
Ancien ambassadeur. Chercheur en relations internationales.

L’entourage de Donald Trump qu’il faut scruter
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Le 24 janvier 2025 à 17h00
Modifié 24 janvier 2025 à 19h44Joe Biden et Kamala Harris étaient sagement assis au premier rang, derrière le nouveau président Donald Trump qui débitait son long discours. Un discours d’investiture, celui d’un homme victorieux qui a pris sa revanche tant attendue.
Il y a quatre ans, jour pour jour, le républicain Trump, vaincu et capricieux, a boudé le même événement. Il ne voulait pas s’infliger, aux yeux de ses partisans comme de ses adversaires, une humiliante situation, indigne de sa personne. Il ne voulait pas paraitre dans les habits d’un vaincu qui accepte les résultats d’un scrutin "biaisé", selon lui. Quatre ans, donc, de traversée de désert qui lui ont permis de resserrer les rangs du Parti républicain, tout en faisant face à de multiples procès devant la justice. Il était temps de savourer cette victoire tant méritée. Et il la célébrait de la belle manière.
Trump n’a rien trouvé de mieux que d’annoncer que ce 20 janvier 2025 est un grand jour de libération, comme si le pays venait de sortir d’un protectorat douloureux. Un âge d’or commence pour l’Amérique, le pays prospérera et sera respecté durant mon mandat, dira-t-il. Puis de lancer des attaques frontales contre l’administration sortante, qui n’a pas su gérer les crises, alors que le bilan politico-économique des démocrates est tout à fait honorable et loin d’être catastrophique. Il annonça que son premier dossier serait celui de l’immigration à laquelle son administration compte s’attaquer en premier.
La gestion de ce dossier épineux mettra Washington en confrontation directe avec son voisin du sud qu’est le Mexique. Peu importe les conséquences pour Trump, et tous les clandestins y seront renvoyés et les frontières seraient hermétiquement fermées et contrôlées. Plus de droit du sol, et les demandes d’asile ou de migration se feraient par conséquent de l’étranger, et non une fois arrivées sur le territoire américain. Et tant qu’à faire, le Golfe du Mexique lui-même serait rebaptisé, selon Trump, le Golfe d’Amérique. Quant au canal de Panama, il compte tout bonnement se réapproprier la gestion dans l’espoir de contrôler le commerce chinois. Pour commencer, quoi de mieux pour annoncer la couleur que de se retirer des accords de Paris sur le climat et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ?
Sur le plan domestique, Trump a insisté sur deux pôles stratégiques sur lesquels il a placé ses plus proches. Il veut rétablir la liberté d’expression en mettant fin à la censure gouvernementale. Il affirme ouvertement vouloir soutenir les entreprises des médias sociaux, dont les trois principales, Meta, X et Amazone, étaient représentées par leurs présidents, Mark Zuckerberg, Elon Musk et Jeff Bezos. Il a appelé ensuite à une urgence énergétique nationale pour une plus grande production. Il a répété son mot fétiche : forez, forez, forez, pour signifier : ne tenez pas compte de l’environnement.
Pour faire plaisir à la frange la plus conservatrice de son électorat, Trump a affirmé, officiellement cette fois-ci, qu’il n’y a dans la société américaine que des hommes et des femmes, faisant ainsi abstraction des droits des homosexuels et des transgenres. Un discours aux forts accents conservateurs qui plait fortement à son électorat qui a voté pour lui, et qui espère être rassuré quant à ses valeurs et à ses traditions. Ce discours, qui a détaillé le programme électoral sur un ton victorieux et rassurant, répond absolument aux attentes des Américains qui ont voté pour lui.
Trump s’est laissé emporter dans des élans lyriques qui finissaient par de longues ovations. Comme quand il affirmait que, sous sa houlette, les États-Unis étaient déjà une nation en pleine croissance, une nation qui accroit sa richesse, étend son territoire, construit ses villes, élève ses attentes et porte son drapeau vers de nouveaux et magnifiques horizons. Nous poursuivrons notre destinée, dira-t-il, vers les étoiles en lançant des astronautes américains pour planter les étoiles et les rayures sur la planète Mars, faisant ainsi allusion au drapeau américain et au projet de son ami Elon Musk.
L’équipe de Trump
Pour appliquer ce programme qu’il veut très ambitieux, Trump s’est entouré de fidèles et de gens d’expérience. On pourra évoquer les plus éminents, comme la cheffe de cabinet qui sera Susie Wiles, connue dans les milieux politiques comme une dame de grande discrétion. Cette consultante républicaine a codirigé sa campagne d’une main de fer. Elle est la première femme de l’histoire américaine à occuper ce poste qui a toujours été chapeauté par des hommes. Wiles a mené toute sa carrière toute proche de Trump en Floride et, de ce fait, ne connait pas suffisamment le fonctionnement de l’appareil fédéral géré à partir de Washington.
Elle sera épaulée dans ses tâches par un autre chef adjoint en la personne du jeune Stephen Miller âgé de 39 ans. Celui-ci est connu pour sa radicalité et son implication dans l’idéologie MAGA, Make America Great Again. Pendant le premier mandat de Trump, Miller occupa un des postes de conseiller auprès du président et, malgré son jeune âge, il a déjà accumulé une certaine expérience qui va le servir. À ses côtés, on trouvera d’autres conseillers comme Dan Scavino et James Blair. Caroline Leavitt sera, à 25 ans, la plus jeune porte-parole de la Maison-Blanche de toute l’histoire américaine.
