Désirable et bon pour la santé, le télétravail devient un privilège de cadres
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AFP
Le 5 novembre 2024
Le plus souvent réservé aux cadres depuis la fin de la pandémie de Covid, le télétravail est devenu plus désirable, permettant aux salariés qui en profitent d'améliorer leurs conditions de travail et leur santé, selon deux études publiées mardi.
Avant la crise sanitaire, le travail à distance ne concernait que moins d'un salarié sur dix, le plus souvent un jour par semaine au maximum, selon les réponses de plusieurs dizaines de milliers de salariés à trois enquêtes sur les conditions de travail et le vécu au travail, qui ont servi de base à l'analyse de la Dares, la direction des études du ministère du Travail.
Pendant la pandémie en 2021, près d'un tiers des salariés étaient concernés, majoritairement trois jours par semaine ou plus. En 2023, ils ne sont plus que 26%, dont les quatre cinquièmes à un ou deux jours, ou de manière occasionnelle.
Entre 2021 et 2023, la part des cadres chez les télétravailleurs est passée de 45% à 61%, tandis que celle des professions intermédiaires a perdu dix points, de 36% à 26%. Elle est de 12% chez les employés et seulement de 1% chez les ouvriers.
Quelque 2,2 millions de salariés sur des postes télétravaillables ne télétravaillent pas mais souhaitent le faire, selon l'étude, qui précise que ce vivier "est concentré au sein de métiers où la pratique du télétravail est le plus souvent bien établie", comme les secrétaires, les comptables ou les employés des banques et assurances.
Au total, un tiers (34%) des salariés souhaite travailler à distance, dont la majorité entre deux et quatre jours par semaine, seuls 8% voulant le faire à temps plein.
"Globalement, il y a un décalage entre les souhaits et la pratique, qui existait déjà en 2021, mais c'était plutôt des personnes qui souhaitaient (...) réduire leur quantité de télétravail, désormais elles souhaitent en faire plus", a souligné lors d'une présentation à la presse Louis-Alexandre Erb, l'un des auteurs de l'étude.
- Différences femmes-hommes -
"Les télétravailleurs ont davantage d'autonomie et travaillent de manière moins intense lorsqu'ils sont à distance plutôt que sur site", relève par ailleurs une deuxième étude de la Dares, basée sur les réponses de plus de 38.000 personnes à une enquête.
Le lieu principal du télétravail est à 98% le domicile, et dans seulement 2% des cas un espace spécifique, par exemple de co-working, et 45% des télétravailleurs ont une pièce consacrée au télétravail à la maison.
Par rapport à l'exercice du métier au sein d'un collectif, le travail à distance diminue les interruptions des tâches et la pression ressentie, les revers de la médaille les plus souvent cités étant l'absence de discussions ou de soutien des collègues, ou encore le manque de moyens adaptés mis à disposition.
Au niveau de la santé, la situation a radicalement changé en quelques années. "Les télétravailleurs comptaient une plus forte proportion de salariés à l'état de santé altéré, en situation de handicap ou avec un risque dépressif élevé", rappelle l'étude.
Mais en 2023 "les télétravailleurs sont globalement en meilleure santé que les autres salariés qui ne pratiquent pas le télétravail, même s'ils estiment que leurs fonctions le leur permettraient".
Toutefois les femmes qui travaillent à distance ont, davantage que les autres tendance à faire du présentéisme, c'est-à-dire à ne pas s'arrêter lorsqu'elles sont malades, alors qu'il n'y pas de différence notable chez les hommes selon qu'ils télétravaillent ou pas.
D'après les déclarations des salariés, le travail à domicile permet "une meilleure articulation entre vie professionnelle et privée au sein des couples en télétravail, surtout pour les hommes" qui consacrent davantage le temps gagné dans les transports "aux loisirs et aux soins des enfants, tandis que les femmes le réservent plutôt au travail domestique".
Par conséquent, "même en cas de pratique du télétravail, le travail domestique n'est pas mieux réparti entre femmes et hommes, sauf au sein des couples avec jeunes enfants". Il pourrait donc favoriser une réduction des inégalités, mais seulement "passagère".
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