La 10è conférence du Capital Investissement au Maroc de l'AMIC
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02-06 “L'essor du capital-investissement marocain requerra plus que les 23 sociétés de gestion actuelles” (Benlafdil)
En marge de la 10e conférence de l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC) le 31 mai dernier, Médias24 s'est entretenu avec le président de la commission Études et statistiques de l'association, Farid Benlafdil.
L'occasion de revenir sur certains éléments évoqués durant la conférence, comme l'évolution du cadre réglementaire autour du secteur ou encore les leviers actionnables pour attirer les investissements des privés marocains, mais aussi sur le tissu du capital-investissement au Maroc et son évolution au cours des vingt dernières années, d'après les données récentes de l'AMIC. Entretien.
Médias24 : Durant la conférence de l’AMIC, la présidente de l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a annoncé que le nouveau cadre réglementaire allait booster le secteur. Comment ce nouveau cadre va-t-il dynamiser le secteur ?
Farid Benlafdil : Ce nouveau cadre réglementaire, qui arrivera d’ici quelques semaines dans l’attente de la publication de la nouvelle loi, viendra introduire la notion des fonds RFA (Règles de fonctionnement allégées). Quand vous avez un tour de table avec des investisseurs professionnels, le process pour obtention de l’agrément du fonds sera plus rapide par rapport à l’ancien cadre réglementaire.
- Les institutionnels sont attendus de pied ferme pour faire décoller le secteur du capital-investissement. Qu’est-ce qui pourrait, selon vous, les faire adhérer au Private Equity pour mieux jouer le jeu qu’il y a deux décennies ?
- Il faut revenir à la première génération des fonds levées et investis entre 2000 et 2005. Les fonds levés auprès d’investisseurs marocains représentaient 73%, avec 8 fonds d’investissement et un total de 1 milliard de dirhams. Avec la génération 2006-2011, cette part a baissé à 48%, avec un total de fonds levés de plus de six milliards de dirhams, puis à 34% avec la 3e génération 2012-2016. Ce n’est qu'à la dernière génération 2017-2022, avec plus de 8 milliards de dirhams levés, que cette part est repartie à la hausse pour atteindre 46% des fonds levés, mais elle reste faible.
Madame la ministre de l’Economie et des finances, Nadia Fettah, l’a bien rappelé lors de la 10e Conférence de l’AMIC : certains investisseurs ont vécu de mauvaises expériences lors du démarrage du capital-investissement au Maroc. Il faut oublier ces expériences et participer de nouveau au développement de ce mode de financement.
Ce qui les fera revenir, c’est l’expérience des équipes de gestion, des sociétés de gestion indépendantes, des rendements à deux chiffres sur les dernières sorties, des sorties à travers la Bourse de Casablanca, des cessions stratégiques et sur le marché secondaire, ainsi que la taille des tickets d’investissement.
- Durant la 10e conférence annuelle de l’AMIC, certains panélistes ont évoqué, dans le monde du capital-investissement au Maroc, le manque de diversité au niveau des investisseurs et des segments d’investissement. Partagez-vous ce constat et, si tel est le cas, comment l’expliquer ?
- Dans le capital-investissement, vous avez 4 catégories : le capital-risque ou le capital-création, le capital-développement, le capital-transmission et le capital-retournement.
Quand on prend les statistiques du marché marocain depuis l’année 2000, les sociétés de gestion font majoritairement du capital-développement (73% à fin 2022 en valeur et 51% en nombre d’opérations). C’est le résultat d’une politique d’investissement convenue entre les sociétés de gestion et leurs bailleurs de fonds pour financer la croissance des entreprises marocaines et la création d’emplois.
Pour le capital-risque, le véritable démarrage a été effectué en 2019 avec l’initiative Innov Invest de Tamwilcom. En 2022, 66% des opérations d’investissement ont été réalisées dans le capital-risque et capital-amorçage (18 projets financés avec un total de plus de 800 millions de dirhams). À fin 2022, cette catégorie du capital-investissement représentait 35% en nombre d’opérations et 8% en valeur.
Il reste donc le capital-transmission et retournement. Pour le capital-transmission, les banques jouent un rôle important, notamment dans la réalisation des montages LBO (Leverage Buy Out). Il a fallu plusieurs années pour voir des banques marocaines accepter ce type de transaction en donnant uniquement le nantissement des actions achetées en garantie. Le caractère familial des entreprises marocaines était aussi un frein pour voir cette catégorie de capital-investissement se développer au Maroc. À fin 2022, le capital-transmission représentait uniquement 13% en nombre d’opérations et 18% en valeur.
Quant au capital-retournement, cette variante du capital-investissement désignant les fonds apportés à une entreprise en difficulté financière, un certain nombre d’entreprises peuvent éviter la liquidation en trouvant l’investissement dont elles avaient besoin pour traverser une passe difficile. Cette catégorie nécessite des experts métiers qui peuvent orienter la stratégie de l’entreprise en difficulté et engager sa restructuration. Cette catégorie de capital-investissement représente uniquement 1%.
Pour conclure, le développement de ce mode alternatif de financement au Maroc ne peut pas se faire uniquement avec les 23 sociétés de gestion actuelles. Une société de gestion ne peut pas faire plus de 3 ou 4 transactions par an. La durée d’investissement d’un fonds est de 4 ans seulement. Il faut encourager la naissance de nouvelles équipes de gestion, et cela ne peut se faire sans la confiance des investisseurs privés et publics.
