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Hassan Hami

Ancien diplomate, docteur en sciences politiques.

Prétexte existentiel et militantisme politique

Le 22 janvier 2025 à 8h04

Modifié 22 janvier 2025 à 14h37

La chute du régime de Bashar al-Assad met en évidence l'incertitude du sort des jeunes combattants, qu'ils soient locaux ou étrangers, impliqués dans le conflit syrien. Animés par des idéaux de justice ou d’espoir, ils se retrouvent désormais face à un vide politique et géopolitique.

Décidément, la chute du régime de Bashar al-Assad ne cessera de nous réserver des surprises. Non pas, parce que les gens pleurent le départ d’un dirigeant ou l’érosion d’une idéologie. Le personnage sera vite oublié et l’idéologie, dont le parti Ba’ath (1947-1966) se vantait, faisait déjà partie des antiquités quand ses idéologues Michel Aflaq, Salah al-Din al-Bitar, Zaki al-Arsuzi et Akram Hourani (représentant un cocktail explosif de contradictions) s’étaient vus en situation de ballotage politique entre la Syrie et l’Irak. À l’instar de Karl Marx et de Friedrich Engels, la construction intellectuelle (1848) idéalisée s’est heurtée à la réalité du terrain et à son assimilation laborieuse par des acteurs chargés de sa mise en œuvre.

La raison pour laquelle la Syrie restera sous les feux de la rampe pour les trois ou quatre années à venir est qu’elle confirmera un constat qui se répète après chaque changement de régime sous la pression de forces ou coalitions internationales au sein desquelles des pays voisins, sous-traitants géopolitiques, jouent un rôle d’ascenseur.

Un constat qui se traduit d’une part par la course au repositionnement des acteurs étatiques impliqués directement ou indirectement dans le changement opéré pour avoir une part du gâteau dans le processus de reconstruction. Et d’autre part, par une gestion laborieuse sinon chaotique de la transition politique qui a toujours un coût humain incalculable.

L’Afghanistan et l’Irak donnent un exemple qui fait refroidir, tant les séquelles des transitions négociées à la hâte continuent de marquer les échiquiers politiques et stratégiques du Moyen-Orient et du Proche-Orient. Il en sera de même pour la Syrie. La guerre civile dont ont souffert les trois pays précités a légué à leurs peuples et à la communauté internationale un fardeau humain dangereux en termes de sécurité, de stabilité et de viabilité des États.

Un combattant oisif à la gâchette facile

Le fardeau qui nous intéresse est celui du sort des combattants et milices locaux et internationaux dont le gouvernement de transition syrien ne sait plus quoi faire. Seraient-ils assimilés à des mercenaires, à des combattants pour la liberté et l’indépendance ou à des intrus dont il faut se débarrasser ? Il ne faut pas se leurrer par le fait que le nouveau maître de Damas ait nommé des étrangers à des postes clés au sein de sa structure gouvernementale de transition.

Clairement, que faire des milices étrangères et de leurs familles constituées sur place et de leurs enfants? Les demandes de rapatriement, de régularisation des naissances, etc. ? Un combattant oisif a la gâchette facile.

Je me propose de réfléchir à ce phénomène qui donne du fil à retordre à tous les gouvernements concernés. Cependant, je l’élargirai pour embrasser d’autres situations encore plus critiques qui ont eu lieu des décennies durant. Ma réflexion repose sur une hypothèse simple : le prétexte existentiel qui dicte des choix qui résultent d’une perception opaque de la vie et des relations au sein des sociétés en souffrance de cohésion sociale salutaire.

Au lendemain de l’entrée des forces de هيئة تحرير الشام (Hayat Tahrir al-Cham) à Damas, le 8 décembre 2024, une vidéo a circulé dans les réseaux sociaux marocains. Elle montre un jeune, une arme à la main, s’adressant au public et se présentant comme un ancien du quartier mythique Hay Mohammadi de Casablanca. Il fait partie de ces jeunes combattants dans les rangs de Hayat Tahrir al-Cham ou l’ayant rejoint venant d’une autre faction fusionnée avec cette dernière.

Des commentaires çà et là en ont fait l’éloge ou la mine pâle. Un fils de Hay Mohammadi dans le cortège des "vainqueurs", portant la bannière de l’Islam ? Je suis certain que personne ne s’est posé la question de savoir quel serait son sort après que les nouvelles institutions seront mises en place. Il n’est pas syrien. Il ne peut donc revendiquer un quelconque statut.

