro", a précisé Tarik Senhaji, directeur général de la Bourse de Casablanca.
La CCP respecte les normes internationales et est équipée d’une technologie de pointe pour sécuriser l’ensemble des transactions. La CCP est une "belle réalisation qui nous permet d’avoir une Chambre de compensation de premier ordre", a-t-il ajouté.
Enfin, cette infrastructure ouvre la voie à une diversification des produits financiers, permettant de proposer des contrats sur différents actifs, tels que les matières premières, les taux et les actions, renforçant ainsi la flexibilité et la compétitivité du marché marocain.
Des conventions clés pour le développement du marché des capitaux marocain
À l'occasion du lancement du marché à terme, plusieurs conventions ont été signées pour structurer et soutenir le développement des infrastructures financières marocaines :
- Convention 1 : Protocole d’accord-cadre sur la transformation de la Bourse de Casablanca en société holding. Cette convention marque une étape majeure dans la modernisation de la Bourse, permettant de consolider les activités et de renforcer le positionnement de Casablanca comme hub financier régional.
- Convention 2 : Protocole d’accord sur la Chambre de compensation. Ce protocole vise à organiser le rôle central de la Chambre de compensation (CCP) dans la sécurisation des transactions du marché à terme, en mettant en place une structure de compensation efficace et conforme aux standards internationaux.
- Convention 3 : Partenariat pour le développement du marché boursier. Signée entre différentes parties prenantes (CGEM, Bourse, FMA, ASFIM, AMIC, APSB, Association APE) avec le soutien de l’AMMC, cette convention a pour but de mobiliser des ressources et de créer des synergies pour dynamiser le marché boursier marocain.