Filière céréalière. Tout ce qu’il faut savoir sur le Programme national d’irrigation de complément
Aménagement hydroagricole, régions, apport en eau… À l'horizon 2030, un million d'hectares de cultures céréalières seront concernées par le Programme national d’irrigation de complément. Médias24 fait le point avec le ministère de l’Agriculture sur l’état d’avancement de ce projet crucial sur le plan socio-économique.

Filière céréalière. Tout ce qu’il faut savoir sur le Programme national d’irrigation de complément
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Chady Chaabi
Le 3 décembre 2024 à 10h00
Modifié 3 décembre 2024 à 11h00Aménagement hydroagricole, régions, apport en eau… À l'horizon 2030, un million d'hectares de cultures céréalières seront concernées par le Programme national d’irrigation de complément. Médias24 fait le point avec le ministère de l’Agriculture sur l’état d’avancement de ce projet crucial sur le plan socio-économique.
- Ces irrigations complémentaires sont notamment utilisées lors des phases de floraison et de remplissage de l’épi.
- Des aménagements hydroagricoles seront réalisés en vue d’acheminer de l’eau jusqu’aux parcelles.
- Une première tranche prioritaire a été identifiée au niveau des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra.
Au cours des dix dernières années, la production céréalière a connu d’importantes fluctuations. En temps de déficit pluviométrique, les productions de céréales sont tirées à la baisse, à l’image de la dernière campagne, où la récolte n’a pas dépassé les 31 millions de quintaux.
À l’inverse, la saison agricole 2014-2015 a connu une moisson record de 115 millions de quintaux. Ces variations sont un frein à la sécurité alimentaire. Il devient donc ardu de minimiser l’ampleur des impacts sur la croissance économique, d’autant que les céréales sont une denrée importante qui est au cœur de l’ensemble de l’écosystème agroalimentaire, de la minoterie aux unités fourragères.
Afin de garantir une production céréalière plus stable, le recours à l’irrigation complémentaire sur environ un million d’hectares de superficie céréalière est espéré d’ici 2030. Cette volonté se décline à travers un programme national qui se divise en deux composantes.
"La première porte sur une superficie d’environ 500.000 ha de terres irrigables en fonction des apports en eau, réparties entre les périmètres de grande hydraulique (214.170 ha), les zones de petite et moyenne hydrauliques, ainsi que celles de l’irrigation individuelle où les superficies emblavées en céréales varient de 250.000 ha à 300.000 ha", précise à Médias24 le ministère de l’Agriculture.
À ce titre, les actions de l’État consistent à améliorer la productivité à travers différents leviers :
- Garantir un stock hydrique permettant d’assurer 2 à 3 irrigations en période critique de formation du rendement des céréales;
- Accorder des subventions aux agriculteurs pour s’équiper en matériel d’irrigation de complément à travers le Fonds de développement agricole (FDA);
- Diffuser les paquets techniques auprès des agriculteurs via le conseil agricole adéquat, notamment le semis direct pour valoriser l’eau de pluie et conserver les sols;
- Poursuivre le soutien à l’approvisionnement en intrants, notamment en semences et engrais, ainsi que l'aide aux prix à la production et au stockage.
30.000 à 60.000 DH/ha pour les aménagements collectifs
S’agissant de la seconde composante du Programme national d’irrigation de complément des céréales, elle concerne 500.000 ha supplémentaires. Au-delà de la mobilisation et l’affectation des ressources en eau, des aménagements hydroagricoles seront réalisés en vue d’acheminer de l’eau jusqu’aux parcelles.
Une opération effectuée par étapes, car elle inclut à la fois des aménagements collectifs et individuels. "Une première tranche prioritaire a été identifiée au niveau des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Fès-Meknès et Rabat-Salé-Kénitra. Les études sont en cours de réalisation", assure le ministère de tutelle.
"Le coût des travaux d’aménagement collectif (adduction, réseau de distribution, bassin de stockage) sera déterminé par des études qui sont en cours. Selon une estimation préliminaire et sommaire, ce coût est évaluée entre 30.000 à 60.000 DH par hectare", indique la même source.
