À l'AFIS, Mohamed Kettani appelle à un système de paiement continental intégré
En marge de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), organisé les 9 et 10 décembre, Mohamed Kettani, PDG d’Attijariwafa bank, a lancé un appel en faveur d’une action concertée pour relever les défis du secteur bancaire africain. Parmi ses priorités figurent la mise en place d’un système intégré de paiement, les enjeux liés à l’énergie et la mobilisation des ressources locales.
Un système de paiement intégré pour l’Afrique
"Pour asseoir un système efficient de paiement transfrontalier entre les pays, pour satisfaire les besoins des investisseurs mais aussi des opérateurs économiques de notre continent, il va falloir qu’on arrive à mettre en place un système intégré de paiement", a affirmé Mohamed Kettani.
Il a souligné que la diversité des monnaies et des cadres macroéconomiques en Afrique complique cette intégration. "Nous avons 42 monnaies à gérer au niveau du continent africain, il faut le savoir".
S’inspirant de l’exemple du système Swift lancé en 1973, Kettani a évoqué les initiatives similaires dans d’autres régions, comme le système Ouna dans le monde arabe. "Pourquoi on ne se met pas autour d’une table en tant que groupes, opérateurs bancaires pour essayer de réfléchir autour d’un système de paiement ?", a-t-il lancé, en insistant sur la nécessité de collaborer avec les fintechs pour standardiser les pratiques grâce aux nouvelles technologies telles que les API et les protocoles modernes.
La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) représente, selon lui, une opportunité majeure. "Nous sommes à la veille de la mise en œuvre de la ZLECAF. C’est une belle opportunité pour que le secteur bancaire panafricain puisse avoir une réflexion concrète et une stratégie de mutualisation", a-t-il ajouté.
Une transition énergétique fondée sur le pragmatisme
Sur le volet énergétique, Mohamed Kettani a défendu une approche réaliste et équilibrée. "Toutes les économies ne peuvent pas aujourd’hui tout simplement changer l’énergie fossile pour passer à des énergies renouvelables ou à des énergies plus propres [...] Il faut être pragmatique. À mon sens, il faut un mix".
Il a cité l’exemple du Maroc, dont la stratégie énergétique vise à atteindre 52% de production en énergies renouvelables d’ici 2035. "Rien que notre établissement, nous avons financé pas moins de 2.800 mégawatts en capacité éolienne au Maroc", a-t-il rappelé. "Cette performance fait du Maroc le leader africain en matière de capacités éoliennes".
Toutefois, il a averti que le succès de ces projets repose sur des cadres institutionnels solides et des partenariats public-privé (PPP). "Ce sont les projets qui ont connu le plus de réussite, parce qu’on essaie de minimiser le maximum de risques", a-t-il expliqué, appelant à renforcer la confiance des investisseurs.
Mobiliser l’épargne locale
Mohamed Kettani a également insisté sur la nécessité de mobiliser l’épargne locale pour financer les projets structurants. "Le secteur bancaire à lui seul ne peut pas tout faire".
Pour lui, l’économie informelle, qui représente une part importante de l’activité en Afrique, constitue un frein. "Comment faire pour mobiliser cette épargne locale qui manque à nos caisses en tant que banque ?"
"Il faut des politiques publiques qui puissent inciter et favoriser la mobilisation de l’épargne en monnaie locale à long terme", a-t-il déclaré, tout en appelant à un rôle accru des marchés des capitaux.
Mohamed Kettani a aussi plaidé pour une action collective en vue d'accélérer le développement du continent. "Les besoins sont tellement énormes qu’on doit accélérer le processus", a-t-il conclu, en insistant sur l’importance de la coopération entre les banques, les fintechs et les gouvernements.
Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!