Une cellule paramilitaire d'extrême droite démantelée en Allemagne
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AFP
Le 5 novembre 2024
Ils voulaient "conquérir par les armes" des parties de l'est de l'Allemagne après "l'effondrement" du pays: huit jeunes membres présumés d'un groupe paramilitaire néo-nazi ont été arrêtés lors d'une opération qui s'est étendue jusqu'en Pologne et en Autriche.
Les suspects, tous de nationalité allemande, appartiennent à une organisation fondée en 2020 sous le nom de "Séparatistes saxons" à l'idéologie "raciste, antisémite", selon le parquet fédéral allemand, basé à Karlsruhe (sud-ouest) et spécialisé dans les affaires de terrorisme.
Ils sont "unis par un profond rejet de l'ordre libéral et démocratique".
Cette organisation, qui compte entre 15 et 20 membres selon le parquet, présume que "l'Allemagne est au bord de +l'effondrement+ et qu'à un +jour X+ (...) l'État et la société sombreront dans le chaos".
En prévision de ce jour, les membres du groupuscule, dont le meneur présumé est âgé de 23 ans, ont suivi des entraînements paramilitaires avec équipement de combat. Ils s'entraînaient notamment au combat, au maniement des armes à feu, aux marches de nuit et aux marches forcées ainsi qu'aux patrouilles.
En outre, le groupe s'est procuré des pièces d'équipement militaire, comme des tenues de camouflage, des casques de combat, des masques à gaz et des gilets pare-balles, précise le parquet.
"Les principaux suspects de ce groupe sont des extrémistes de droite, parfois très jeunes, qui ont des liens avec un milieu actif, notamment sur internet", a déclaré le président des renseignements intérieurs allemands, Thomas Haldenwang.
-- "Epuration ethnique" --
La cellule voulait "instaurer un système étatique et social inspiré du national-socialisme", et éliminer "des personnes jugées indésirables, si nécessaire par une épuration ethnique", selon le parquet.
Ce démantèlement a mobilisé 450 agents des forces de l'ordre lors d'une opération de police dans l'est de l'Allemagne, notamment à Leipzig et Dresde.
Le meneur présumé, désigné comme Jörg S., a été interpellé en Pologne, à Zgorzelec, ville jumelle de l'allemande Görlitz dont elle est seulement séparée par la rivière Neisse.
Des perquisitions ont également eu lieu en Autriche, dans les villes de Vienne et Krems.
L'Allemagne a démantelé plusieurs cellules d'extrême droite ces dernières années, dont l'une des plus importantes, dirigée par un aristocrate, est jugée depuis plusieurs mois pour avoir préparé un coup d'État.
Sur le plan politique, l'extrême droite ne cesse de progresser en Allemagne, particulièrement dans l'est du pays, dans les anciennes régions de la RDA communiste.
-- Organisations de jeunesse --
Le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD), formation anti-migrants, y est en plein essor et a enregistré des scores records lors des récentes élections locales. L'AfD assure toutefois n'avoir rien à voir avec les mouvances violentes.
Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel et le quotidien de gauche TAZ, trois des suspects arrêtés sont membres de l'AfD, dont deux avec des fonctions au sein de la "Junge Alternative", l'organisation de jeunesse de l'AfD, en Saxe.
Très présentes sur les réseaux sociaux, ces organisations affichent des positions encore plus radicales que celles du parti.
Kurt H., qui a été blessé lors de son arrestation, était depuis octobre trésorier de la "Junge Alternative" en Saxe, et Kevin R. était responsable des médias pour cette même organisation à Leipzig.
Selon Der Spiegel, Kurt H. et Kevin R. siègent par ailleurs au conseil municipal de la ville saxone de Grimma.
Quant à leur complice, Georg P., il a été nommé en 2021 par l'AfD à un conseil de quartier de Leipzig.
Parmi les suspects arrêtés, deux d'entre eux, Karl K. et Jörn S., étaient mineurs durant une partie de la période d'infraction, et deux autres, Kevin M. et Norman T., avaient moins de 21 ans.
Tous doivent être présentés mardi et mercredi à un juge qui décidera de leur placement ou non en détention provisoire.
Selon le dernier rapport des services de renseignement du pays, le nombre d'extrémistes de droite considérés comme violents s'élevait en 2023 en Allemagne à 14.500 personnes, soit 500 de plus que l'année précédente.
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