En termes de ticket d’investissement, le ticket moyen est passé de 43 MDH dans la 2e génération à plus de 100 MDH entre 2017 et 2022, le résultat de l’augmentation de la taille des fonds sur les dernières années.
Si vous voulez que l'information se rapproche de vous
Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp01-06 Ce qu'il faut faire pour drainer plus de capitaux dans le private equity au Maroc (conférence AMIC)
Le premier panel présent lors de la 10e conférence du Capital Investissement de l’AMIC a abordé la problématique des différents chemins à emprunter pour mobiliser des capitaux vers le Private Equity (PE) au Maroc.
Avec l’arrivée du Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I), l’industrie du capital investissement s’apprête à prendre un nouveau virage, notamment grâce à l’implication des institutionnels privés marocains, encore peu présents sur cette classe d’actifs.
La ministre de l’Economie et des finances, Nadia Fettah, a évoqué avec franchise, lors de la conférence de l’AMIC, les ratés de cette coopération il y a une vingtaine d’années, lors du lancement de l’industrie du capital investissement. "Je pense qu’il y a un post-mortem à faire. Il y a des expériences qui se sont mal passées il y a quelques années et qui ont fait que les institutionnels ne viennent pas et que les privés ne sont jamais venus. Il faut le dire. Ces institutionnels sont très accompagnés par les régulateurs et doivent avoir cette conversation avec le capital marocain pour pouvoir le mobiliser davantage", a souligné la ministre.
L’occasion pour le premier panel de la conférence de revenir sur les éléments à mettre en place pour mobiliser plus de capitaux vers le Private Equity ainsi que leurs attentes concernant les fonds.
Améliorer la diversité des segments d’investissement disponibles au Maroc
Le directeur Maroc de la BERD, Antoine Sallé De Chou, est revenu notamment sur les expériences de la banque de développement en Europe de l’Est et en Turquie dans le PE.
Pour le directeur Maroc de la BERD, le Maroc a besoin de mobiliser plus de fonds pour faire décoller son industrie du capital investissement. Mais ce n’est pas là que le plus gros effort est à fournir. Revenant sur ses précédentes expériences, il raconte : "Le focus n’a pas été mis sur le déploiement du capital en soi, mais plutôt sur la façon de créer une industrie du PE qui soit diversifiée. Le sujet au Maroc n’est pas tant sur le niveau de mobilisation du capital mais sur le manque de diversification, qui est aujourd’hui un risque pour la profession. La BERD est ici depuis dix ans et le paysage du PE n’a pas beaucoup changé sur le plan des investisseurs, encore dominé par les banques de développement. Cela a même régressé, surtout depuis la période post-Covid. Un autre aspect est qu’il n’y a pas assez de nouvelles équipes de gestion."
Pour le reste des facteurs, à savoir le dealflow ou encore la liquidité, le Maroc fait bonne figure avec une jeune génération d’entrepreneurs qui sont bien plus ouverts au capital investissement et aux désirs d’expansion à l’international. "Le second point important, c’est la possibilité de pouvoir adresser un marché avec assez de dealflow. Il faut que cela soit assez diversifié en termes de risque. Il faut des tailles critiques à atteindre pour attirer des investisseurs dont les tickets commencent à 20 ou 30 millions d’euros. Je pense qu’en termes de dealflow au Maroc, on a une bonne dynamique. C’est un must have dans les portefeuilles africains", explique-t-il.
Pour le directeur Maroc de la BERD, ce qui mériterait une attention particulière, c’est une ouverture des différents segments d’investissements pour faire venir de nouveaux investisseurs. "En Turquie et en Europe de l’Est par exemple, on a un marché dynamique avec big cap, small cap, mid cap, VC, immobilier, infrastructures… Au Maroc, nous sommes peut-être encore dans une industrie du PE qui a un biais vers le capital investissement traditionnel. Je pense que le FM6 va avoir un rôle clé, celui d’ouvrir de nouveaux compartiments, notamment le venture capital, encore naissant au Maroc lorsque l’on sait que les startups marocaines ont levé l’an dernier 30 fois moins que leurs homologues kényanes", souligne-t-il.
Supprimer le risque de l’investissement privé et améliorer la coopération DFI / institutionnels
L’un des autres panélistes, Xavier Reille, directeur Maghreb de l’IFC (International Finance Corporation), est revenu sur les attentes des investisseurs institutionnels des fonds et du marché du PE. Au-delà de la performance financière et ESG, Xavier Reille met également l’accent sur la mobilisation des investissements privés.
"Quand on regarde les tendances au Maroc avec 23% de financement via DFI sur la période 2000-2010, et actuellement à 65% des levées effectuées par ce biais, ce n’est pas du tout satisfaisant et ce n’est pas notre mission. Notre mission est de mobiliser et dérisquer l’investissement privé. Donc nous devons travailler ensemble pour mobiliser plus d’investisseurs privés marocains et aussi internationaux", explique le directeur Maghreb de l’IFC.
L’un des moyens d’y parvenir repose selon lui sur une meilleure communication des atouts du pays et du continent en appuyant la communication sur les réformes sectorielles en cours, la nouvelle Charte de l’investissement, etc. "Nous assistons à un point d’inflexion actuellement, il est nécessaire que les investisseurs le sachent. Nous vendons aussi la stabilité économique et politique du pays. En plus de vingt ans, le dirham a très peu bougé, de l’ordre de 5%, du jamais vu sur les marchés émergents", précise-t-il.