Je ne me suis pas empêché de faire un flash-back, quatre décennies et plus, plus tôt. Dans l’écran de ma mémoire, la guerre des Moudjahidines afghans contre les troupes soviétiques qui ont poussé l’Armée rouge à se retirer d’Afghanistan le 15 février 1989.

À l’époque, des érudits de par le monde arabo-musulman ont salué la victoire des musulmans sur les communistes. La solidarité transnationale théorique a fonctionné. Personne n’a daigné se pencher sur les contours politiques et géopolitiques de la question afghane. Personne n’a fait le recoupement avec l’histoire controversée de l’Afghanistan qui a toujours constitué un cimetière pour tous les envahisseurs.

Les langues restent figées sur les divergences doctrinales et les ambitions politiques des résistants afghans dont la figure de proue a été Ahmed Shah Massoud (1953-2001). Son bras de fer avec les talibans et Al-Qaïda d’Osama Ben Laden et ses liens avec les pays occidentaux, un peu plus tard, lui ont coûté la vie. Il a été assassiné en 2001.

Je me rappelle même cette scène, en décembre 1979, où l’on voit un étudiant courant au sein de la cité universitaire de Casablanca comme s’il avait été chassé par un essaim de guêpes. Il criait et appelait au jihad et répétait que l’une des terres d’Islam avait été souillée par des impies. Ce jeune devait par la suite connaitre une trajectoire politique passionnante, devenant une figure importante dans l’histoire contemporaine des formations islamiques marocaines.

La révolution islamique en Iran venait de remporter une victoire inattendue. Le deal entre les commerçants des bazars et les mollahs n’aurait pas été respecté. Une autre déception comme celle ressentie par les fondateurs du parti Ba’ath ou du communisme. Par ailleurs, les opinions publiques arabes et musulmanes étaient sidérées par la signature du traité de paix entre l’Égypte et Israël en 1979, suite aux accords de Camp David de 1978.

L’Égypte était perçue comme ayant trahi la cause palestinienne par le simple fait de ne pas capitaliser sur sa victoire relative dans la guerre d’octobre 1973. Les idéalistes ne comprenaient pas ce que pouvait signifier la realpolitik ou le choix rationnel qui dépendent du timing, du contexte et de l’opportunité ici et maintenant.

Un autre flash-back à Casablanca, durant les années 1970. Le recrutement de jeunes et leur enrôlement dans les débats entre progressistes et conservateurs, entre laïcs (ou musulmans éclairés) et islamistes. La situation politique est confuse. Ce regard perturbé des acteurs politiques se faisant saigner sur des lames rouillées d’allégeances idéologiques transnationales incertaines donnait la chair de poule à tout le monde au sein et en marge du pouvoir.

Le débat sur la manière de procéder pour la récupération du Sahara marocain est intense. Et à chaque fois, les polémistes se rendent compte que ce débat ne peut aboutir sans se démarquer des influences extérieures qui cherchent plus que de nuire au pays, à faire tomber les institutions en place.

À la même époque, une tradition s’installe où des jeunes se portent volontaires pour aller aider des jeunes incarcérés dans les prisons à préparer leurs examens scolaires dans le but, une fois libérés, d’une réinsertion souple dans la vie active. Une autre frange de jeunes a été attirée par la vague des errances idéologiques. Elle s’inscrit dans des débats dont elle ne comprend que dalle.

En effet, les idées des mouvances islamistes en provenance du Moyen-Orient ont fleuri devant le regard indifférent (certains diraient complice) des pouvoirs publics. Le pays avait d’autres chats à fouetter, tant il est vrai que la bataille pour le parachèvement de l’intégrité territoriale et l’ouverture de l’espace des libertés faisait rage et drainait l’énergie des acteurs politiques.

L’une des raisons fondamentales qui poussent les jeunes à se mobiliser pour des causes qu’ils perçoivent justes est le mal-vivre, la désobéissance sociale et le regard pessimiste sur l’avenir.

