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La grande mosquée de Paris ou la machine algérienne de propagande en France

Dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger, la plus ancienne des mosquées de France métropolitaine servant au culte, la grande mosquée de Paris, fait l'objet de critiques constantes. Proche du régime algérien, la grande mosquée de Paris se fait le porte-parole d'Alger en France. Round up.

La grande mosquée de Paris ou la machine algérienne de propagande en France

Le 18 janvier 2025 à 11h47

Modifié le 19 janvier 2025 à 9h38

Dans un contexte de tensions diplomatiques entre Paris et Alger, la plus ancienne des mosquées de France métropolitaine servant au culte, la grande mosquée de Paris, fait l'objet de critiques constantes. Proche du régime algérien, la grande mosquée de Paris se fait le porte-parole d'Alger en France. Round up.

La politique algérienne s'infiltre dans la religion en France, notamment à travers la grande mosquée de Paris, la plus ancienne des mosquées de France métropolitaine servant au culte. Alors que les relations entre les deux pays traversent une grosse crise, le rôle et la place de ce lieu et la place de cette institution sont au centre de débats avec des appels à les remettre en cause.

La décision de construire une mosquée à Paris se concrétise au lendemain de la Première Guerre mondiale. Il était en effet question de rendre hommage aux dizaines de milliers de morts de confession musulmane qui ont combattu pour la France.

Inaugurée le 15 juillet 1926 par le Sultan Moulay Youssef (vidéo ci-dessous), la grande mosquée de Paris est régie par la Société des habous et lieux saints de l'islam, une association loi de 1901 (loi encadrant le fonctionnement des associations situées en France), propriétaire de l'édifice à la suite d'une donation de la Ville de Paris.

Le financement de la mosquée a bénéficié du concours de l'État français à travers la loi du 19 août 1920 qui accorde suivant le rapport d'Édouard Herriot une subvention de 500.000 francs pour la construction d'un institut musulman regroupant une mosquée, une bibliothèque et une salle d'étude et de conférences.

Mais cette loi dérogeait au principe de laïcité édicté par la loi de séparation des Églises et de l'État adoptée en 1905. Pour contourner cet obstacle juridique, c'est à une institution ayant son siège en Algérie française, notamment la Société des habous des lieux saints de l'islam, fondée à Alger en 1917, qu'est confiée en 1921 la construction et l'administration de la mosquée. Pour pouvoir recevoir la subvention, un nouvel acte de cadi modifie ses statuts pour la transformer en association régie par la loi de 1901 ayant également pour but la construction d'une mosquée et d'un Institut musulman à Paris.

Les trois quarts des coûts de construction ont été couverts par le Maroc à l'époque. Inspirée de la mosquée el-Qaraouiyyîn de Fès, la mosquée a été construite en béton armé. Le décor et les zelliges en particulier ont été réalisés par des artisans spécialisés du Maroc et spécialement de Fès et Meknès avec des matériaux traditionnels.

Le Roi Hassan II a lui-même demandé l'acquisition par le Maroc, d'un terrain à Paris, pour construire une autre mosquée, gérée celle-là par le royaume et dirigée par un imam marocain ou un Français de souche musulman:

Une annexe d'Alger?

Financièrement, la grande mosquée de Paris est choyée par Alger. Le ministre de l'Intérieur, Gaston Defferre, retire dans les années 1980 la tutelle de la mosquée du ministère et de la Ville de Paris, ce qui permet à l'Algérie de financer un tiers du budget de la mosquée.

En 2015, le ministre algérien des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, a annoncé officiellement l'ouverture via l'ambassade d'Algérie en France, des procédures visant à acquérir la propriété de la grande mosquée de Paris. Des propos démentis par le recteur de la grande mosquée de Paris de l'époque, Dalil Boubakeur, qui a souligné que toutes les activités de la grande mosquée de Paris étaient régies par la loi française et que son statut n'a actuellement subi aucune modification.

Depuis le 2 janvier 2023, la Grande mosquée de Paris assure la certification halal des produits exportés de la France vers l'Algérie. Le financement est indirect, mais possiblement conséquent, observe Europe 1.

Si la mosquée est juridiquement indépendante, elle reste néanmoins, religieusement et culturellement, liée à l'État algérien, dont l'avis pèse dans la nomination de son recteur. Sept directeurs ou recteurs ont dirigé à travers les années la mosquée de Paris, l'Institut musulman de la mosquée de Paris et la Société des habous des lieux saints de l'islam (Kaddour Benghabrit, Ahmed Benghabrit, Hamza Boubakeur, Cheikh Abbas, Tedjini Haddam, Dalil Boubakeur, Chems-Eddine Hafiz). Et tous sont d'origine algérienne…

Instrumentalisation de la religion à des fins politiques

Chems-Eddine Hafiz, actuel recteur de la grande mosquée de Paris depuis 2020, est pointé du doigt à cause de l'instrumentalisation de la religion en France pour servir la cause de l'Algérie, à l'heure que la France vient d'arrêter 6 influenceurs algériens dont certains franco-algériens pour promotion de la haine et appels à la violence, notamment à commettre des attentats en France.

Le recteur et avocat franco-algérien, qui au cours de sa carrière d'avocat défendra, entre autres, le polisario, est interpellé dans une tribune parue dans Le Figaro signée Chawki Benzehra, journaliste et opposant algérien exilé et Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie.

Ces derniers unissent leur voix et adressent une lettre ouverte à Chems-Eddine Hafiz, en réponse à un communiqué les visant nommément. Ils lui demandent également d'appeler à la libération de Boualem Sansal, écrivain et essayiste franco-algérien arrêté et mis en garde à vue par Alger, à cause de ses récentes déclarations faites au média Frontières : " Quand la France a colonisé l'Algérie, toute la partie ouest de l'Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcen, Oran et même jusqu'à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume".

Dans un son communiqué, le recteur de l’institution musulmane qualifie le lanceur d’alerte Chawki Benzehra, à l’origine de l’arrestation de deux influenceurs algériens, "d’obscur blogueur" et dénonce les propos tenus par Xavier Driencourt.

Le recteur a particulièrement condamné les propos tenus sur CNews par Chawki Benzehra. Durant son passage sur CNews, Chawki Benzehra a appelé à "s’intéresser à la mosquée de Paris qui accueille des influenceurs, et qui les finance. Le recteur de la mosquée rencontre chaque mois le président algérien Tebboune. Est-ce que vous considérez que c’est normal qu’il y ait un agent d’influence du régime algérien et de la junte militaire algérienne sur le sol français et qu’il soit à la tête de la mosquée de Paris ? Et que cette mosquée soit au service d’une campagne de déstabilisation de la France ?". Des propos rejetés par le recteur dans son communiqué.

"Que peut donc réunir un ancien ambassadeur en Algérie, haut fonctionnaire d'un pays que vous critiquez et un réfugié politique algérien qui n'entre pas, par ses déclarations, dans vos schémas politiques? C'est vous, Monsieur le recteur, qui nous avez réunis. Peut-être préférez-vous fédérer, structurer, organiser les réseaux des soi-disant influenceurs algériens, leur dicter le discours officiel : Al Moudjahid, l’Expression, El Khabar et l’APS le font avec vous", rétorquent Chawki Benzehra et Xavier Driencourt dans leur tribune sur le Figaro.

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