Au niveau du gouvernement fédéral, Marco Rubio est confirmé à la tête du Département d’État pour gérer la diplomatie américaine. Longtemps un adversaire résolu de Trump en Floride mais aussi au sein du parti républicain, Rubio aura la charge d’appliquer la politique de Trump à l’échelle internationale. Mike Waltz dirigera l’autre département qui travaille étroitement avec le Département d’État, à savoir le Conseil national de sécurité ou le NSC. Comme Marco Rubio, il est lui aussi de la Floride, fief de Trump. Chose rare chez les républicains, Waltz entretient de bonnes relations avec Jake Sullivan, le démocrate qu’il remplace à ce même poste.
Waltz a annoncé ses priorités, qu’il a résumées comme suit : paix en Ukraine, pression maximale sur l’Iran, expulsion des immigrants clandestins et leadership américain sur l’Occident. À côté de Waltz officiera Sebastien Gorka, d’origine hongroise qui sera à la tête de la direction du contre-terrorisme et qui inquiète par son idéologie extrême. Il est obsédé par l’idée d’affrontement entre les mondes judéo-chrétien et musulman. Il se présente dans le cercles politiques comme un spécialiste de la menace djihadiste, alors qu’il ne parle pas arabe et n’a jamais vécu dans un pays musulman. John Bolton, le plus anti-marocain des républicains, l’a désigné une fois comme un escroc.
Au niveau des affaires domestiques, Kristi Noem sera quant à elle chargée de la sécurité intérieure à côté de Tom Homan, nommé directeur de l’Agence du contrôle des frontières et de l’immigration, le même poste qu’il occupait durant le premier mandat de Trump. Celui-ci l’apprécie beaucoup et le surnomme le Tsar des frontières. Car c’est Homan qui a lutté, sans état d’âme, pour rendre les frontières hermétiques et mis en place une ligne téléphonique pour dénoncer les immigrés clandestins.
Pour la justice, Trump propose Pam Bondi, procureure générale, elle aussi de la Floride. Le président avait soumis pour ce poste un autre nom en la personne de Matt Gaetz, puis s’est révisé suite à des révélations de scandales sexuels dans lesquels ce dernier était mêlé. Bondi est très proche de Trump et le conseille souvent sur la pratique des lois et surtout comment en jouer. C’est elle qui l’a défendu lors de la demande de destitution contre lui lancée par les démocrates en 2019. Et c’est encore elle qui a promu, et fait le service après-vente des accusations de fraudes électorales après la défaite de Trump à la fin de la même année.
Les agences de renseignements seront également gérées par de nouveaux profils proches du président comme Kash Patel, pressenti pour le FBI, et John Ratcliff pour la CIA. Patel est un personnage clivant et problématique, avocat de métier, il est connu pour être proche des milieux conspirationnistes américains. Il a par le passé publié une liste de personnes à poursuivre devant la justice, dont le directeur du FBI qu’il remplace, Christophe Wray, l’ancien secrétaire à la Justice, et même le président Biden. Ce fils d’immigrés indien est lui aussi de la Floride. À l’opposé, Ratcliff, qui dirigera la CIA, parait plus pragmatique et apprécié pour ses audacieuses approches politiques.
Ce n’est pas le cas de Peter Hegseth qui prendra en charge le Pentagone et la gestion des armées américaines. Beaucoup se demandent, là encore, comment un tel personnage a pu atterrir en ce lieu sensible et stratégique. Diplômé de l’université de Princeton, il a suivi un programme de formation des officiers de réserve pour se voir envoyé à la base militaire américaine à Guantanamo, puis en Irak et en Afghanistan. De retour, il intègre la vie civile en s’engageant comme commentateur sur Fox News, où il s’opposait au mouvement woke et à la participation des femmes aux armées. Selon certains médias américains, il n’a aucune compétence pour la gestion du Pentagone qui dispose d’un budget de 800 milliards de dollars et de milliers de fonctionnaires.
C’est son département, le Pentagone, qui sera dans le collimateur d’Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète pour qui Trump a créé un département à sa mesure, celui de l’efficacité gouvernementale. Cette nouvelle entité compte procéder à des coupes dans les budgets et les dépenses pour faire des économies et lancer de nouveaux projets. Trump a déjà annoncé un budget colossal de 500 milliards de dollars d’investissements pour développer de gigantesques data centers d’intelligence artificielle, dont les entreprises, comme celles de Musk, en bénéficieront les premières. Ce dernier rêve de deux choses : une mainmise sur la communication internationale, et mettre un jour le pied sur la planète Mars.
Ce ne sont là que quelques noms de certaines importantes personnalités américaines appelées à gouverner à côté de Trump, dans une longue liste qui reste encore à déchiffrer, à analyser et à suivre. Ces responsables animeront le nouveau gouvernement et, comme lors du précédent mandat, certains quitteront le navire dès que le vent tournera. Le vice-président James David Vance, âgé seulement de 40 ans, se prépare dès maintenant à assurer la survie des républicains après l’ère Trump, pour deux autres mandats successifs, espère-t-on. Avec le mandat de Trump, et les deux à venir pour De Vance, cela fera donc douze années au total, Inchallah pourrait-on dire, pour transformer l’Amérique de fond en comble, si les Américains voudront toujours d’eux.
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