Le théâtre amateur et les ciné-clubs, respectivement sous l’impulsion de Abdelkrim Berrechid et de Noureddine Saïl, offrent un cadre idoine pour les uns et les autres pour tenter de confirmer leur existence. Nass El Guiwane, Jil Jilala, Lamchahed secouent la scène artistique en brassant large et séduisant une jeunesse en souffrance de symboles pour s’exprimer. Certains jeunes encore rejoignent des factions de la résistance palestinienne et d’autres, chemin faisant, s’affilient à des réseaux du crime organisé.

Mais diable, quel rapport entre ces évènements et la situation en Syrie ? J’ai l’embarras du choix pour y répondre. Je commence par poser deux questions. Un : Quelles seraient les motivations réelles des engagements soutenus par les acteurs passés en revue ? Seraient-ils politiques, idéologiques, religieuses ou autres ?

Deux : Seraient-ils l’expression de projets de société bien définis et réfléchis ? À quel point dans le processus d’engagement serait-on en mesure de distinguer entre la détermination-dévouement et les ambitions personnelles ?

Très difficile de trancher. Cependant, j’avance une hypothèse : l’une des raisons fondamentales qui poussent les jeunes à se mobiliser pour des causes qu’ils perçoivent justes est le mal-vivre, la désobéissance sociale et le regard pessimiste sur l’avenir.

On pourrait me rétorquer qu’un tel comportement est monnaie courante dans toutes les sociétés où l’égalité des chances fait défaut. Peut-être, mais dans le cas qui nous concerne, c’est que ces jeunes choisissent la voie la plus extrémiste, en allant porter les armes et en s’inscrivant dans une logique de suicide programmé.

Ces jeunes seraient partis pour échapper au statu quo misérable, à leurs yeux, qui n’offre pas d’horizon prometteur. Une fois l’aventure terminée pour ceux d’entre eux qui survivent, ils font face au même horizon sombre. Je peux citer, sans me lasser, des exemples dans lesquels le retour a été une mort lente imbibée dans une infusion d’espoir miroir d’alouette.

Mal vivre et boussole étiolée

Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, il y a une similitude frappante entre les jeunes qui s’enrôlent dans la lutte armée pour des causes dites universelles loin de leurs pays et les jeunes qui embarquent sur des barques de fortune pour échapper à la misère dans leurs pays.

Naturellement, il faut distinguer ces jeunes des boat-people qui ont défrayé la chronique durant les années 1970, 1980 et 1990 fuyant des guerres endémiques en Asie du Sud-Est et dans d’autres coins de la planète. La cause principale n’est pas le combat pour des valeurs justes, mais le combat pour la survie.

Le mal-vivre se retrouve aussi de nos jours dans le comportement des militants qui ont fait de la contestation politique dans leurs pays un fonds de commerce. Il est vrai que sur des dossiers particuliers, ils ont des arguments solides qu’ils font valoir pour améliorer les conditions d’exercice de la démocratie et du respect des droits de l’Homme. La plupart traverse présentement une situation difficile qui est causée par le fait que ces militants n’arrivent pas à accepter le fait qu’ils ne sont plus utiles ou que leur narratif ne séduit plus.

Le même raisonnement s’applique à ceux qui font de l’obstruction à la mise en œuvre de processus démocratiques graduels leur arme préférée. À l’aune des changements qui s’opèrent sur les échiquiers politiques, diplomatiques et stratégiques, ils perdent le nord et commencent à broyer du noir.

Des jeunes aux abois sont des proies faciles à toutes sortes d’entreprises malsaines et dangereuses. Les annales diplomatiques retiennent des exemples de jeunes fragilisés par l’illusion de trouver mieux à broder sur des tissus autres que ceux de leur propre pays. Ils sont récupérés par des réseaux du crime organisé ou par des services de renseignement étrangers.

Une fois leur mission accomplie, ces jeunes sont soit liquidés, soit abandonnés à leur sort. Il en a été ainsi de certains jeunes Maghrébins ramassés à Istanbul, à Bruxelles, à Chypre et envoyés dans des pays du Moyen-Orient pour avoir une formation dans l’art de la subversion.

L’un d’entre eux, raconte-t-on, il y a quelques années, s’est trouvé dans la rue après quelques jours pendant lesquels il avait eu droit à un traitement VIP. Ses recruteurs se sont aperçus trop tard qu’il souffrait de troubles mentaux. S’il n’y avait pas eu la solidarité de certains membres de sa communauté d’origine qui ont cotisé pour payer l’hôtel, le billet d’avion et lui permettre de rentrer chez lui, il aurait mal fini dans un sens comme dans un autre. Le drame, c’est que même sa famille ne voulait plus entendre parler de lui et souhaitait qu’il restât à jamais perdu ou avalé par les vagues de la Méditerranée ou de l’Océan indien.

