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L'épidémie de rougeole se généralise, mettant le Maroc en alerte

Le Royaume fait face à une épidémie de rougeole attribuée à la diminution de la couverture vaccinale observée depuis la pandémie du Covid-19. Depuis octobre 2023, 19.515 cas ont été recensés à travers toutes les régions du pays, ainsi que 107 décès.

Une couverture vaccinale adéquate est essentielle pour limiter la flambée des cas de rougeole.

L'épidémie de rougeole se généralise, mettant le Maroc en alerte

Le 2 janvier 2025 à 18h10

Modifié 3 janvier 2025 à 9h48

Le Royaume fait face à une épidémie de rougeole attribuée à la diminution de la couverture vaccinale observée depuis la pandémie du Covid-19. Depuis octobre 2023, 19.515 cas ont été recensés à travers toutes les régions du pays, ainsi que 107 décès.

Bien que le vaccin contre la rougeole soit disponible au Maroc, le pays est confronté depuis plus d’un an à une épidémie, dont l’origine remonte à la période du Covid-19. Cette situation s’explique principalement par une baisse de la couverture vaccinale qui, selon nos informations, est tombée à 77% dans certaines régions, contre 95% auparavant.

Les professionnels de la santé, notamment les pédiatres, alertent sur cette situation, d’autant que le vaccin est gratuit et facilement accessible dans le secteur public. Dans le secteur privé, son coût initial de 150 DH est partiellement pris en charge, revenant ainsi à seulement 50 DH pour les patients après remboursement.

Plus de 100 décès, dont la moitié chez les enfants de moins de 12 ans

Lors de son passage au Parlement le 30 décembre dernier, le ministre de la Santé a dévoilé les chiffres actualisés du nombre de cas de rougeole et de décès depuis le mois d’octobre 2023.

Selon Amine Tahraoui, 19.515 cas ont été enregistrés au Maroc, soit une moyenne de 52,2 cas par 100.000 habitants. En ce qui concerne le nombre de décès, il s’élève à 107 cas, soit 0,55% du nombre de cas enregistrés.

Toujours d’après le ministre, plus de la moitié de ces décès ont été enregistrés chez les enfants de moins de 12 ans, "d’où l’importance de la vaccination".

"La recrudescence du nombre de cas de rougeole a d’abord été enregistrée dans la région de Souss-Massa, suivie des régions de Marrakech et de Safi", a-t-il souligné, "avant que la maladie ne se propage dans les autres régions du pays".

À présent, toutes les régions sont concernées, alertent également Mohamed Lyoubi, directeur du département d'Épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé, et Moulay Saïd Afif, pédiatre et président d’Infovac Maroc.

"Une personne atteinte de rougeole peut contaminer 12 à 18 autres"

Nos deux sources expliquent que cette maladie est très contagieuse. Elle peut entraîner de graves manifestations, des complications, voire la mort. De plus, il n'y a pas de traitement spécifique contre la rougeole. Les médecins administrent aux patients de la vitamine A, et traitent les symptômes (fièvre, inflammation).

"Cette maladie se transmet d'une personne malade à une autre non vaccinée, qui présente alors un risque élevé de contracter la rougeole, ou à une personne jamais vaccinée, quel que soit son âge, y compris à 70 ans", explique le Dr Lyoubi.

"Nous avons remarqué que, depuis la pandémie du Covid, les gens ne vaccinent plus leurs enfants. Auparavant, le taux de vaccination était de 95%. Ce n’est plus le cas actuellement, ce qui permet ainsi au virus de circuler".

Le Dr Afif estime pour sa part que "ce n’est pas normal que cette maladie circule encore en 2025 au Maroc, d’autant que l’on dispose du vaccin". Et d'ajouter : "Un seul cas peut contaminer 12 à 18 autres personnes, soit beaucoup plus que la maladie du Covid".

Deux doses, à 9 et à 18 mois

"La vaccination contre la rougeole se fait en deux doses", nous explique le président d'Infovac Maroc. "Dans les pays où les cas sont minimes, la vaccination se fait à 12 et à 15 mois. Au Maroc, nous la faisons à 9 mois, même si la protection est moins bonne qu'à 12 mois, mais cela permet au moins de protéger les enfants à un âge précoce. S’ils sont atteints, les symptômes sont faibles. La deuxième dose du vaccin est, elle, administrée à 18 mois".