Pour lui, il est nécessaire d’instaurer une meilleure coopération entre les DFI et les institutionnels. "Il faut voir comment mieux partager notre expérience et notre politique d’investissement afin d’avoir pour objectif de doubler la part des institutionnels sur le marché marocain. Il faudra également faire venir les investisseurs internationaux. Le dernier point serait le dealflow. Il faut plus de dealflow et plus d’équipes de gestion qui travaillent avec un modus operandi qui ait plus à chercher le deal dans différents secteurs. Il faut arriver à aller plus en amont pour arriver à faire éclore un bon pipeline de projets", conclut-il.
Mais qu’en disent les institutionnels justement ? Eux qui seront amenés à jouer un rôle clé dans ce virage de l’industrie du capital investissement. Bachir Baddou, directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR) s’est exprimé sur le sujet, concernant son secteur.
Le secteur des assurances pourrait investir jusqu’à 30 MMDH dans le PE
Parmi les grands institutionnels du pays, il y a les compagnies d’assurances, grandes collectrices d’épargne. Ces dernières disposent d’un montant important d’actifs sous gestion de plus de 220 MMDH. "Ce qu’il faut savoir, c’est que l’investissement dans l’equity est important. Pas dans le PE à proprement parler, mais plutôt dans les actions cotées, qui représentent plus de 45% du total des actifs sous gestion des entreprises d’assurances. Cela démontre un appétit d’investir dans de l’equity", explique le DG de la FMSAR.
En effet, le PE, lui, représente seulement 8% du total de l’actif sous gestion du secteur des assurances, soit 18 MMDH, dont une grande partie d’actifs stratégiques (transport, télécommunications, tourisme...).
Comme annoncé au début, les institutionnels, déçus par les expériences d’il y a 20 ans, se sont éloignés du secteur. Cependant, une appétence émerge de nouveau depuis 2 à 3 ans. "Il y a un regard plus positif sur le Private Equity, nous le sentons", confie Bachir Baddou.
Il poursuit : "Nous sommes un secteur très régulé et nous avons des limites d’investissement par classe d’actifs. Sur le PE, nous pouvons tabler sur 15% de nos provisions techniques, soit près de 30 MMDH. Nous en sommes très loin. Cependant, le PE va être de plus en plus privilégié par les assureurs, nous l’avons compris depuis deux ou trois ans. Cela vient du fait qu’il y a eu une baisse importante des taux avec une bourse de Casablanca qui n’était pas au meilleur de sa forme. Les assureurs cherchent donc un complément de rendement avec l’obligataire et les actions cotées."
Un appétit qui a été catalysé depuis le début d’année, notamment suite à une très forte hausse de la courbe des taux. "La hausse début 2023 a eu un impact très fort sur les plus-values latentes des assurances. La baisse de nos stocks de plus-value latente est assez inquiétante. Ce qui fait que nous regardons vers d’autre classe d’actifs qui n’était pas privilégiées par les assureurs", explique le panéliste.
En plus de l’attrait boosté par la conjoncture, la liquidité offerte par le secteur du PE, notamment des fonds de PE, séduit les institutionnels. "Pour une entreprise d’assurance, ce qui est fondamental c’est la liquidité, même si nous sommes investisseurs à long terme. Nous faisons des arbitrages et nous ne pouvons parfois pas attendre le long terme. Les OPCC (organismes de placement collectif en capital, ndlr) représentent l’opportunité de savoir que nous investissons dans quelque chose de beaucoup plus liquide que si nous intervenions directement sur de l’equity. Les assureurs seront beaucoup plus ouverts pour investir dans des fonds que d’aller directement investir dans du PE", conclut Bachir Baddou.
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La 10e conférence du capital investissement au Maroc de l'AMIC
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Capital-investissement : “Le Fonds Mohammed VI permettra de passer un cap pour entrer dans la cour des grands” (Ben Ahmed)
Ce mercredi 31 mai, l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC) organisait à Casablanca la 10e édition de la conférence annuelle du capital-investissement.
L'occasion de revenir sur les leviers à actionner pour catalyser la mobilisation des capitaux vers le private equity au Maroc, ou encore de relater des success stories d’entrepreneurs ayant recouru à des fonds de capital-investissement pour introduire leur société en bourse.
Médias24 a pu s’entretenir avec Hatim Ben Ahmed, président de l’AMIC et managing partner chez Mediterrania Capital. Le porte-parole du secteur évoque les accomplissements de l’industrie en 2022, ainsi que les perspectives qui se profilent dans un contexte d’effervescence autour du rôle que va jouer le Fonds Mohammed VI pour l’investissement. Interview.
La baisse des levées de 38% est causée par un changement de focus des investisseurs internationaux, et notamment des privés
Médias24 : 2022 a été une année record pour l’industrie du capital-investissement en termes de désinvestissement. Les levées, en revanche, ont baissé de 38% et les montants investis ont reculé de 21% par rapport à 2021. Comment expliquer cela ?
Hatim Ben Ahmed : 2022 a été en effet une année record en termes de désinvestissement et nous en sommes très heureux. Il y a eu deux belles introductions en bourse, avec notamment Disty Technologies et Akdital, et de nombreuses cessions stratégiques ou de fonds à fonds. Cela est une belle preuve de maturité d’industrie.