Le retour difficile et le réveil cauchemardesque font mal. L’exemple le plus notoirement connu est celui des combattants originaires des pays arabes et islamiques qui sont rentrés chez eux au lendemain de la fin de la présence soviétique en Afghanistan.

Les combattants appelés Afghans algériens sont les plus mentionnés dans la littérature sur la collision entre le terrorisme, le jihadisme et le séparatisme. 1991 a été la date de leur apparition sur le terrain selon la version officielle des autorités algériennes.

L’autre version est que ces combattants ont été à la solde des services de renseignement algériens qui les auraient utilisés pour des raisons de politiques intérieure et de calculs géopolitiques dédiés à l’espace Afrique du Nord et espace sahélo-saharien.

L’entrée en lice des Afghans algériens a coïncidé donc avec un climat d’instabilité débutant en 1990 et se terminant par la mise en échec du processus démocratique en Algérie. Le Front islamique du Salut (FIS), en passe de remporter les élections législatives début 1992, est dissout. Une décennie de guerre civile est enclenchée.

Le lien entre les Afghans algériens et le FIS n’a jamais été sérieusement établi. Il aurait servi à l’institution militaire algérienne de se maintenir au pouvoir et d’en faire un fonds de commerce pour justifier l’enterrement de l’expérience démocratique algérienne.

Il en est de même des combattants tunisiens qui ont fait la guerre au sein de différentes formations religieuses en Afghanistan, en Irak et en Syrie de 2000 à 2017. Sans doute, d’autres révélations seraient-elles faites, une fois la situation maitrisée en Syrie par les nouvelles autorités.

La confusion dans les esprits procède du fait que le religieux et le politique sont indissociables dans l’esprit du public, alors que les intéressés eux-mêmes entendent un autre son de cloche. Puis, il y a ce drame humain d’enfants nés dans les camps des militants dont la parenté est difficile à établir.

Pis encore, le sort de ces jeunes mamans qui sont parties pour échapper à la malédiction du célibat que leurs communautés ont du mal à accepter et qui se  trouvent à exercer des métiers qui leur subtilisent leur dignité et leur estime propre.

Le destin de ces mères abandonnées à leur sort est une répétition triste de celui de leurs consœurs de par le monde qui ont eu des enfants avec des soldats étrangers sur le sol de leurs pays. La présence militaire étrangère pour cause de guerre ou comme conséquence d’accords militaires a souvent fini par laisser des dégâts psychologiques. Des femmes et des enfants nés de liaisons fortuites ou forcées et abandonnés par les pères biologiques. Ces derniers sont obligés de rentrer chez eux après la fin de leur mission.

Des drames humains ont hanté la conscience des gens pendant des décennies, à l’image de ce qui s’est passé en Indochine (1946-1954), au Vietnam (1955-1975), en République de Corée (1957), au Japon (1954-1972). Le silence complice reste de mise sur l’existence de drames similaires dans de nombreux pays du Moyen-Orient et d’Afrique du  fait de la présence de bases militaires et des forces de maintien de la paix. Même l’amnésie appelée de tous ses vœux n’arrive pas à tourner la page.

L’amnésie se réveille au cri de l’absurde

Pendant des années, les chancelleries diplomatiques et les structures sécuritaires ont négocié pour trouver des solutions à ce drame humain. Des cas ont été solutionnés, comme en témoigne le Maroc, qui, sous certaines conditions et tout en plaçant les garde-fous nécessaires, a, pour des raisons humanitaires, permis le rapatriement d’une dizaine de femmes et d’enfants affiliés à des réseaux terroristes en Syrie en 2021.

La question devient encore plus corsée après la chute de Bachar al-Assad. Une centaine d’hommes, de femmes et d’enfants de djihadistes seraient détenus dans des geôles et camps du nord-ouest syrien. Mais la plupart demeure en suspense. Ils s’ajoutent à ceux, sur un autre registre, qui seraient jugés et incarcérés en Irak. Des négociations ont été entreprises depuis 2023 pour envisager leurs rappariements aux fins de continuer de purger leur peine dans leur propre pays.