Concernant l’aménagement des parcelles, l’Arrêté conjoint n°1323.22 du 11 juillet 2022 fixe les modalités de l’aide de l’État aux aménagements hydroagricoles des exploitations pour encourager les agriculteurs à équiper leurs parcelles pour l’irrigation de complément des céréales.
Le montant de la subvention peut atteindre 34.000 DH par hectare, en plus de 10.000 DH par ha pour le bassin de stockage. Les composantes du projet d’irrigation de complément comprennent notamment :
- Le creusement de puits ou forages;
- Les équipements de pompage et de filtration;
- L'abri, les conduites d’amenée et les asperseurs en couverture totale (pivots ou rampes).
Des irrigations épisodiques de 10 à 25 mm
Dans les faits, il suffit d’un apport d’eau limité aux stades critiques de croissance et de formation du rendement des céréales pour sauver la récolte, voire obtenir des productions élevées même en cas de sécheresses agricoles saisonnières. À signaler que les superficies de céréales irriguées ne sont pas uniquement dépendantes de l’irrigation appliquée d’appoint ou de complément. "Elles sont également soutenues par les précipitations", nuance un acteur du secteur agricole, joint par Médias24.
"Le terme superficie irriguée est une distinction entre les zones où il y a possibilité de faire de l’irrigation d’appoint, où les ressources en eau sont disponibles, et les zones radicalement bour, où la possibilité d’irrigation de complément est impossible", poursuit-il. Quand on parle d’irrigation d’appoint, il s’agit avant tout d’une technique effectuée en cas d’extrême nécessité, lorsque la pluviométrie est déficitaire.
"Ce ne sont pas des irrigations quotidiennes, mais plutôt épisodiques, de l’ordre de 10 à 25 mm, notamment lors de la levée pour que la plante émerge du sol, en attendant les précipitations", explique Driss Mghabar. Le responsable des céréales à pailles et cultures industrielles à la Direction de contrôle des semences et des plants (DCSP), relevant de la Direction de la protection du patrimoine animal et végétal (DPPAV) de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), poursuit en assurant que ces irrigations complémentaires sont également utilisées "lors des phases de floraison et de remplissage de l’épi".
Dessalement d’eau de mer et interconnexion des bassins
Même si le Programme d’irrigation complémentaire des céréales est en partie dépendant des précipitations, son efficacité est donc fortement tributaire de ressources en eau que le ministère de l’Agriculture entend sécuriser à travers le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI) 2020-2027.
En s’appuyant tout d’abord sur la diversification des sources d’approvisionnement en eau potable des villes côtières, "notamment par le dessalement d’eau de mer qui permettra d’atténuer la compétition sur l’eau entre les villes et les périmètres irrigués, libérant des ressources pour l’irrigation", souligne le département de l’Agriculture.
Le développement de nouveaux barrages dans les bassins du Loukkos, Sebou et Bouregreg qui disposent encore d’un important potentiel hydrique est tout aussi important. Au même titre que l’interconnexion des bassins (Sebou-Bouregreg-Oum Rbia-Tensift, Loukkos-Tangérois) pour optimiser le captage du potentiel des ressources en eau actuellement perdues en mer.
À cela s’ajoute la réalisation "de petits et moyens barrages qui peuvent contribuer à stocker les eaux de pluie en saison hivernale pour l’exploiter à des fins d’irrigation de complément des céréales", ajoute la même source. Jusqu’à présent, la garantie d’un stock hydrique stratégique est l’un des principaux défis auxquels est confrontée l’application du Programme d’irrigation complémentaire des céréales. Même chose pour l’exploitation et l’entretien des équipements d’irrigation tant collectifs qu’à la parcelle.
"Pour cela, une organisation adéquate des agriculteurs doit être mise en place. Le recouvrement des coûts du service de l’eau d’irrigation est crucial pour la durabilité des équipements d’irrigation et la pérennisation du service d’irrigation de complément", conclut le ministère de l’Agriculture.
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Le 3 décembre 2024 à 10h00
Modifié 3 décembre 2024 à 11h00