La baisse des levées de 38% l’an dernier provient de différents facteurs et est continentale. En Afrique, les montants levés l’an dernier ont chuté de moitié à 2 milliards de dollars. Cela est principalement causé par un changement de focus des investisseurs internationaux, et notamment des privés, qui ont réorienté leurs investissements vers leurs zones de prédilection. Inflation oblige, un certain nombres d’arbitrages ont dû être faits.
Dans le monde de la Banque de développement (DFI ‘Development Finance International’, ndlr), il y a eu je pense un recentrage des priorités pour certains acteurs vers l’Europe de l’Est du fait de la guerre en Ukraine et vers les autres priorités comme le climat. Le continent en a pâti, et le Maroc également, car une partie significative des investisseurs dans le Royaume sont les DFI.
Pour les investissements, il s’agit d’un effet de coupure par rapport à l’année 2021, donc c’est difficile de mesurer une baisse sur une année calendaire pure. Il n’y a eu aucun événement principal qui a pu justifier ça. L’activité est bonne, donc peut-être que certains confrères ont eu des closings qui ont eu lieu plutôt au premier trimestre 2023.
Nous possédons un marché ouvert, plutôt rythmé et l’on a encore beaucoup d’opérations primaires
- Souvent, les investisseurs disent qu’il y a une problématique récurrente de dealflow au Maroc, avec trop peu de projets bankable ? Est-ce toujours le cas et comment avez-vous vu la situation évoluer au cours de ces dix dernières années ?
- Personnellement, je n’entends pas les investisseurs dire ça. Généralement, ceux qui le disent n’investissent pas. La réalité, c’est que les acteurs structurés de capital-investissement depuis quinze ans investissent chaque année. Quand je vois les transactions effectuées par les confrères au sein de l’AMIC, je dirais que nous possédons un marché ouvert, plutôt rythmé et que l’on a encore beaucoup d’opérations primaires, à savoir des premières ouvertures à du capital-investissement. Nous avons donc un marché très profond et nous avons un début de marché secondaire sur des sociétés qui ont pris un peu de maturité, et où un fonds revend à un autre fonds.
Je pense que le marché est vraiment en ouverture. En Europe, pour information, plus de la moitié des transactions de capital-investissement se font en secondaire, c’est-à-dire de fonds à fonds. Nous sommes aux prémices de cela et, de fait, il y a un marché gigantesque devant nous. Tous secteurs confondus, je ne vois que de belles choses sur les dealflows, avec une situation bien meilleure que celle d’il y a dix ans du fait aussi du progrès de notre économie.
Au sein de l’AMIC, une grande partie des confrères vont soumissionner à l'AMI du FM6I et proposer un projet
Un nouveau cap pour l'industrie
- Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement va modifier la face de l’industrie du capital-investissement. Comment l’industrie accueille-t-elle cette arrivée et qu’est-ce que cela va changer ?
- Pour ce qui est de cette initiative, l’industrie l’accueille avec beaucoup de joie. Nous pensons que c’est conçu de façon à donner un véritable coup de boost à l’activité. Je pense que les équipes du Fonds Mohammed VI sont à la recherche de société de gestion qui vont leur proposer des stratégies qui entrent dans la stratégie du fonds. Au sein de l’AMIC, une grande partie des confrères vont soumissionner et proposer un projet. Tout le monde ne sera pas retenu dans le cadre de la première phase, mais je pense que tout le monde jouera le jeu et proposera un projet, en souhaitant qu’une majorité soient retenus.
Ce choix du Fonds Mohammed VI pour certaines sociétés de gestion permettra ensuite, normalement, de lever de l’argent auprès d’investisseurs privés marocains et autres, en ayant eu ce cachet de qualité proposé par le Fonds Mohammed VI dans le cadre de sa vérification et revue des dossiers. Nous croyons beaucoup en la réussite de cette initiative et son apport à l’économie. Cela va nous permettre de passer un cap d’actifs sous gestion et nous faire entrer dans la cour des grands dans notre industrie.
L’enjeu est de demander aux institutionnels marocains de regarder vers l’avant et non en arrière
- Vous aviez dit lors de la présentation des résultats 2022 de l’AMIC qu'"il va falloir pousser les acteurs du privé à aller sur cette classe d’actifs. Beaucoup de privés marocains ont accompagné l’émergence du secteur au début des années 2000, mais n’ont pas suivi les générations suivantes car c’était un secteur en progrès". Comment comptez-vous les faire passer à l’acte et, surtout, pourquoi les privés n’investissent-ils pas déjà dans cette catégorie d’actifs ?
- C’est tout une confiance à établir entre des acteurs comme nous et les institutionnels marocains. En effet, certains ont accompagné le mouvement il y a quinze, vingt ans. Malheureusement pas toujours avec beaucoup de succès, puisque l’industrie était totalement naissante à l’époque. L’enjeu est de leur demander de regarder vers l’avant et non en arrière.
La Maroc a beaucoup changé en quinze ans et les institutionnels le savent. Ils voient bien que le capitalisme marocain a beaucoup progressé depuis vingt ans. Forcément, nous, capital-investissement, nous sommes là en soutien de l’évolution des entrepreneurs et de l’économie réelle. Nous prenons en maturité quand le capitalisme marocain prend en maturité. Nous avons bénéficié de cette évolution de l’économie, et nous nous sommes améliorés en vingt ans.
