
Avocat au barreau de Casablanca

L’avocat, un professionnel sous pression : et si nous en prenions conscience ?
Partager :
-
Pour ajouter l'article à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecterL'article a été ajouté à vos favoris -
Pour accéder à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecter
Le 5 février 2025 à 17h11
Modifié 5 février 2025 à 17h11"Dans un monde où la vitesse gagne de plus en plus de la place, où l’attente d’un résultat immédiat est devenue la norme, il est essentiel de comprendre que le travail de l’avocat est un travail de fond, d’analyse et de stratégie, qui demande du temps".
Dernièrement, j’ai lu une étude réalisée par Me Karim Berbra, avocat au barreau de Rouen, portant sur les risques psychosociaux auxquels sont confrontés les avocats. Ce travail scientifique, basé sur une enquête réalisée auprès de 237 avocats de ce barreau, met en lumière une réalité qui, bien que peu évoquée, est pourtant présente dans notre quotidien : le stress intense et la pression permanente auxquels sont soumis les avocats.
Lire cette étude m’a interpellé. Ce n’est pas parce qu’elle révèle une surprise, mais parce qu’elle met des chiffres sur ce que nous ressentons tous. Elle donne corps à une réalité souvent ignorée, celle d’une profession où la charge mentale et émotionnelle est immense. Cette lecture m’a poussé à une réflexion plus large, que je souhaite partager ici. Sommes-nous, en tant que société, suffisamment conscients du poids psychosocial que porte un avocat dans l’exercice de sa mission ?
Derrière la robe, un être humain
Le métier d’avocat est bien plus qu’une simple pratique du droit. C’est une mission, une vocation, un engagement profond au service de la justice et de ceux qui en ont besoin. Chaque jour, l’avocat est le réceptacle des angoisses, des espoirs et des tensions de ses clients. Il écoute, il conseille, il défend. Il absorbe les inquiétudes, prend en charge des dossiers lourds, combat pour faire valoir des droits. Et il le fait avec passion et conviction.
Mais ce que rappelle l’étude de Me Berbra, c’est que ce rôle s’accompagne d’un prix souvent invisible : une pression immense qui affecte la santé mentale et physique des avocats. Et les chiffres sont révélateurs :
- 97% des avocats interrogés déclarent que leur métier sollicite fortement leur mémoire et leur concentration, les plaçant dans un état de vigilance permanent.
- 64% d’entre eux disent manquer de temps pour accomplir leurs tâches, et près de 70% travaillent sous pression constante et dans l’urgence.
- 74% travaillent plus de 45 heures par semaine, empiétant souvent sur leur vie personnelle et leur équilibre familial.
- 76% se sentent stressés en permanence.
Plus inquiétant encore, plus de la moitié des avocats interrogés déclarent avoir été victimes de violences verbales, que ce soit de la part de clients ou de justiciables adverses.
Ces chiffres traduisent une réalité profonde : l’avocat n’est pas une machine. C’est un être humain avec des limites, des émotions et un seuil de résistance.
Une prise de conscience nécessaire
Tout d’abord, il est à souligner qu’il ne s’agit pas de se plaindre ni de chercher à susciter la compassion. L’avocat est un professionnel aguerri, il connaît les exigences de son métier et les accepte en conscience. Mais il est aussi essentiel que cette charge mentale soit reconnue et comprise par tous, clients comme institutions.
Le droit est une matière rigoureuse, et les attentes placées en l’avocat sont souvent immenses. Les clients viennent nous voir avec des attentes légitimes, mais aussi avec une urgence, une détresse, un besoin immédiat de solutions. Cette pression se répercute sur l’avocat, qui doit être disponible, réactif et efficace, quel que soit le contexte, sans le moindre signe de fatigue.
Or, cette exigence entraîne des conséquences. Un avocat sous pression permanente, épuisé par la charge mentale et émotionnelle de ses dossiers, ne pourra pas exercer son métier avec toute la lucidité nécessaire.
Vers une relation avocat-client plus apaisée
Cette étude devrait nous interpeler tous, avocats, clients et institutions judiciaires et administratives : comment favoriser une relation plus équilibrée entre l’avocat et ses interlocuteurs ?
Dans un monde où la vitesse gagne de plus en plus de place, où l’attente d’un résultat immédiat est devenue la norme, il est essentiel de comprendre que le travail de l’avocat est un travail de fond, d’analyse et de stratégie, qui demande du temps. L’avocat n’est pas un simple prestataire de services, il est un partenaire de confiance qui accompagne, conseille et défend avec engagement et rigueur les intérêts de ses clients.
Cela implique aussi une reconnaissance du fait que, derrière la robe, il y a un professionnel qui fait face à des défis humains et émotionnels. Un respect mutuel et une meilleure compréhension des réalités de la profession ne peuvent qu’améliorer la qualité de la relation entre l’avocat et ses clients.
Un métier de passion, mais pas sans limites
Loin de moi, être avocat est une fierté, un honneur, un engagement de chaque instant au service du droit et de la justice. Mais cette étude de Me Karim Berbra nous rappelle que, comme toute profession exigeante, celle d’avocat mérite aussi qu’on s’interroge sur les conditions dans lesquelles elle s’exerce.
Peut-être qu’une meilleure prise de conscience de cette réalité permettra d’améliorer le bien-être des avocats afin qu’ils puissent offrir un service encore plus efficace aux clients, car, finalement, un avocat qui se porte bien est un avocat qui défend encore mieux.
Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!