D’autres pays européens tels que l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France et les Pays-Bas ont organisé des opérations de rapatriements de femmes et d’enfants de djihadistes entre 2021 et 2023.

Quelle en serait la raison principale ? Outre le fait que les liens de parenté ou d’affiliation soient difficilement établis, il y a aussi le fait que ceux et celles qui retournent continuent d’avoir une dent contre la société. La réintégration se fait en dent de scie. Et à la première occasion, la passion pour la subversion reprend.

Sur une échelle plus globale, le retour de la guerre des soldats réguliers se fait mal. Ces soldats reviennent avec des traumatismes difficiles à contrôler ou guérir. La littérature en la matière nous surprend par des vérités qui frisent l’insensé. Mais la palme d’or revient à Hollywood. Des films cultes tels que Deer Hunter ou Taxi Driver nous plongent dans l’univers de ces soldats rongés par l’oisiveté et les souvenirs douloureux des guerres absurdes auxquelles ils ont participé, qui ne se justifiaient guère.

Quel destin  paraît être assigné à ces combattants dont la plupart est partie en Syrie en 2012? Ils ne sont pas des milices recrutées par des sociétés privées telles que le Wagner russe ou le Black Waters américain.

Ils ne sont pas similaires aux milices des groupes armés non étatiques. Ils sont des électrons libres qui n’ont de choix que de rentrer chez eux pour faire face à des enquêtes musclées sur leurs activités au sein de mouvements libellés extrémistes et terroristes. Mais la plupart n’aura pas cette chance.

De la schizophrénie au déni illimité, il n’y a pas d’explication tangible. Est-ce pour autant ne pas revendiquer le droit au chapitre ? Bien sûr que non. La précipitation à laquelle l’homme moderne est assujetti fait que la raison se trouve parfois aux abonnés absents. Elle l’est par lassitude devant l’insensé et le ridicule dont font montre les individus et les communautés.

La fuite en avant devient le seul lien affectif avec une réalité cinématique produisant un comportement pathologique. Il y a une similitude surprenante dans le comportement des combattants, qui se réveillent à la réalité après un voyage dans l’inconnu, et celui des candidats à la migration illégale, qui tentent de se protéger contre les vagues des océans par le jeu de jet de leur salive.

Alors, en me rappelant l’image de ce jeune de Hay Mohammadi combattant dans les rangs de Hayat Tahrir al-Cham, je me dis que l’illusion comme l’absurde ne font pas rire. Ils ne font pas rire comme toutes ces personnes qui font des alliances transnationales un sacerdoce ou un fonds de commerce, mais dans la vie réelle, veillent au grain pour rester plus terre à terre. Les observateurs avertis sont conscients que le changement de régime en Syrie a été programmé de longue date.

Les planificateurs politiques et stratèges militaires dans les quatre coins du monde savent que la répétition des erreurs du Printemps arabe n’est plus tolérée. Ils aiguisent leurs armes pour des combats géopolitiques futurs qui seront encore plus féroces. En attendant, ils travaillent à faire baisser les tensions dans certaines zones instables. Ils commencent par cette trêve entre Israël et Hamas : un accord mi-figue, mi-raisin.

Les partisans du combat tous azimuts, notamment au sein des mouvances progressistes et islamistes, crient victoire et assument que la vague de la normalisation entre les pays arabes et Israël a fait long feu. Ils reprennent le même refrain chanté durant les années 1970-1990-2000.

Cependant, les gens aux cœurs sensibles se posent la question : des milliers de morts et de victimes depuis le 7 octobre 2023, pour un bout de papier qui ne fait guère avancer la cause palestinienne, ni donner des garanties pour la sécurité d’Israël. Plus surprenant encore est le fait que les principaux acteurs régionaux qui sont impliqués dans le conflit du Moyen-Orient ont très bien négocié leur sortie de (ou entrée en) Syrie.

Ces acteurs régionaux le feront encore pour ce qui est de l’Irak ou du Yémen qui le seront par la force des choses. Mais les boucs-émissaires (et les victimes) seront les mêmes, genre (encore une fois) ce jeune de Hay Mohammadi à l’entrée de Damas saluant les copains du quartier, une arme à la main. Il aura obtenu sa revanche contre ceux, y compris théoriquement, des membres de sa propre famille, qui l’auraient pris pour un bras cassé.  Belle consécration! Belle illusion.

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