L’important est de regarder le paysage et de le soutenir en investissant. Je rappelle que le capital-investissement, dans l’allocation moyenne mondiale chez les institutionnels internationaux, est de 15%, voire 20% dans certains cas où il y a de l’appétit pour le private equity, mais la moyenne est vers 15%. Au Maroc, ces ratios sont très faibles pour certains institutionnels et de moins de 5% pour d’autres, donc nous sommes très loin des ratios internationaux. Nous sommes capables de générer un surplus de rendement pour ces institutionnels-là.
Le Fonds Mohammed VI est une bonne première étape pour rétablir cette confiance et redémarrer la collaboration avec les équipes du capital-investissement. Je pense que lorsque les institutionnels marocains joueront le jeu, ce sera plus simple pour nous d’inviter les family offices et peut-être les entrepreneurs qui voudraient tester les investissements dans notre classe d’actifs.
Les secteurs porteurs
- Étant donné les changements assez forts observés dans l’environnement mondial depuis 2019, quels sont selon vous les secteurs les plus porteurs en 2023 pour les capital-investisseurs ?
- Il suffit de voir dans quels secteurs ont été réalisés une bonne partie des derniers deals conclus. On voit que le secteur de la santé gagne au Maroc. La généralisation de l’AMO crée un marché nouveau pour le segment de la santé. Que ce soit des cliniques privées, des laboratoires pharmaceutiques, de la recherche, de la distribution, la biotech…
Sur les prochaines années, je m’attends à trouver beaucoup d’investissements des confrères dans ce secteur. Les Marocains sont en développement de pouvoir d’achat, malgré les crises successives. Dans l’espoir d’une décélération de l’inflation pour que ce pouvoir d’achat se développe davantage, cela devrait permettre de pouvoir faire redémarrer les activités qui tournent autour des FMCG (produits de grande consommation, ndlr), notamment les marques marocaines, plus accessibles que les marques étrangères. Ce segment devrait être assez porteur dans les années à venir.
- Les dirigeantes et dirigeants accompagnés par les acteurs du capital-investissement sont-ils régulièrement attirés par une sortie en IPO ?
- Au fond de lui, un entrepreneur a toujours le rêve d’aller en IPO. C’est un accomplissement personnel pour nombre d’entre eux, et le partage de la valeur pour un plus grand nombre. Après, tout le monde ne pense pas que c’est possible, alors qu’avec du travail et de l’organisation, ça l’est.
Notre métier en tant que capital-investisseurs, c’est de montrer que c’est totalement possible, que c’est une bonne chose pour l’entreprise, surtout s’il y a un bon potentiel de croissance.
- La majorité des sociétés de gestion qui sont créées (4 nouvelles en 2022) et qui entrent sur le marché du capital-investissement sont-elles spécialisées sur l’accompagnement early stage ou plutôt sur des entreprises plus matures ?
- Parmi les nouveaux confrères qui nous ont rejoints l’an dernier, il y a un peu de tout, mais la plupart sont dans le segment des PME. Ils vont pouvoir venir proposer du financement sur des tickets qui ne sont pas très bien servis au Maroc, qui sont de l’ordre de 50 MDH par opération.
Ils vont permettre de dynamiser cette tranche-là, qui va créer du dynamisme plus tard sur la tranche d’après, lorsqu’ils seront en mode de sortie, ce qui est une bonne nouvelle et qui montre que le métier est vivant.
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En live : la 10e conférence du capital-investissement au Maroc de l'AMIC
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Panel n°4 : “Start-ups et Venture Capital : le Maroc dans la cour des grands ?”
- Ghita Kniber, Kalys Ventures
- Mehdi Cherif Alami, PDG et fondateur Freterium
- Ismail Belkhayat, PDG fondateur Chari.ma
- Malik Belkeziz, PDG fondateur AgenZ
- Noureddine Amrani, pdf fondateur Koolskools
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- Aomar Elalamy, gérant Accuracy
- Rajaa Berrkia, partner MCP
- Khaoula Ramdi , managing partner chez Upline Investments
- Mohammed Nasset, managing partner Red Med
- Cécile Avizou, directrice régionale afrique du nord, Proparco
- Moulay el Amine el Hammoumi, partner, Grand Thornton Legal
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Panel n°2 : “Les recettes des success stories du Private Equity au Maroc”
- Christophe Bachelet, managing partner DLA Piper
- Omar Bekkali, Partner Africinvest
- Karim Bernoussi, fondateur et PDG d'Intelcia
- Rochdi Taleb, fondateur et PDG d'Akdital
- Younes El Himdy, fondateur PDG Disty Tehnologies
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Panel 1 : “Quel chemin pour une plus grande mobilisation de capitaux vers le Private Equity au Maroc ?”
- Patrick Larrivé, managing partner ASAFO & CO
- Bachir Baddou, directeur général de la compagnie d'assurance transport
- Kamal Mokdad, président du conseil d'administration de la Bourse de Casa
- Xavier Reille, Country Manager Maghreb IFC
- Antoine Sallé de Chou, directeur Maroc BERD
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Keynote 2 : “Impact du Fonds Mohammed VI sur l’industrie du capital-investissement”
"Cette industrie joue un rôle important de création de valeur, de richesse et d'emploi dans notre pays", rappelle à juste titre Mohamed Benchaâboun.
L'objectif est d'accélérer le rythme de réalisation. "Nous proposerons des modes de financement variés et innovants pour le développement au Maroc et à l'international", ajoute le directeur général du fonds.
"Pour les projets d'envergure et de portée stratégique, le fonds pourrait intervenir directement."
