
Ancien ministre. Docteur en sciences de communication

Le Sahara marocain à la croisée des chemins des Nations Unies
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Le 20 novembre 2024 à 14h45
Modifié 20 novembre 2024 à 17h49Dans un monde où chaque choix compte, les relations internationales exigent une rationalité à toute épreuve. Pourtant, face à la complexité des processus multilatéraux, la prise de décision s’avère souvent paralysée par des incertitudes ou limitée par des compromis fragiles. Dans cette tribune, Mohamed Benabdelkader, ancien ministre et docteur en sciences de communication, revient sur l’impasse du processus onusien sur le Sahara marocain, appelant l’ONU à adopter une position claire en faveur de la proposition marocaine d’autonomie, reconnue comme crédible et réaliste.
Pouvoir faire un choix rationnel, de nombreux décideurs le souhaitent et s'efforcent d'y parvenir. Dans de nombreux cas, il s'agit de choisir la meilleure option pour résoudre le problème posé, de manière à optimiser l'intérêt et à minimiser le coût.
Au niveau des relations internationales, les acteurs se trouvent souvent dans des situations où les conséquences de leurs choix méritent réflexion, et provoquent la nécessité d'analyser, de rationaliser et, si possible, de décider d'une seule option entre autres, en particulier lorsqu'il s'agit de décisions liées au fait d'être à un tournant important dans un processus multilatéral complexe.
Privilégier cette option plutôt que celle-là, tourner à droite au lieu de tourner à gauche, une véritable confusion qui conduit généralement à deux difficultés. La première se manifeste lorsqu'il s'agit de trancher dans une décision, par une fatigue décisionnelle qui produit une sorte de paralysie mentale, ou un recours désespéré au bricolage, à miser sur qui serait le plus simple, sur des consensus fragiles, sur les plus petits dénominateurs communs. La deuxième difficulté se pose lorsqu'il s'agit de prendre des décisions structurantes, alors que le décideur reste bloqué dans une phase d'incertitude et de doutes, avec beaucoup de questions, d'hésitations et d'affirmations qui n'aident généralement pas à sortir du statu quo.
Il est difficile de savoir dans quel type de difficulté se trouve l'Organisation des Nations Unies dans sa gestion de la question du Sahara, mais ce qui est certain, c'est l'existence de nombreux indicateurs, nous permettant de supposer que le processus politique de l'ONU sur le Sahara marocain se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins après de nombreuses années de statu quo.
Il convient de noter que la phase de carrefour d'un processus de résolution de conflits, peut représenter un moment crucial où des décisions doivent être prises. Cela implique souvent une évaluation des différentes options disponibles, mais aussi la possibilité de trouver la solution la plus réaliste et la plus raisonnable au conflit en question.
Or, la prise de décision dans la politique internationale repose largement sur la clarté de vision et la nécessité de trancher. Une vision claire permet de bien identifier les parties intéressées, ce qui devrait permettre de définir leurs agendas respectifs, de manière à réduire l’ambiguïté et établir les responsabilités, alors que la capacité de trancher reste cruciale pour empêcher les agendas cachés, et déjouer toute stratégie de pourrissement et de pérennisation du conflit.
Dans cette logique, des interrogations se posent et se reposent interpelant à qui de droit : l'affaire du Sahara n’est- elle pas un conflit géopolitique plutôt qu’un problème d’autodétermination ? La question des frontières n’est-elle pas au cœur de ce contentieux ? L’Algérie n’est-elle pas à l’origine de ce conflit artificiel ? Souhaite-t-elle s’ouvrir une fenêtre sur l'océan atlantique via un pseudo-Etat sahraoui ? En qualifiant la proposition marocaine d'autonomie de sérieuse, crédible et réaliste, le Conseil de Sécurité de l'ONU ne positionne-t-il pas le plan d’autonomie comme "seule et unique base" pour le règlement de la question du Sahara marocain ?
Alors qu'attend l’Organisation des Nations Unies pour appeler les choses par leur nom? Combien lui faudra-t-il de nouveaux envoyés personnels et de nouvelles résolutions du Conseil de Sécurité pour qu'elle puisse réaliser véritablement un progrès significatif ?
Henry Kissinger avait dit un jour : "Quand on ne sait pas où l’on va, tous les chemins mènent à nulle part". L’artisan de la politique étrangère américaine, insistait toujours sur l’importance de la clarté d’objectifs dans la prise de décision, alors que sans une direction précise, les efforts diplomatiques déployés peuvent être inefficaces, menant à des résultats insatisfaisants, notamment dans des situations complexes où des positions floues ne peuvent que prolonger l’impasse et entraver les solutions durables.
Le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 49e anniversaire de la Marche verte a bel et bien constitué un pas décisif dans cette direction de clarté et de responsabilité, lorsqu’il a voulu faciliter la tâche à l’Organisation des Nations Unies, en l’invitant tout d’abord à trancher définitivement entre le réalisme et l’utopisme, afin qu’elle puisse agir de manière précise et efficace pour résoudre ce conflit persistant, ce qui veut dire que le Conseil de Sécurité ne peut pas se dispenser de sa responsabilité qui consiste à exposer avec clarté la différence entre le Maroc qui s'efforce de consolider au niveau de ses provinces sahariennes, une réalité tangible, fondée sur le droit et la légitimité, et ceux qui sont détachés de la réalité et ne cessent d'instrumentaliser cette affaire pour servir leurs agendas cachés.
Dans ce sens, SM le Roi a tenu dans son discours, à bien tracer une ligne de démarcation, claire et nette, entre ces deux mondes différents voire opposés, entre la vision réaliste et légitime du Maroc concernant le Sahara, et les approches déconnectées de la réalité, soutenues par les ennemis de son intégrité territoriale.
Si la ligne de démarcation entre ces deux paramètres reste toujours imprécise chez certains acteurs internationaux, l’heure a sonné pour que les Nations Unies prenne ses pleines responsabilités, et que le Conseil de Sécurité puisse adopter une résolution définitive sur ce conflit artificiel, notamment après avoir enterré définitivement l'option d'un référendum, et réaffirmé à maintes reprises la prééminence de la proposition marocaine d’autonomie, jouissant d’un soutien international grandissant.
Dans son discours fortement marqué par cet appel clair et ferme aux Nations Unies pour qu'elles reconnaissent cette dichotomie entre les deux paradigmes opposés, SM le Roi semble non seulement interpeler le système international au sujet de ce statu quo absolument injustifié et plus que jamais inadmissible, mais plutôt invoquer la légalité internationale, faire appel à la raison du monde, et prendre pour témoin la conscience globale afin qu'elle puisse apporter, en plus de son jugement de réalité, son jugement de valeur, pour dire non ce que sont les choses dans ce coin du monde, mais ce qu’elles valent par rapport à tout sujet conscient.
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