
Président d'OMEGA Center for Economy & Geopolitics Researchs

France-Algérie : les dessous d’une brouille
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Le 15 janvier 2025 à 11h33
Modifié 15 janvier 2025 à 11h33Depuis deux semaines, la crise entre Paris et Alger n’arrête pas d’enfler. Les observateurs la qualifient déjà d’une brouille sans précédent et dont les conséquences restent ouvertes.
Ce qui a déclenché cette levée de bouclier est cette affaire d’influenceurs délinquants franco-algériens installés dans l’Hexagone, et qui ont diffusé du contenu digital haineux portant sur des menaces aux relents terroristes à l’égard des opposants algériens réfugiés en France et à l’égard même de la France.
La goutte qui fait déborder le vase
En fait, les relations bilatérales se sont dégradées depuis qu’Emmanuel Macron a prononcé la reconnaissance par la France de la marocanité du Sahara. Tout ce qui est venu après ce 30 juillet 2024 n’est qu’une conséquence de cette décision. L’écrivain franco-algérien Boualem Sensal, aujourd’hui incarcéré en Algérie, en a payé cash le prix. La demande par la France officielle et sa classe politico-culturelle de la libération de Sensal n’a non seulement trouvé aucun écho du côté d’Alger, mais la riposte algérienne à cette mobilisation française fut des plus maladroites. Portée par la voix de certains "influenceurs" franco-algériens qui n’ont pas hésité à menacer de semer le désordre en France, cette réaction a encore plus envenimé les relations bilatérales. Le détail est connu de tous. Ensuite, il a eu lieu un curieux échange qui est tout sauf diplomatique. Communiqués algériens contre déclarations de ministres français, un jeu de ping-pong alimenté de qualificatifs injurieux depuis Alger contre des menaces à peine voilées à Paris, sur un fond parfois schizophrénique. Comme cette Fédération d’amitié franco-algérienne (FFA) qui publie un communiqué alimenté d’injures et de propos haineux à l’encontre de la France et qui se termine par le slogan : Vive l’Algérie, vive la France !
Question d’allégeance !
La discorde entre les deux pays a fait éclater au grand jour une question épineuse, longtemps évoquée dans les salons. Celle de l’allégeance d’une certaine élite française (d’origine algérienne) au palais Mouradia. Elle s’aligne sans réserve au côté de l’Algérie face à leur pays d’appartenance, de résidence et parfois de naissance, la France ! Comme Karim Zeribi, cet intellectuel qui a monté un réseau de franco-algériens à la solde du régime politico-militaire algérien dont l’objectif est de faire du lobbying en France pour embellir Alger et monter au créneau contre la France le cas échéant en cas de bisbille entre les deux pays, comme ces jours-ci. En outre, il fait le tour des plateaux des télés et radios pour défendre la thèse d’un régime algérien autoritaire qui persécute ses opposants alors qu’il se revendique "républicain laïc". Globalement, en dehors des opposants, la majorité de l’élite franco-algérienne a déclaré clairement allégeance au régime militaire algérien, y compris le recteur de la grande mosquée de Paris. Un lieu en principe voué au culte et à un islam modéré, mais qui s’est érigé en haut lieu de certaines thèses tournées vers la radicalité et un relais de polarisation de la diaspora algérienne afin de la domestiquer à un discours complotiste contre la France et également contre le Maroc. Dans cette ambiance, force est de constater que les élites précitées ont dévoilé toutes leurs cartes lors de cette crise. Leur prestation dans les médias français est là pour juger de quel côté elles ont choisi de faire allégeance !
Un sujet de politique intérieure
Ce genre de crises est certes un élément essentiel de politique intérieure en Algérie pour remonter la population contre un ennemi présumé, mais c’est aussi un sujet de discorde de la classe politique française. Ainsi, la droite et l’extrême droite, qualifiées de tous les noms par le ministère algérien des Affaires étrangères, ne sont pas en odeur de sainteté dans cette affaire avec la gauche et l’extrême gauche, alignées au régime politico-militaire algérien depuis la guerre froide. Les premiers exploitent cet épisode pour imposer leur ligne dure quant à l’immigration. Les seconds continuent de regarder l’avenir avec des lunettes d’un passé lointain, fidèles à leur affiliation algérienne au risque de renier les questions de sécurité française internes et l’évolution de la géopolitique régionale. Évidemment, la question du Sahara s’est invitée dans tous les plateaux des deux bords, presque au même titre que le sujet de controverse concernant la rente mémoriale. Ce fut l’occasion pour les uns de rappeler la posture mature du Maroc lors du grand différend entre Paris et Rabat, quand les autres voulaient injustement surfer sur un présumé droit international que nos voisins de l’Est défendraient. Bref, pour nous autres Marocains, cette brouille franco-algérienne nous a aussi montré quels sont nos amis à l’Hexagone et quels sont ceux qui ne portent pas notre pays dans leur cœur. Dont acte.
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