
Ancien ambassadeur. Chercheur en relations internationales.

Une brève histoire de l’Occident (1/2)
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Le 15 novembre 2024 à 15h20
Modifié 16 novembre 2024 à 14h04Depuis des siècles, l’Occident s’est imposé comme une puissance mondiale, régissant les équilibres géopolitiques et économiques au gré de ses intérêts. De la chute de Rome à la conquête des Amériques, en passant par l’héritage scientifique et culturel des civilisations islamiques, l’histoire de l’Occident est marquée par des transformations profondes, mais aussi par une exploitation des ressources et des populations du Sud. Dans cette chronique, Ahmed Faouzi retrace les grandes étapes de cette trajectoire, interrogeant les fondements et les contradictions d’une domination qui façonne encore notre monde.
Nous avons grandi avec cette sempiternelle interrogation que nos parents et nos aïeuls se sont eux-mêmes posées. Quand s’arrêtera cette propension occidentale de vouloir régenter le monde à l’aune de leurs seuls intérêts ? L’Occident a imposé au reste du monde ses valeurs occidentales et mené une exploitation sans scrupule des ressources naturelles des pays du sud au détriment des populations de ces derniers jusqu’à nos jours.
Pour mieux saisir cet Occident, seule l’histoire peut nous enseigner sur sa véritable essence. La formation de cet ensemble commence au milieu du troisième siècle de notre ère quand l’empire romain se divisa entre l’Empire Romain d’Occident, utilisant l’alphabet latin, au tour de Rome, et l’Empire Romain d’Orient dont la capitale est Constantinople qui deviendra plus tard Istanbul. Le déclin de Rome au cinquième siècle et sa chute précipitera tout l’Occident dans des guerres intestines sans fin. À partir du 7e siècle, la civilisation islamique montante trouvera les conditions idoines pour conquérir toute la méditerranée, l’Afrique du Nord et l’Espagne.
Il faut attendre le 11e siècle pour voir les turcs, ou les Ottomans, encercler l’Occident à l’Est de la Méditerranée pour affaiblir la Grèce et préparer la prise de Constantinople. Ce rapport de force sera l’un des facteurs qui déclencheront les croisades occidentales en terre d’Islam ou, selon la littérature chrétienne, la terre sainte. C’est durant cette période que les chrétiens se scindent entre Rome et Constantinople, entre catholiques et orthodoxes d’Orient, ce qui aidera plus tard à la conquête de Constantinople par les musulmans au 15e siècle.
Si l’empire romain d’Orient s’effondre au profit des musulmans en 1453 par la prise de Constantinople, l’Ouest européen connait, à l’opposé, la progression de la Reconquista qui mettra fin à la dernière dynastie musulmane en Espagne en 1492. Pendant ce 15e siècle, l’Occident connaitra également un autre événement majeur qu’est la réforme protestante qui bouleversa le christianisme lui-même. Mais le plus important pour l’Occident était l’héritage civilisationnel légué par les musulmans en Espagne qui allait aider à déclencher la découverte du Nouveau Monde.
L’héritage musulman en Occident
La perte de l’Orient pour les occidentaux allait changer fondamentalement le cours de l’histoire. En les privant de la première route de la soie qui passait par Constantinople et la méditerranée orientale, elle poussa les européens à explorer de nouvelles routes vers l’Inde, et à la découverte des Amériques. Cette nouvelle aventure, initiée pour contourner les menaces des musulmanes, allait bouleverser l’histoire humaine au-delà de sa sphère méditerranéenne.
Les européens, et plus particulièrement les portugais et les espagnols, ont hérité des savoirs et sciences développés par les arabes durant des siècles en Andalousie qui vont les aider dans leur expansion hors Europe. Les arabes avaient introduit de nouvelles sciences et méthodes de réflexion rationnelles et les avaient traduites en latin. Du VIII e au Xe siècle, d’importants efforts furent déployés pour traduire et améliorer ces connaissances scientifiques et philosophiques anciennes vers l’arabe, puis après vers le latin.
Tout cet héritage découlait en fait des accumulations des autres civilisations égyptienne, phénicienne, grecque et perse, entre autres. Un vif intérêt s’est développé pour la culture grecque et sa philosophie rationnelle que l’Europe avait délaissée depuis longtemps. En réalité, les traductions arabes étaient courantes depuis le IXe siècle comme avec Bayt Al-Hikma, la Maison de la Sagesse, pendant la période abbasside. Elles n’ont jamais cessé et seront encore intensifiées après la chasse des musulmans et des juifs de l’Andalousie.
Les Arabes Andalous, ont joué un rôle fondamental en tant que catalyseurs culturels et civilisationnels en établissant, à cette époque déjà, un dialogue intellectuel intéressant entre l’Orient et l’Occident. L’intégration intelligente de la philosophie grecque à la pensée islamique a contribué à l’essor des sciences, de la médecine, de l’architecture et des arts. Des penseurs comme Al-Fârâbî, Avicenne, Averroès et Al Ghazali ont raffiné l’héritage grec plaçant ainsi la raison au cœur même de la compréhension du monde. Ces connaissances vont aider, par ricochet, l’Occident à une expansion hors de la Méditerranée.
À la découverte du Nouveau Monde
L’arrivée des Européens, Portugais, Espagnols, Français et Britanniques, aux Amériques allait transformer radicalement le continent américain découvert au XVe siècle. La pression européenne en Méditerranée, repoussée par les musulmans, allait se déverser sur le Nouveau Monde au détriment des populations locales. Cette colonisation occidentale fût brutale et n’apporta que ruine et destruction. 80% des natifs furent décimés par des génocides volontaires perpétrés par les Européens, le reste le sera par les maladies importées de l’Europe.
L’exploitation des mines d’or, des cultures de la canne à sucre du tabac et de bien d’autres produits rapportaient des profits substantiels à l’Europe. Pour assurer la croissance, les colonisateurs européens, qui avaient anéanti les tribus locales, avaient besoin de plus de main-d’œuvre bon marché. C’est le début d’une autre aventure qui s’annonce, plus sanglante encore et inhumaine. Le commerce triangulaire, ou la traite négrière, reliant l’Occident européen, l’Afrique et l’Amérique devient florissant à partir du XVIe siècle. L’Occident vide ainsi l’Afrique de sa force de travail pendant au moins deux siècles jusqu’au XIXe siècle quand l’esclavagisme sera aboli.
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