Open Sky et concurrence : l'amer diagnostic de Abdelhamid Addou (RAM)
Abdelhamid Addou, PDG de Royal Air Maroc, dénonce les effets pervers des accords de l'Open Sky et appelle à leur révision pour une concurrence plus équitable et pour protéger la compagnie nationale.
Open Sky et concurrence : l'amer diagnostic de Abdelhamid Addou (RAM)
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Abdelali El Hourri
Le 13 novembre 2024 à 16h09
Modifié 14 novembre 2024 à 8h38Abdelhamid Addou, PDG de Royal Air Maroc, dénonce les effets pervers des accords de l'Open Sky et appelle à leur révision pour une concurrence plus équitable et pour protéger la compagnie nationale.
La compagnie Royal Air Maroc, pénalisée par l'accord de l'Open Sky (ciel ouvert) entre le Royaume et l'Union européenne ? Abdelhamid Addou pense que oui. Le patron de la compagnie nationale plaide pour une révision de cet accord en vigueur depuis 2005.
"En termes de régulation, il serait temps de revoir l'approche de l'Open Sky pour en faire un outil qui préserve la concurrence", a lancé le PDG de RAM. Il s'exprimait ce mercredi à Marrakech, lors d'une conférence internationale organisée par le Conseil de la concurrence sur le thème "Neutralité, concurrence et accès au marché".
"L'Open Sky est une décision prise par l'État qui, en son temps, a été une décision extrêmement judicieuse puisqu'elle a ouvert le champ à une multitude de compagnies aériennes qui viennent dans notre pays", a-t-il déclaré, reconnaissant d'abord que cette ouverture a été bénéfique pour le développement du tourisme et de l’aviation au Maroc.
Je pense que nous sommes l'entreprise publique qui a le plus de concurrents dans notre pays, une quarantaine
Cependant, le PDG de RAM a rapidement souligné les dérives de cette ouverture. "Je pense que nous sommes l'entreprise publique qui a le plus de concurrents dans notre pays, une quarantaine de compagnies aériennes concurrentes. Il n'y a aucun autre secteur d'activité qui a ouvert de cette manière la concurrence", a-t-il précisé. D'autant que cette concurrence "a été stimulée par différentes aides, qui font qu'aujourd'hui, cela commence à porter préjudice à tout développement que nous [RAM] souhaitons faire".
Un traitement asymétrique avec l'Europe
Abdelhamid Addou a également mis en lumière l’asymétrie des accords de l'Open Sky lorsqu'il s'agit, pour sa compagnie, d’accéder aux marchés européens. "Quand nous essayons d'ouvrir de nouvelles lignes en Europe, c’est beaucoup plus compliqué. On parle d’'Open Skies and Closed Airports'", a-t-il déploré, en référence à la difficulté pour les compagnies aériennes du Sud, comme RAM, d’obtenir des créneaux horaires (slots) dans les aéroports européens.
Le PDG de RAM décrit une politique déséquilibrée, où les compagnies européennes bénéficient d’un accès privilégié aux marchés africains et marocains, tandis que les compagnies marocaines font face à de nombreuses restrictions en Europe. "Après, il y a une multitude de raisons et de raisonnements : des fois, c'est la mise en ordre, la pollution atmosphérique. Il paraît que nos avions font plus de bruit que les avions des pays du Nord, même s'ils viennent des mêmes constructeurs ! Certains directeurs d'aéroport se lèvent du mauvais pied certains matins et ne donnent pas les autorisations de trafic à des compagnies comme les nôtres".
Il paraît que nos avions font plus de bruit que les avions des pays du Nord, même s'ils viennent des mêmes constructeurs !
"Mais toute plaisanterie mise à part, ça commence à peser lourd [...] J'estime que nous sommes dans un exercice à géométrie variable, et il serait temps qu'on respecte un peu plus les entreprises du Sud et que, quand on parle de concurrence, ce soit une concurrence réelle et humaine".
S'il ne conteste pas l'utilité des accords de l'Open Sky, puisqu'ils ont permis de stimuler les arrivées touristiques au Maroc, Abdelhamid Addou estime que le Maroc aurait eu intérêt à mieux "monitorer" la question. "Certains pays le font aujourd'hui. Ils sont en train de négocier des accords d'Open Sky avec l'Union européenne, comme la Tunisie ou l'Egypte, de manière à préserver la compagnie nationale qui a un rôle, n'oublions pas, un rôle majeur", conclut le PDG de RAM.
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