Notre source assure également que ce vaccin "est très bien toléré. Il est administré depuis plusieurs années, sans poser aucun problème". Il se présente sous forme de VAR (vaccin antirougeoleux) ou de RR (vaccin contre la rougeole et la rubéole) ou encore de RRO (vaccin contre la rougeole, la rubéole et les oreillons).

"Depuis la pandémie du Covid, nous remarquons que les parents qui dépassent le délai des 9 et 18 mois ne vaccinent plus leurs enfants contre la rougeole, mais ce qu’ils ignorent, c’est que pour cette maladie, la vaccination peut se faire à tout âge. Si une personne est incomplètement vaccinée ou pas encore vaccinée, elle peut l’être à tout âge".

"Le ministère de la Santé a d’ailleurs lancé une campagne de rattrapage de la vaccination, qui va de 9 mois à 18 ans. Nous appelons à cette occasion tous les parents à y adhérer, en vérifiant les carnets de santé de leurs enfants, pour rattraper la vaccination, si ces derniers sont incomplètement vaccinés ou non vaccinés".

Du côté du corps médical, "tous les pédiatres et médecins sont engagés et sensibilisés à ce sujet, et chaque fois qu’un enfant arrive à un cabinet médical, son carnet de vaccination est vérifié".

Notre source rappelle d'ailleurs une campagne de vaccination menée par le ministère de la Santé en 2013 contre la rougeole et la rubéole, ayant permis la vaccination d'environ 11 millions de personnes âgées entre 9 mois et 19 ans. "Cette opération nous a permis de prévenir la maladie durant au moins une dizaine d'années, où nous n'avons pas eu d'épidémie. Si on l'avait poursuivi, on aurait pu, dans quelques années, éradiquer la rougeole".

Un plan de riposte en cours, en deux phases majeures

Pour faire face à cette situation, un plan de riposte contre la rougeole et de rattrapage de la vaccination a été lancé en mars 2023 par le ministère de la Santé. "Il a ensuite été mis à jour en octobre dernier, en prenant en considération l'évolution de la situation, et en fixant de nouveaux objectifs", nous a fait savoir le Dr Lyoubi.

Cette campagne s'inscrit dans la politique proactive du ministère, visant à limiter la propagation des épidémies et à renforcer la riposte. L'objectif étant de rétablir les niveaux de vaccination des enfants aux niveaux observés avant la pandémie du Covid-19, et de combler les lacunes immunitaires chez les enfants âgés de moins de 18 ans, d'abord par la vérification du statut vaccinal d’au moins 95% de la population cible, puis par un rattrapage vaccinal pour la rougeole dépassant 90%.

Cette population cible a toutefois été divisée en trois catégories : les enfants de moins de 5 ans, ceux âgés de 5 à 18 ans scolarisés, et les enfants de 5 à 18 ans non scolarisés pour lesquels des approches particulières sont adoptées.

La vérification du statut vaccinal, qui représente la première étape de ce plan de riposte, se fait sur la base du registre de vaccination, du carnet de santé de l’enfant, de la carte de vaccination ou de tout autre document, au niveau des établissements scolaires (préscolaire, primaire et secondaire), ainsi que dans les établissements de soins de santé primaire (ESSP), notamment pour les enfants âgés de moins de 5 ans, et les enfants non scolarisés de moins de 18 ans.

La deuxième étape consiste en un rattrapage vaccinal pour tous les enfants concernés, au niveau des ESSP. Les enfants n’ayant reçu qu’une seule dose de vaccin se verront ainsi administrer la seconde, tandis que ceux n’ayant reçu aucune dose se verront administrer les 2 doses, avec un intervalle minimum de 4 semaines.

Si la preuve de vaccination antérieure ne peut être établie, il convient de supposer que l’individu n’a pas bénéficié du vaccin et de lui proposer la vaccination, dans la mesure où vacciner à nouveau des individus ayant déjà été vaccinés ne présente aucun risque.

Le ministère appelle ainsi chaque province et préfecture à :

  • identifier sa population cible ;
  • solliciter la collaboration avec les différents partenaires pour garantir à la campagne les meilleures conditions d’accompagnement ;
  • vérifier et instaurer une programmation conjointe avec les différents intervenants ;
  • élaborer un plan d’action opérationnel ;
  • mettre en place et assurer la formation des équipes de vérification des statuts vaccinaux, de rattrapage et de renseignement du système d’information ;
  • assurer les moyens logistiques nécessaires.
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