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Comment Dari Couspate a franchi le cap de la Bourse : le récit de Hassan Khalil

| Le 2/2/2025 à 13:30
Hassan Khalil, directeur général de Dari Couspate, revient sur l'expérience marquante de l'introduction en bourse de l'entreprise familiale. Initialement réticent à ce processus, il explique comment cette démarche, perçue au départ comme un mystère, est devenue un véritable levier pour la croissance, la transparence et la crédibilité de l’entreprise. Témoignage.

Le directeur général de Dari, Hassan Khalil, a été invité à apporter un témoignage sur l'expérience de l’introduction en Bourse et les bénéfices qu’en a tirés l’entreprise Dari, lors de la rencontre organisée par le ministère de l'Industrie en partenariat avec la Bourse de Casablanca et la FENAGRI, sous le thème "Marché boursier et secteur agroalimentaire marocains : un avenir de croissance et d'expansion".

"La Bourse ne faisait absolument pas partie de nos options en 2004"

"Cette opération [d'introduction, ndlr] n’était en aucun cas préméditée", avance d'emblée Hassan Khalil.

"Nous étions une entreprise familiale, créée par mon père. Nous étions censés suivre un parcours classique pour une entreprise familiale : les enfants rejoignent l’entreprise s’ils le souhaitent, et celle-ci se développe progressivement, en cherchant à se faire une place sur le marché, à l’instar de toutes les autres entreprises marocaines", raconte-t-il

Et de poursuivre, "le tournant est survenu lorsque nous avons rencontré une banque d’affaires, mais à l’origine, cette rencontre n’était pas pour discuter de la Bourse. Nous cherchions simplement à obtenir une valorisation pour entamer un virage stratégique, soit en accueillant un fonds d’investissement, soit en envisageant la cession de l’entreprise. La Bourse ne faisait absolument pas partie de nos options en 2004".

"Pour nous, la bourse était un véritable mystère. Nous suivions les indices boursiers comme le Masi ou le Madex, où les valeurs augmentaient de 2 à 3 %, mais cela restait très technique et nous ne nous y intéressions pas. Cela semblait un domaine réservé aux grandes entreprises, à la finance, aux industries lourdes, et nous étions bien loin de tout cela".

La banque d’affaires tente de convaincre la famille Khalil de l’opportunité d’une introduction en bourse. "Nous avons immédiatement rejeté cette idée, la jugeant trop complexe et inadaptée à notre petite entreprise", confie le DG.

"Cependant, l’équipe de la banque a insisté et, au final, mon père a été convaincu beaucoup plus rapidement que nous. Il a compris immédiatement l’intérêt de cette démarche et a réussi à nous convaincre de sa pertinence, malgré nos nombreuses appréhensions. Nous avons donc pris le temps de réfléchir, de discuter, et après un mois ou deux, nous avons décidé de franchir le pas et d’aller à la Bourse".

"L’élément décisif qui nous a poussés à agir a été le courage"

Hassan Khalil explique que le courage a été l'élément décisif, "le courage de prendre la décision d’aller vers la transparence et d’accepter de devenir une société publique. Pour nous, ce fut un acte courageux, nécessaire pour continuer à croître. Et aujourd’hui, nous en tirons tous les bénéfices".

Le processus d’introduction en Bourse n’a pas été aussi long qu’on pourrait le penser, explique le DG de Dari. "Nous avons pris la décision en novembre 2004 et, en juin 2005, nous étions cotés en Bourse, soit en à peine 8-9 mois. Aujourd’hui, le Maroc est bien plus moderne et ouvert qu’en 2005".

Ce passage par la Bourse "nous a permis de financer notre croissance, sans recourir à l’endettement".  "Nous souhaitions construire une nouvelle usine, mais sans prendre de dettes. Nous avons donc opté pour une solution en partie financée par nos fonds propres et, éventuellement, par un capital risque. La Bourse s’est alors présentée comme une solution idéale, avec des coûts très réduits", explique-t-il.

Et de poursuivre, "pour une entreprise agroalimentaire comme la nôtre, la Bourse a d’autant plus de sens. Lorsque vous êtes une marque et que vous avez des consommateurs qui sont aussi actionnaires, cela apporte une transparence et une visibilité qui favorisent les ventes. Nos clients, au Maroc comme à l’étranger, sont aussi actionnaires de Dari, ce qui contribue à renforcer leur fidélité et à encourager nos produits".

L’introduction en Bourse a aussi eu des effets bénéfiques à l’international. "Lorsque nous avons acquis notre usine en Belgique, le fait d’être cotés en Bourse au Maroc a ouvert toutes les portes. Cela a renforcé notre crédibilité auprès des banquiers et des autorités locales, et a modifié le regard des clients et des grands acheteurs sur notre entreprise."

Enfin, l’introduction en Bourse a significativement amélioré la gouvernance de Dari. "Nous avons dû nous conformer aux règles instaurées par l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), ce qui nous a poussés à recruter des administrateurs indépendants. Cette démarche, à laquelle nous n’aurions jamais pensé par nous-mêmes, a apporté une nouvelle perspective et une nouvelle vision. Les administrateurs indépendants apportent des idées de très haut niveau et ont permis à notre gouvernance de se diversifier, ce qui est essentiel pour une PME", conclut-il.

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