Au sujet de l'appel à manifestations d'intérêt pour la sélection de sociétés de gestion qui géreront les fonds sectoriels, Benchaâboun explique que l'objectif est de "faire émerger un secteur plus robuste".
"L'impact sur l'économie doit être beaucoup plus perceptible. Le volume des fonds gérés doit changer, ainsi que la gouvernance et la transparence."
"Le fonds entend contribuer à travers les différents mécanismes à financer jusqu’à 150 MMDH sur les cinq prochaines années. Les sociétés de gestion qui emprunteront cette voie seront accompagnées par le fonds qui sera le premier investisseur dans ces sous-fonds. J’aimerais également souligner qu’il s’agit d’un premier appel d’offres du FM6I qui concerne les domaines de l’entreprise à l’exception des startups et l’infrastructure", ajoute le directeur général du fonds.
Il a par la suite livré des explications sur le lancement d'un autre produit de financement innovant. "Le FM6I envisage de compléter son intervention en structurant un nouveau produit de dette subordonnée assimilable à du capital. Il sera proposé aux entreprises marocaines de façon jumelée avec un crédit bancaire sur une durée plus longue que la dette senior, et ce, dans le but d’inciter les entreprises à réaliser leurs investissement en levant les contraintes en fonds propres. Ce produit présente un certain nombre d’avantages. Il permet de renforcer les fonds propres et de faire levier sur la dette classique. Il présente un caractère non dilutif du capital et réduit les délais de son déploiement", conclut-il.
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Keynote 1 : “Le capital investissement, levier d’accélération du développement économique”
"Ce rendez-vous incontournable du capital-investissement est l’occasion de rappeler le rôle que joue cette activité dans la création d’un environnement propice à la croissance économique. En soutenant les entreprises et en leur fournissant des ressources financières, elle permet la réalisation de projets ambitieux, l'exploration de nouveaux marchés et le développement de nouvelles technologies.
"Le capital-investissement constitue un véhicule de financement alternatif dont le développement a été inscrit parmi les priorités stratégiques de l’AMMC.
"Au Maroc, le capital investissement voit le jour en 1993 avec le lancement d’un premier fonds d'investissement suite à la création d’une première société de gestion filiale d’une banque de la place.
"La publication de la loi relative aux OPCR en 2006 ouvre la voie au capital investissement régulé, traduisant la volonté des pouvoirs publics d’apporter l’appui nécessaire au financement des PME.
"4 sociétés de gestion d’OPCR ont ainsi été agréées entre 2010 et 2011 et les premiers OPCR, destinés à financer les PME, ont été créés entre 2012 et 2014. Malgré la mise en place d’un cadre réglementaire, assorti de dispositions fiscales avantageuses, le marché des OPCR est resté limité.
"En 2015, un premier amendement de la loi OPCR a permis d’enclencher une nouvelle dynamique du capital investissement régulé. Cet amendement avait permis d’élargir le champ de la loi auparavant limité au capital-risque et de lever la contrainte d’investissement dans les fonds propres et quasi-fonds propres des PME, remplacées dans la nouvelle loi par les entreprises non cotées. D’autres mécanismes ont été introduits pour assoir un cadre plus flexible tout en renforçant la protection des investisseurs.
"Je souhaiterais à présent partager avec vous quelques chiffres. Le capital investissement régulé ce sont aujourd’hui 13 sociétés de gestion et 11 fonds d’investissement dont 7 OPCC destinés au financement des PME ou des start-ups.
"A fin 2022, l’actif net total géré par les sociétés de gestion d’OPCC a atteint 2,3 milliards de dirhams enregistrant ainsi une hausse de 65% par rapport à 2021.
"En 2022, 3 OPCC ont levé 634 millions de dirhams de capitaux, soit plus de la moitié des montants levés par le capital investissement dans son ensemble. Les levées cumulées des OPCC/OPCR depuis leur démarrage s’établissent à plus de 4,2 milliards de dirhams dont 1,8 milliard au cours des deux derniers exercices.
"Ces chiffres démontrent l’engouement récent pour les OPCC et je suis convaincue que le nouvel amendement de la loi OPCC marquera un nouveau point d’inflexion dans le développement du capital investissement régulé. Ce projet d’amendement vise à accroître l’attractivité du cadre légal régissant les OPCC et à renforcer le rôle du capital investissement régulé dans le financement de l’économie.
"Le principal apport du nouveau cadre est l’introduction des OPCC à règles de fonctionnement allégées, dits « OPCC RFA », réservés à une nouvelle catégorie d’investisseurs dits investisseurs professionnels. Cette réforme permettra la mobilisation de nouveaux fonds en faveur du financement alternatif des entreprises marocaines, à noter aussi que les OPCC-RFA auront également la possibilité d’octroyer des prêts. D’autres dispositions visant à clarifier et assouplir les conditions d’agrément et le mode de fonctionnement des OPCC ont été introduites.
"Dans le cadre de l’opérationnalisation de la nouvelle loi, l’AMMC a inscrit dans son plan d’actions de l’année 2023 l’élaboration d’une circulaire dédiée à l’activité de gestion des OPCC. Cette nouvelle circulaire prévoit d’une part une meilleure adéquation des obligations de moyens des sociétés de gestion d’OPCC en les adaptant à la nature et à la taille de l’activité exercée, et d’autre part le renforcement de la protection des investisseurs en introduisant des dispositions relatives au dispositif de gestion des risques, et de prévention et gestion des conflits d’intérêts.
"Par ailleurs, conformément à ses actions prioritaires, et afin de fluidifier le circuit d'approbation des demandes d'agrément des OPCC, l’AMMC mettra à la disposition des sociétés de gestion d’OPCC des modèles-types de règlements de gestion des OPCC. Les projets de modèles-types, partagés avec l’AMIC pour un dernier avis, seront adaptés aux dispositions de la nouvelle loi OPCC dès sa publication.
"L’utilisation des modèles-types par les sociétés de gestion d’OPCC permettra un gain de temps important dans le processus d’agrément des nouveaux fonds. Je peux donc affirmer que le nouveau cadre réglementaire offrira un environnement propice au développement du capital investissement afin que celui-ci puisse contribuer au financement des entreprises.
"En 2021, les montants investis par les fonds de capital investissement ne représentent que 0,08% du PIB alors que chez nos voisins européens ce ratio est en moyenne de 0,74% avec des pics à 1,43% et 1,57% pour le Royaume-Uni et la Norvège respectivement. Notre principal défi à tous sera d’améliorer la participation du capital investissement au développement économique et ce, en opérant une augmentation significative de la taille de cette industrie notamment en termes de nombre d’acteurs.
"Cette année, il est prévu que l’AMMC accompagne la profession dans la dissémination des bonnes pratiques en usant de son dispositif doctrinal et ce, à travers l’élaboration et la diffusion de guides et de recommandations. L’encadrement des modalités de valorisation des actifs notamment à leur sortie des fonds, et la fin de vie des OPCC figurent parmi les thèmes qui seront traités en priorité par l’AMMC.
"De même, conformément aux engagements pris pour aligner le marché des capitaux sur les objectifs de développement durable, l’AMMC publiera un guide thématique relatif à l’intégration des critères ESG dans la gestion des OPCC.
"Pour conclure, j’espère que cette année sera celle du lancement effectif des sous-fonds du Fonds Mohammed VI pour l'Investissement qui contribuera non- seulement à stimuler la croissance économique de notre pays, mais constituera aussi un momentum à saisir par l'industrie du capital investissement en vue de son développement".
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Fettah au Private Equity : “On vous demande de vous mobiliser pour dynamiser la création d'entreprises et l'emploi”
"Le capital investissement est une véritable solution pour notre économie. Vous avez démontré que l'écosystème marocain était mature. Il est important de se poser et tracer une feuille de route", a déclaré la ministre de l'Economie et des finances.
"Notre économie a traversé trois ans de perturbations extrêmes. L'Etat a pris ses responsabilités et notre économie est résiliente. Les opportunités d'investissement sont créées. L'investissement est érigé en priorité. Pour ce faire, le gouvernement continuera de faire sa part du travail, notamment avec la Charte de l'investissement", poursuit-elle.
"La charte propose des incitations financières mais aussi une mobilisation de l'écosystème public pour favoriser et faciliter l'acte d'investir. Un investisseur a besoin de confiance et de visibilité. Nous sommes là pour ça."
Le message, c'est "entreprenez librement"
"Les stratégies sectorielles sont en train d'être déroulées. L'avènement du Fonds Mohammed VI pour l'investissement est stratégique."
C'est un moment important pour booster l'investissement dans les secteurs stratégiques. Tous les secteurs sont stratégiques. Le message, c'est 'entreprenez librement'", insiste la ministre.
"On vous demande, donc, de vous mobiliser avec nous pour dynamiser la création d'entreprises et l'emploi."
"Sur les levées de fonds, on ne peut pas être contents de notre score. Il faut expliquer, informer, dialoguer. Certaines expériences se sont mal passées par le passé, il faut avoir le courage de le dire."
"Il faut avoir cette conversation avec le capital marocain pour faire ce post mortem", recommande la ministre.
Il faut créer ces entreprises pour y investir 550 MMDH
"Le dealflow : tout le monde dit qu'il n'y en a pas assez. Mais il va falloir nous aider à les créer. Il faut créer ces entreprises pour y investir 550 MMDH", explique Nadia Fettah.
"On ne peut pas attendre de recevoir les bons dossiers, il faut aller sur le terrain."
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp31-05 Ben Ahmed : “Private Equity dans le monde 800 milliards de dollars, l'Afrique en a reçu 2 milliards”
Dans son mot d'ouverture, Hatim Ben Ahmed explique que "le nerf de la guerre c'est le fundraising et non le deal flow".
"Nous avons fait notre devoir. La grande partie des sociétés de gestion sont indépendantes. On en a environ 60 à 65%. Nous avons démontré la capacité à générer de la performance et de la liquidité. Nous cochons les cases."
"Nous discutons avec les institutionnels et certains investissent dans le Private Equity. Mais nous sommes à moins de 1% des actifs alors que le ratio moyen mondial est de 15%. Nous voulons combler ce gap et avons un environnement parfaitement favorable pour le faire."
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Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp25-05 Capital-investissement : 2022 est une année record dans le désinvestissement
Les chiffres 2022 de l'industrie du capital-investissement ont été dévoilés ce jeudi 25 mai, lors d'une conférence organisée par l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC).
Le chiffre le plus important à retenir est 914 MDH. Il s'agit du montant des investissements réalisés au cours de l'année passée. Il est en retrait de 21% par rapport à 2021, où les investissements avaient été de l'ordre de 1,15 MMDH.
En revanche, un nombre inédit d’investissements ont été réalisés avec 45 actes d’investissement, dont 27 nouvelles entreprises investies. Parmi elles, 18 concernent des entreprises en phase de démarrage, à savoir du capital-risque et capital-amorçage, notamment dans le secteur des startups.
"C’est grâce aux segments du capital-risque, Seed et amorçage, que l’on commence à avoir des opportunités. La majorité des nouveaux investissements réalisés ont été effectués par ces biais, à savoir 12 par le capital-amorçage pour un total de 23 MDH et 6 par le capital-risque pour un montant de 82 MDH", détaille Farid Benlafdil, membre du conseil d’administration de l’AMIC et directeur d’investissement d’Africinvest.
Ces montants restent modestes par comparaison avec ceux consentis dans le cadre du capital-développement. Sur ce segment, huit nouveaux investissements ont totalisé 766 MDH.
Par ailleurs, 18 opérations de réinvestissement ont été effectuées pour un montant de 53 MDH.
1,4 MMDH de dirhams suite aux sorties de capital
La conférence a également été l’occasion de revenir sur le montant record réalisé en termes de désinvestissement en 2022. En valeur, 1,4 MMDH ont été désinvestis l’an dernier, un montant en forte hausse de 58% par rapport à 2021. Cela provient de 14 actes de désinvestissement réalisés par cinq sociétés de gestion en 2022.
En cumulé, 150 actes de désinvestissement ont été réalisés depuis les débuts de l’industrie en 2000, soit un total de 7,3 MMDH. "Entre 2000 et 2022, il y a eu une hausse du ticket moyen d’investissement. Si l’on prend la moyenne du marché, nous sommes à un multiple de deux fois, donc mathématiquement cette courbe continuera d’augmenter car les tickets ont augmenté", précise Farid Benlafdil.
Il en ressort que différents modes de désinvestissement sont choisis par les sociétés de gestion. Sur la période 2017-2022, qui constitue la 4e grande phase de développement de l’industrie du capital-investissement, 39% des désinvestissements en valeur ont été effectués sur le marché secondaire, c’est-à-dire lorsque le fonds vend ses parts à un autre fonds marocain ou étranger. 18% des désinvestissements se font via IPO.
Les performances de ces désinvestissements sont également à observer. Depuis les débuts de l’industrie et les 150 désinvestissements réalisés, "nous affichons un TRI Brut de 11% et un multiple global de près de 2x. Quand on prépare un business plan, on cible toujours un intérêt brut entre 15 et 20 et un multiple entre 2x et 2,5x. Quand on compare cela avec le marché français, nous sommes aux mêmes niveaux de rendement", explique Farid Benlafdil. À noter que plus le stade d’avancement et de développement de la société est grand, plus le TRI est important. En amorçage, il se situe à 7% alors qu’il monte à 10% en développement et à 17% au stade de transmission.
La performance dépend également en grande partie du secteur investi. D’après les données de l’AMIC, à fin 2022, les secteurs de la santé, des services et du BTP sont ceux ayant rapporté les taux de rendement les plus importants, avec respectivement 27%, 18% et 14%.
Les changements attendus avec le Fonds Mohammed VI
Le président de l'AMIC, Hatim Ben Ahmed, et d’autres membres de l’organisation expliquent que l’année écoulée a été une année de développement pour le secteur, qui a accueilli quatre nouvelles sociétés de gestion :
- le fonds Capital Venture (FCV) BMCE Capital Investments ;
- le fonds Columbus 1 de REDMED Capital Private Equity ;
- le fonds UM6P Ventures de l’Université Polytechnique Mohammed VI ;
- le fonds Valoris Equity Fund de Valoris Capital Private Equity.
En termes de levées, un montant total de 1,16 MMDH a été levé par six fonds de la place.
Au-delà des résultats de l’industrie, la conférence a permis d'évoquer, avec les professionnels du secteur, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, qui sera amené à transformer l’industrie dans les prochaines années.
Le fonds est doté de 45 MMDH de fonds propres pour une enveloppe d’investissement entre 120 et 150 MMDH. Son objectif est de booster l’investissement au Maroc, notamment par le biais du capital privé. Dans cette mécanique, les sociétés d’investissement en capital auront un rôle à jouer, notamment des propositions à forte valeur ajoutée.
Farid Benlafdil explique : "Nous avons pris le cahier des charges du fonds. Ce dernier attend de nous des propositions sur les secteurs à cibler. Rien n’est figé. Il faut venir avec des idées innovantes, des secteurs (agriculture, tourisme, PME, etc.). Maintenant, ce qui est attendu de nous, c’est aussi de rapporter deux dirhams si on nous en confie un. 15 MMDH ont été mobilisés par l’État et 30 MMDH devront être mobilisés auprès du privé. Il y aura une présélection sur les sociétés de gestion sur la base de leurs réalisations et, après, une sélection finale sur la capacité de ladite société à lever des fonds auprès du privé."
Pour ce faire, le capital-investissement devra conquérir la confiance des privés. "Il va falloir pousser les acteurs du privé à aller sur cette classe d’actifs. Beaucoup de privés marocains ont accompagné l’émergence du secteur au début des années 2000, mais n’ont pas suivi les générations suivantes car c’était un secteur en progrès. L’idée est d’expliquer que les sociétés de gestion ont progressé et ont des tracks records qui plaident en leur faveur", conclut le président de l’AMIC, Hatim Ben Ahmed.